Médicament : quand le Maroc allège encore les prix…
Afin d’alléger le fardeau de la cherté de la vie sur les familles, le gouvernement au travers du récent projet de loi de finances 2024 a activé la baisse du taux de la TVA sur certains produits clés.
Pour la petite histoire, la Commission parlementaire avait publié, en 2009, un rapport sur la situation des prix des médicaments au Maroc, concluant à la cherté des médicaments au Maroc par rapport à la Tunisie et la France. Une étude du conseil de la concurrence parue en 2011, avait également pointé du doigt le secteur en révélant l’absence de concurrence dans les domaines des médicaments de la cancérologie, de l’hépatologie, et de celui de l’insuline.
L’étude indiquait aussi que 66% des médicaments sont soumis à cette taxe, un taux plus élevé que dans de nombreux pays. A titre d’exemple, des pays comme l’Arabie Saoudite, le Royaume Uni, la Suède, n’appliquent pas de taxe sur les médicaments. Suite à cela, le 8 avril 2014, de nouveaux prix concernant certains médicaments on vu le jour. Quelques années après, le gouvernement décide de poursuivre sa dynamique sociale, avec l’exonération de la TVA à tous les médicaments. L’arrêté du ministère de la Santé relatif à cette mesure a été publié au Bulletin officiel daté du 1er janvier, mais n’a été mis en ligne que ce mardi 9 janvier 2024.
Lire aussi | Secteur IT. Les développeurs, data scientists et ingénieurs en cybersécurité très demandés en 2024
Dans le détail, cette mesure vise à opérer une baisse des prix des médicaments soumis initialement à une TVA de 7% en les exonérant de cette taxe, au Maroc et à l’importation, afin de réduire les dépenses médicales et améliorer l’accès des citoyens aux traitements essentiels. Même si d’un regard d’optique cette mesure parait intéressante pour les couches sociales à la lumière du contexte conjoncturel, dans le privé la tension est monté d’un cran.
Dans une récente note, la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques (FMIIP) n’a pas manqué de montrer son désaccord. Selon la FMIIP, ladite mesure impactera directement le coût de production de 20% des établissements pharmaceutiques industriels d’autant plus qu’elle ne pourra pas être répercutée sur les prix publics de vente, qui sont fixés par décret. De surcroît, cette mesure constituera, aux yeux des industriels, une menace à la compétitivité des produits pharmaceutiques fabriqués localement (78% de la consommation au Maroc en volume) et favorisera leur importation dans la mesure où elle constituera un frein à l’investissement. En conséquence, cette mesure impactera la souveraineté sanitaire marocaine alors que 800 MDH sont investis annuellement par les EPI depuis 2013, selon la position de la FMIIP rendu publique récemment.
Une industrie qui compte…
Avec un poids de 1,5% au PIB national, 53 établissements pharmaceutiques industriels (EPI) et un chiffre d’affaires annuel frôlant les 17 MMDH, l’industrie pharmaceutique constitue la deuxième activité chimique du Maroc, après celle des phosphates. Toujours selon la FMIIP, le contexte pandémique a démontré combien il est important de disposer d’un tissu industriel national, qui pourrait à tout moment mettre sur le marché des produits de première nécessité, de qualité et à des prix abordables, tout en garantissant la souveraineté nationale en matière de santé. Pour y parvenir à l’horizon 2035, la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) a préconisé le développement d’une industrie pharmaceutique et médicale locale capable d’assurer un approvisionnement continu en produits médicaux essentiels.
En vertu de ces orientations, la FMIIP prévoit, à l’horizon 2035, la réalisation par le secteur d’un chiffre d’affaires global de 80 MMDH et un accroissement du nombre des EPI pour atteindre 110 unités industrielles. Ceci représente 150.000 emplois directs et indirects avec un renforcement du budget d’investissement de recherche et développement (R&D) pour atteindre 5% du chiffre d’affaires annoncé.
Santé, un gage de survie sociale et économique
Au Maroc comme partout dans le monde, la santé, comme composante du capital humain, est l’un des secteurs fondamentaux de développement et de croissance de toute économie et qui reste au centre des préoccupations des pouvoirs publics. Selon une étude de l’OMS, un individu bien portant est économiquement plus productif et contribue ainsi à la croissance économique parce que le niveau de santé influence la productivité de chaque travailleur en affectant ainsi le progrès économique. C’est en cela que les pays développés considèrent la prestation de « soins de santé » comme un aspect important du développement socio-économique de leur pays.
Lire aussi | TVA : déclarer la liste des clients débiteurs avant le 1er mars, une formalité de trop ?
Au Maroc par exemple, sous la houlette du souverain qui a fait du social un must, le gouvernement a revu à la hausse son budget sanitaire en allouant près de 23,5 milliards de dirhams au ministère de tutelle. Ainsi, une batterie de réformes du système de la santé a été impulsée, notamment la valorisation des ressources humaines, en levant les restrictions inscrites dans la loi 131.13, en rapport avec l’exercice du métier de médecin par les étrangers au Maroc, la qualification de l’offre sanitaire, à travers la mise à niveau des établissements de soins de santé primaires (centres de santé) portant sur la réhabilitation des bâtiments, des équipements et le renforcement des ressources humaines. On a également le renforcement de l’offre hospitalière au travers de la réhabilitation des hôpitaux, avec un budget annuel de 1 milliard de dirhams à l’horizon 2025, pour renforcer les capacités hospitalières en équipements et matériels biomédicaux,