Mafoder, une PME marocaine qui fournit les plus grands constructeurs de pompes européens en pièces d’usure [Vidéo]
Mafoder Group est une PME familiale marocaine spécialisée dans la fabrication de pièces à forte valeur ajoutée pour les secteurs de l’industrie, de l’aménagement urbain et du bâtiment. Membre de la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électro-mécaniques (FIMME), Mafoder Group est considérée comme leader de la fonderie au Maroc?
Pour la petite histoire, l’aventure familiale de Mafoder (acronyme pour la « Marocaine de la Fonderie ») a démarré dans un petit atelier en 1985 avec une charpente en bois sur le Boulevard de la Résistance à Casablanca après le rachat des équipements d’une fonderie en faillite en Belgique. Le but à l’époque était de fournir les pièces de fonderie pour les moteurs diesel de l’usine familiale Smadia, fabriqués sous licence anglaise et destinés au secteur de l’agriculture. Néanmoins, l’objectif de fabriquer un moteur à 100 pc marocain était vite devenu irréaliste face à un marché local de plus en plus étroit du fait de l’électrification rurale croissante et de l’ouverture des frontières à l’importation des moteurs. Il faillait alors se réinventer.
L’instinct du management l’a orienté loin de la production de grandes séries. La fonderie Mafoder s’est concentrée sur la production de petites et moyennes séries à forte valeur ajoutée. Un pari réussi dès le début des années 1990 avec la concrétisation des premiers contrats cadres signés avec l’ONCF, l’ONEE ou encore l’OCP ; puis progressivement avec une centaine de clients triés sur le volet au Maroc et dans 15 pays principalement en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique de l’Ouest pour des secteurs comme les phosphates, le dragage, les mines, les cimenteries, les sidérurgies ou encore les sucreries.
Difficile d’imaginer qu’à l’intérieur de ces hangars en bordure de la métropole, une entreprise industrielle sous une charpente de 12 mètres de hauteur travaille à fabriquer des pièces de très haute technicité. Plusieurs ateliers s’étendent sur une superficie de 8 000 m2. Sur des voies à rouleau, des mottes en sable sont remplies par du métal en fusion à plus de 1450 degrés. L’empreinte des moules est formée par des modèles en bois qui sont fabriqués avec un savoir faire rare dans un atelier adjacent. Les pièces une fois coulées et refroidies sont envoyées dans un atelier de traitement thermique puis d’usinage pour les finir selon spécifications des clients. Partout, la sécurité est prise très au sérieux. On ne joue pas avec le feu lorsqu’on manipule du métal liquide ou des pièces pesant jusqu’à 6 tonnes.
Mafoder compte des réalisations exceptionnelles à son actif, comme par exemple la fabrication de plus de 80 moteurs électriques pour locomotives pour le compte de l’ONCF en remplacement de leurs moteurs du fabricant japonais Hitachi ou encore la fabrication d’éléments de pompes livrés à des clients finaux en Australie, au Bangladesh ou encore en Thaïlande.
Lire aussi | Annoncée mi-janvier dernier, la prise de contrôle du groupe Timar par le groupe Clasquin actée
En 2018, Mafoder a fabriqué la première pompe centrifuge 100% marocaine co-développée avec l’OCP. Depuis 2020, Mafoder a réussi le challenge jusqu’ici impensable au Maroc de développer une gamme de pompes centrifuges complètes qu’ils ont nommée « FARAS » – 50 pompes complètes ont déjà été livrées au groupe Managem pour équiper leurs sites miniers. C’est bien la première fois que le rêve des ingénieurs et techniciens marocains de fabriquer des pompes industrielles locales se réalise au Maroc. « Notre force majeure réside en notre capacité à exécuter et livrer dans des délais très courts grâce à notre organisation efficiente, à notre intégration verticale sur toute la chaîne de valeur de la pièce de fonderie et à notre bureau d’engineering qualifié », fait savoir Ibrahim Slaoui, Président de Mafoder.
Fort de sa maîtrise progressive du métier de la fonderie, Mafoder lance dès 1992 l’activité « Voirie et Réseaux Divers (VRD) » en fonte ductile, matériau très innovant à l’époque, dont les produits ont équipé et continuent d’équiper les chantiers d’aménagement urbain de référence au Maroc. La plupart des pièces de voirie installées au Maroc ont d’ailleurs été conçues par le bureau d’etudes de VRD de Mafoder qui a développé et breveté un grand nombre de fonctionnalités sur ses tampons afin de réduire le vandalisme et répondre aux problématiques d’exploitation des maitres d’ouvrages.
Depuis les années 2000, Mafoder a naturellement poursuivi sa diversification sur des solutions en béton préfabriqué pour les réseaux d’assainissement, les réseaux secs et l’éclairage public ; le mobilier urbain en acier et en béton puis enfin les façades en béton décoratif à base de fibre de verre.
Lire aussi | Afrique. Investir dans la licence sociale d’opérer, un impératif pour les entreprises [Par Kwame Senou]
Mafoder Prefa voit le jour en 2003. Depuis, cette nouvelle entité de Mafoder Group a réalisé le mobilier des stations du tramway des deux premières lignes en 2012 et en 2018. Plus récemment, en 2022, c’est du mobilier urbain en béton et des panneaux de façade de bâtiments en GRC ou béton architectonique qui ont été installés à l’Université UM6P. La démarche est de collaborer avec des architectes et des paysagistes pour créer des espaces de vie urbains qui sont durables, esthétiques et qui favorisent l’interaction sociale.
Le Group n’a pas à s’inquiéter de sa relève; celle-ci est bien assurée par la 3ème génération, Hamza et Kenza Slaoui, qui ambitionnent aux côtés d’équipes dynamiques et motivées de porter Mafoder au rang de grand groupe industriel de référence au Maroc et sur ses marchés à l’export.
Quoi de neuf pour Mafoder ?
Mafoder est en discussions avancées avec un fabricant de pompes de rang mondial pour l’approvisionner en pièces d’usures auprès de près de ses 150 sites de ventes dans le monde, depuis les Amériques jusqu’à l’Océanie. Par ailleurs, le groupe poursuit son développement et sa diversification sur ses pôles d’aménagement urbain et de façades ainsi que son développement en Afrique via la création d’une filiale à Abidjan en 2019.