Maroc-USA : Quel impact avec un nouveau scénario Trump
Le débat avec Biden et la récente tentative d’assassinat à laquelle il a échappé ont propulsé le candidat Trump sous les feux de la rampe politique. Très proche d’une probable réélection, le trumpisme semble avoir des externalités positives pour Rabat. Décryptage.
« Je suis soulagé d’apprendre que vous êtes sain et sauf. » C’est par ces mots de sympathie que le Souverain a exprimé sa solidarité à l’ex-président américain Donald Trump, après que ce dernier a été visé par des tirs samedi 13 juillet lors d’un meeting électoral en Pennsylvanie. « Mes pensées et mes prières vous accompagnent, Monsieur le Président, ainsi que votre famille et les victimes innocentes de cet acte déplorable », conclut le message. Pour beaucoup d’observateurs de la diplomatie Maroc-US, ce message témoigne de la qualité de la relation entre le Souverain et l’ex-président en course pour un autre mandat. Rappelons d’ailleurs que c’est sous son mandat qu’a été signée, en décembre 2020, la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les États-Unis, ce qui a permis d’amorcer un tournant majeur dans ce dossier clé pour le royaume.
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Au-delà de Donald Trump, le symbolisme empathique de ce message met en lumière également la solidité de la relation entre le Maroc et les États-Unis, qu’elle se poursuive sous un mandat républicain ou démocrate, comme le montrent les nombreux programmes de coopération économique et militaire entre les deux pays, sans oublier la non-remise en cause de la décision de Trump de reconnaître la souveraineté du royaume sur ses régions du sud. Une coopération qui avait été plébiscitée par State Magazine, où Puneet Talwar, ambassadeur américain à Rabat, décrit le Maroc comme un partenaire « très fiable », avec lequel « les États-Unis entretiennent un partenariat profond, riche et multiforme ».
« Le Maroc et les USA ont su construire de multiples domaines de coopération sur le plan sécuritaire qui s’articulent autour des principes de lutte contre toutes les formes de déstabilisation, tant en interne que dans toute la région. Cela se présente sous la forme de missions spécifiques assurées par le Maroc, tant à l’intérieur de son territoire que dans toute la région du Maghreb et en Afrique », nous confie Driss Aissaoui, analyste politique et économiste.
Plus proche avec le retour de Trump
« Le Royaume du Maroc ne pourra envisager l’avenir de ses relations de coopération avec les USA qu’avec un maximum d’optimisme durant les années à venir si une candidature de Trump venait à passer », alerte l’expert. Et de poursuivre : « Il faudra garder à l’esprit que les grandes avancées que le Maroc a pu inscrire dans le dossier du Sahara sont à mettre au crédit de la période du président Trump qui a ouvert la voie à d’autres pays pour ouvrir des représentations consulaires dans les provinces sahariennes. La mise en pause de l’ouverture du consulat américain à Dakhla, depuis l’arrivée de l’administration Biden, tient au fait que les Démocrates ont des préoccupations qui ne sont pas toujours en phase avec les intérêts à long terme du Royaume du Maroc », précise l’expert. Il semblerait que l’arrivée de Trump pourrait résoudre le problème de l’absence d’un consulat américain à Dakhla.
Les accords d’Abraham, l’héritage trumpiste !
La signature des Accords d’Abraham entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn, le 15 septembre 2020, a été accueillie comme un changement de paradigme pour la région. Il s’agit en effet de l’un des premiers traités de paix (les autres étant ceux avec l’Égypte en 1979 et la Jordanie en 1994) signés entre Israël et deux de ses voisins arabes. Pour beaucoup d’observateurs des relations internationales, ce deal est considéré comme la véritable prouesse de l’administration Trump, surpassant en termes d’impact diplomatique les accords d’Oslo de 1993.
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« Les Accords d’Abraham sont une révolution pour le Moyen-Orient et transforment à tout point de vue la manière de négocier la paix israélo-arabe. Tout d’abord, la négociation par l’équipe de Jared Kushner était grandement inhabituelle puisqu’elle était conditionnée à du donnant-donnant. Si l’on compare les Accords d’Abraham aux Accords d’Oslo, on relève que la temporalité, la méthodologie, le contenu des échanges et la rapidité du processus ont nettement favorisé les diplomaties arabes, habituées aux négociations par étape sur le temps long, face à des administrations américaines craintives et inflexibles. Lors d’un entretien avec l’Ambassadeur américain Martin Indyk, chargé des négociations entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, celui-ci m’avait notamment indiqué qu’avec un autre Président que Donald Trump, les Accords d’Abraham n’auraient jamais été signés », nous confie Yasmina Asrarguis, spécialiste du Moyen-Orient.
Et d’ajouter : « Par ailleurs, la phase d’implémentation des Accords d’Abraham relève du concept de « warm peace/ paix chaude », contrairement aux paix froides israélo-égyptiennes ou israélo-jordaniennes. Les peuples des Accords d’Abraham ne se sont pas fait la guerre directement. La paix d’Abraham est donc fondée sur l’amitié entre les peuples afin de développer une nouvelle économie régionale au sein de laquelle Israël deviendrait un partenaire à part entière. Ainsi, alors que les Accords d’Oslo appelaient à baisser les armes et reconnaître l’existence légitime de chacun des partis, les Accords d’Abraham misent sur le facteur humain et la création de liens israélo-arabes afin d’instaurer une nouvelle géopolitique régionale. »