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Location de voitures. Réalités contrastées face à l’essor touristique

Malgré le dynamisme du secteur touristique au Maroc, le marché de locations de voitures fait face à une crise. Contrairement aux attentes, l’essor du tourisme n’a pas eu les effets positifs escomptés sur ce secteur, et la situation est exacerbée par l’impact du nouveau cahier des charges, entré en vigueur courant avril de cette année.  

Au Maroc, le secteur du tourisme est en plein essor, attirant des millions de visiteurs chaque année pour découvrir les multiples facettes du pays. Cependant, malgré cette augmentation de l’afflux de touristes, le marché de locations de voitures traverse une crise, défiant ainsi les attentes optimistes quant à l’impact de l’essor du tourisme sur cette industrie.

Bleka Landry Mathurin, gérant de l’agence Alim & Bleka rent car explique à cet effet, que «le secteur de la location de voitures au Maroc a récemment traversé une période creuse due à plusieurs facteurs clés. Cependant, nous observons actuellement des signes encourageants indiquant un renouveau et une évolution positive dans ce domaine crucial de l’industrie du tourisme au Maroc ». 

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Toujours selon l’expert, «il est intéressant de noter que les touristes représentent près de 30% des clients dans le secteur de la location de voitures au Maroc. Cependant, il convient de souligner que le plus gros du chiffre d’affaires est généré par les Marocains qui souhaitent se déplacer dans d’autres villes du pays ». 

En effet, l’une des raisons principales de cette crise est due à la mise en place du nouveau cahier des charges régissant le secteur de la location de véhicules, qui est entré en vigueur le 15 avril 2024, et qui a eu un impact majeur sur l’industrie. Conçu pour améliorer la qualité des services et renforcer la protection des consommateurs, ce cahier des charges a imposé de nouvelles normes et exigences aux agences de location. Cela inclut des règles plus strictes en matière de maintenance des véhicules, d’assurance et de transparence des tarifs.

Une réalité ressentie par plusieurs professionnels. Bleka Landry Mathurin explique que « l’un des principaux défis auxquels le secteur de la location de voiture au Maroc est confronté est le nouveau cahier des charges très contraignant imposé aux acteurs du secteur. Ce cadre réglementaire strict a entraîné des difficultés pour les entreprises du secteur, les obligeant à s’adapter rapidement pour rester compétitives sur le marché ».

Si ces mesures sont louables dans leur objectif de professionnaliser le secteur et d’assurer la sécurité des usagers, elles ont néanmoins accentué les difficultés pour les petites agences de location de voitures. Beaucoup d’entre elles, incapables de se conformer aux nouvelles normes sans support financier adéquat, ont dû fermer leurs portes ou réduire considérablement leur activité. Cela a accentué la concentration du marché entre les grandes compagnies, réduisant ainsi la diversité des offres et augmentant potentiellement les prix pour les consommateurs.

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Sur un autre volet, le gérant de l’agence Alim & Bleka rent car explique « en outre, la concurrence dans le secteur de la location de voitures devient de plus en plus féroce, ce qui place une pression supplémentaire sur les acteurs du marché pour innover et offrir des services de haute qualité pour attirer et fidéliser les clients ».

En effet, la concurrence féroce entre les acteurs du secteur a également contribué à la crise actuelle. Les grandes compagnies de location de voitures se livrent une bataille acharnée pour attirer les clients, en offrant des promotions agressives et en réduisant les marges bénéficiaires. Cette situation a entraîné une pression financière supplémentaire sur l’ensemble du marché, poussant certaines entreprises au bord de la faillite.

Un autre défi majeur explique Bleka Landry Mathurin, «est le manque de protection adéquate en cas de problèmes rencontrés avec les clients lors de la location de voitures ». Ce manque de soutien peut non seulement nuire à la réputation des entreprises du secteur, mais également dissuader les clients potentiels de choisir la location de voitures comme moyen de transport.

Il explique que « le processus de résolution des problèmes et des litiges dans le secteur de la location de voitures au Maroc peut parfois être long et fastidieux, ce qui peut entraîner des frustrations pour les clients et les entreprises ».

Malgré ces défis, il est encourageant de constater que le secteur de la location de voitures au Maroc est en train de bouger et de s’adapter à ces nouveaux enjeux. Les acteurs du secteur travaillent activement pour améliorer la qualité de leurs services, renforcer la confiance des clients et s’aligner sur les normes et réglementations en vigueur.

Des voix se sont aussi élevées pour demander des mesures d’urgence visant à soutenir les petites agences de location de voitures et à stimuler l’innovation dans le secteur. Certains suggèrent des incitations financières pour encourager la modernisation des infrastructures et la diversification des offres, tandis que d’autres appellent à une révision des réglementations pour mieux prendre en compte la réalité des petites entreprises.

En fin de compte, la crise du marché de locations de voitures au Maroc met en lumière les défis auxquels sont confrontés les secteurs en pleine croissance dans un contexte de mutation réglementaire. Alors que le secteur du tourisme continue de prospérer, il est essentiel de trouver un équilibre entre la régulation nécessaire pour assurer la qualité des services et la flexibilité indispensable pour favoriser l’innovation et la diversité des offres.

 
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