Social

Marché du travail au Maroc : pourquoi ça coince

Autant l’OCDE loue la solidité des équilibres macro-économiques et des principaux agrégats au Maroc, autant son nouveau rapport soulève avec force la persistance de la problématique de l’emploi, qui constitue le véritable talon d’Achille de l’économie nationale.

«Le Maroc bénéficie d’un régime macroéconomique stable, le déficit est en train de se réduire après la pandémie et la crise de l’énergie, et le ratio de dette publique avoisine 70 % du PIB». Voilà ce qui peut rassurer en partie les décideurs marocains, après la présentation, mercredi 11 septembre à Rabat, du rapport «Études économiques de l’OCDE : Maroc 2024».

D’après les auteurs du rapport, le Maroc est sur la voie de la reprise après les multiples chocs négatifs qu’il a subis au cours des dernières années, dont la pandémie de COVID-19, puis la flambée des prix des produits alimentaires et de l’énergie, la sécheresse récurrente et le tremblement de terre d’Al Haouz en 2023.

Un marché du travail à la traîne

Néanmoins, le fonctionnement du marché du travail «a laissé à désirer pendant la reprise». Les taux d’emploi et d’activité sont restés sur une trajectoire descendante, qui avait été accentuée par le dernier fléchissement de l’activité économique.

Lire aussi | Le Maroc et l’OCDE signent un protocole d’accord axé sur les nouvelles priorités stratégiques

Le taux d’activité des femmes est demeuré exceptionnellement bas, à 19 %, en 2023, alors que celui des hommes s’est établi à 69%, malgré une hausse temporaire observée pendant la pandémie.

L’atonie du marché du travail renvoie automatiquement à l’accentuation de la problématique de l’emploi, qui semble résister à toutes les solutions envisagées ou appliquées par les gouvernements successifs.

Selon l’OCDE, le Maroc fait face à un défi de création d’emplois suffisant pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail. Chaque année, entre 400 000 et 450 000 personnes rejoignent ce marché, mais la création nette d’emplois a rarement dépassé les 110 000 postes annuels en moyenne, depuis 2000.

Lire aussi | Chômage des jeunes diplômés : l’employabilité, le nœud et la solution

Cette situation est aggravée par une faible flexibilité de l’emploi par rapport au PIB, car les emplois créés se concentrent dans des secteurs à forte productivité, comme l’industrie et les services, au détriment de certains secteurs comme l’agriculture.

Le chômage des jeunes interpelle

Le taux de chômage au Maroc reste élevé, particulièrement chez les jeunes (35,8% des 15-24 ans en 2023). Ce phénomène est amplifié par les difficultés d’insertion des jeunes diplômés, qui doivent souvent accepter des emplois en inadéquation avec leur niveau de formation.

Le chômage touche principalement les femmes (18,3% contre 11,5% pour les hommes) et les habitants des zones urbaines. Environ un quart des Marocains âgés de 15 à 24 ans sont sans emploi ni en formation, ce qui représente un important gaspillage de potentiel humain.

Lire aussi | Affaire Chaabi Bank : BCP dément toute condamnation

Le rapport fait remarquer qu’une part importante de la population active au Maroc travaille dans l’économie informelle, qui est souvent associée à des emplois de faible qualité, sans protection sociale et avec des salaires bas, particulièrement dans les zones rurales.

Selon l’OCDE, il existe toujours un important décalage entre les compétences des diplômés et les besoins du marché du travail. Ce décalage est notamment observé dans les secteurs techniques et technologiques, où les entreprises peinent à recruter des travailleurs qualifiés. Cette inadéquation contribue à l’augmentation du sous-emploi et à la frustration des jeunes diplômés, exacerbant leur désir d’émigrer.

In fine, la situation de l’emploi au Maroc restera en l’état tant que les pouvoirs publics n’apportent pas de réponses à des questions longtemps en suspens : nombre de créations d’emploi, inadéquation des compétences, taille de l’économie informelle et inégalités régionales.

 
Article précédent

La météo du jeudi 12 septembre

Article suivant

Reportage. Le béton redessine l’Atlas, un an après le séisme