Maroc-France : pourquoi Emmanuel Macron doit se mettre à l’écoute de S.M le Roi Mohammed VI
À la veille de la visite d’État d’Emmanuel Macron au Maroc (du 28 au 30 octobre), un rapide rappel des succès du Royaume sous le règne de S.M le Roi Mohammed VI nous a semblé utile… pour la France, histoire d’inciter le Président français à se mettre à l’écoute d’un souverain qui engrange les réussites depuis un quart de siècle.
Aucun pays d’Afrique ne suscite à notre époque une admiration comparable à celle portée au Maroc par les élites françaises éclairées et attentives au devenir du Continent. Par exemple, c’est Étienne Giros, président du CIAN (Club français des investisseurs en Afrique) qui déclare à notre média, dès 2019 : « C’est désormais aux Français d’aller voir les Marocains pour s’inspirer de leur stratégie panafricaine ». Cette admiration partagée par de plus en plus de dirigeants français se fonde sur des réalités, des réussites patiemment construites avec vision et persévérance depuis un quart de siècle.
Infrastructures et filières industrielles performantes
Depuis donc l’avènement de SM le roi Mohammed en 1999, et sous son impulsion, le Maroc a investi massivement dans ses infrastructures : le port de Tanger Med, vite devenu le premier port à conteneurs d’Afrique, et la ligne à grande vitesse reliant Tanger à Casablanca, première LGV du continent, en sont des exemples connus, de même que l’extension du réseau autoroutier, aujourd’hui porté à 2 000 km.
En matière d’énergie, le Maroc s’est aussi engagé dans une politique ambitieuse de transition énergétique, avec des réalisations comme la centrale solaire Noor de Ouarzazate, l’une des plus grandes au monde, et maintenant l’ambitieux projet Power-to-X de production et d’exportation de l’hydrogène vert.
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Le Royaume a aussi su créer ex nihilo deux filières industrielles performantes : l’aéronautique, née en 2005 d’une première co-entreprise entre la française Safran et la Royal Air Maroc, compte aujourd’hui quelque 150 entreprises et 20 000 emplois directs ; la filière automobile, née de l’implantation en 2012 de l’usine Renault à Tanger Med, est devenue dès 2014 le premier poste d’exportation du Maroc, surpassant les phosphates, traditionnellement la première ressource exportée du pays.
Elle compte aujourd’hui 220 000 emplois directs et a produit 350 000 véhicules en 2023.
Des réformes politiques et sociales significatives
Au-delà de l’économie, le Royaume alaouite, du nom de la dynastie régnante depuis le XVIIe siècle, a aussi réalisé de profondes réformes concourant à la modernisation sociale et politique du pays : la Réforme de la Constitution (2011) a renforcé les institutions démocratiques du Maroc et élargi les pouvoirs du Parlement et du gouvernement, tout en conservant un régime monarchique et actant une décentralisation et régionalisation avancée ; création en 2004 de l’Instance Equité et Réconciliation (IER) et réforme la même année du Code de la famille (Moudawana), établissant une égalité juridique entre hommes et femmes dans plusieurs domaines ; Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH, 2005), programme national destiné à lutter contre la pauvreté, l’exclusion sociale et les inégalités ; mesures favorisant l’éducation des filles (Plan, Programme et Loi-cadre sur l’éducation de 2000, 2008 et 2019) ; en 2021, lancement d’une grande réforme visant à étendre la protection sociale à l’ensemble de la population marocaine, d’ici à 2025 ; etc.
Succès diplomatiques pour le Sahara marocain
Le Royaume a également engrangé d’importants succès diplomatiques concernant la reconnaissance de la marocanité du Sahara. Sujet considéré « existentiel » pour le Royaume, popularisé à l’échelle mondiale par la Marche verte organisée sous SM Hassan II le 6 novembre 1975 – symbole de l’unité nationale, elle demeure une source de fierté patriotique au Maroc –, le « Sahara marocain » est aujourd’hui reconnu par 48 pays dans le monde (dont 26 en Afrique, et en constante augmentation), soit explicitement, soit implicitement en soutenant le plan d’autonomie proposé par le Royaume – ce qui est le cas de la France depuis 2007, position réaffirmée et renforcée par la déclaration d’Emmanuel Macron du 30 juillet 2024, à l’occasion de la Fête du Trône, précisant que « l’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue ».
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Plusieurs autres pays européens soutiennent le plan d’autonomie proposé par le Maroc, ainsi que plusieurs États arabes, comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, la Jordanie. Mais ce sont les États-Unis qui représentent le soutien le plus achevé : en décembre 2020, l’administration Trump a en effet officiellement reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
L’inventivité stratégique et diplomatique du Maroc
Mais le Maroc se distingue aussi par une inventivité diplomatique et stratégique sans pareille, la dernière en date étant l’Initiative atlantique proposée par SM Mohammed VI en août 2022. Elle s’inscrit dans une démarche de coopération sud-sud accrue entre les pays africains riverains de l’Atlantique, mais vise aussi à désenclaver les pays du Sahel en leur proposant un corridor logistique d’accès à la mer. Le futur gazoduc Nigeria-Maroc, qui desservira 13 pays côtiers, peut être considéré comme une première concrétisation stratégique de cette Initiative qui, comme le gazoduc, pourrait s’étendre jusqu’à l’Europe atlantique… Ce qui serait une belle illustration de la métaphore devenue légendaire de feu SM Hassan II : « Le Maroc est comme un arbre dont les racines s’enfoncent profondément en Afrique, et dont le feuillage s’épanouit en Europe ».
Une République abîmée, un Royaume en marche
Tous ces succès fondent l’admiration – ou pour le moins forcent le respect – de certaines élites françaises. Mais, pour devenir plus nombreuses que jamais, elles n’en restent pas moins encore minoritaires, et la perte d’influence de la France à Bruxelles – symbolisée notamment par l’abandon de l’usage du français, pourtant langue officielle de travail, qui est étouffée par le tout-à-l’anglais imposé illégalement par la présidente de la commission Ursula von der Leyen, qu’Emmanuel Macron laisse faire sans réagir – sera un point de faiblesse pour faire évoluer positivement l’Union européenne, dont les centres d’intérêt sont toujours plus décentrés vers l’hinterland allemand de l’Est, au détriment des pays partenaires de la Méditerranée et de l’Afrique – symbolique, à cet égard, est par exemple l’entrave que constitue un jugement récent de la Cour européenne de justice (CJUE) au renouvellement des accords de pêche Maroc-UE, échus depuis juillet 2023, mais à ce jour non renouvelés au motif invoqué par la CJUE qu’il faudrait pour cela l’accord du « peuple sahraoui » (sic) !
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Lors de son voyage historique au Québec en juillet 1967, Charles De Gaulle n’a pas seulement crié son célèbre « Vive le Québec libre ! » depuis le balcon de l’Hôtel de ville de Montréal. Il a aussi déclaré : « Un jour, c’est la France qui aura besoin du Québec ! » Il suffit aujourd’hui de remplacer le mot « Québec » par « Maroc » pour toucher du doigt les réalités nouvelles qui nous concernent. Ainsi, on joue désormais à fronts renversés au regard de l’histoire du déjà lointain XXe siècle : aujourd’hui, c’est à la France d’apprendre du Maroc. C’est à une République déliquescente, court-termiste et abîmée par trop d’ambitions et calculs politiciens personnels d’apprendre d’une monarchie qui s’est révélée capable de faire émerger un État-stratège inventif, se projetant dans le long terme, réussissant dans ses ambitions légitimes économiques et sociales et, au plan international, s’affirmant comme un catalyseur de l’émergence de l’Afrique. Voilà pourquoi nous admirons le Royaume alaouite.
Un autre retournement de l’histoire entre le Maroc et la France est d’ordre personnel, mais tout aussi important : il y longtemps que SM Mohammed VI n’est plus le jeune roi qui écoutait avec attention et respect l’ancien et devenu sage Président Jacques Chirac, avec lequel il avait lié une forte amitié…
C’est maintenant à l’occupant intérimaire en quasi-fin de bail de l’Élysée, diminué et dévalué par ses propres erreurs et arrogances, d’écouter avec attention, respect et modestie SM Mohammed VI, souverain accompli qui engrange les succès depuis un quart de siècle.
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Car si cette visite d’État a pour objectif de relancer les relations bilatérales franco-marocaines que l’on nous dit promises au plus bel avenir, rien n’est jamais acquis d’avance…
Une attitude modeste de la part du président français nous paraît ainsi la seule apte à ouvrir une perspective de long avenir, irréversible, au partenariat stratégique refondé entre la France et le Maroc.
Par Alfred MIGNOT, Directeur de AfricaPresse.Paris (APP)