MFM-Décryptage : Le surpeuplement carcéral, une responsabilité commune…
Etre très proche de l’actualité nationale et internationale. En parler dans un langage simple, compréhensible pour tous les citoyens, sans pour autant tomber dans le piège de la banalisation et du populisme. Tel est le défi relevé, chaque semaine, dans le rendez-vous de l’émission Décryptage, à la radio MFM, le dimanche matin.
En ce mois d’août, décryptage n’est pas en vacances. Le dimanche 13, le débat commence par la situation des prisons au Maroc. Le communiqué de la Délégation générale de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion (DGAPR) a fait beaucoup de bruit. Ont réagi à ce communiqué la Ligue marocaine des magistrats (LMM) et le ministère public (MP). Le « surpeuplement carcéral » est devenu très difficile à gérer, source de dysfonctionnements et de risques en matière de sécurité. Par son communiqué, la DGAPR a voulu tirer la sonnette d’alarme. Dans un langage clair, l’équipe de Décryptage décortique les positions des uns et des autres, sans langue de bois. Deux principaux facteurs seraient à l’origine de ce « surpeuplement carcéral » : la détention préventive qui représenterait, en moyenne annuelle, 40% de la population carcérale, et l’absence dans le droit pénal en vigueur de sanctions pénales alternatives à la privation de liberté. En fait, comme l’a souligné, au cours de l’émission, Hicham Mellioui, expert en droit pénal et professeur à l’Université Ibnou Tofaïl, à Kenitra, la question du « surpeuplement carcéral » est une « responsabilité commune ». C’est d’ailleurs l’une des principales conclusions du Conseil national des droits de l’homme, dans son rapport de 2012, sur l’état des prisons, au Maroc. Conclusion constamment reprise par l’Observatoire des prisons au Maroc, dans ses rapports annuels.
En fait, entre la « punition » et la « réinsertion », ce sont deux visions opposées qui coexistent, avec une priorité théorique pour la seconde, dans les discours officiels. Le projet de loi relatif aux sanctions pénales alternatives à la privation de liberté est actuellement devant le Parlement. Il en est de même de la réforme du Code pénal et du Code de procédure pénale. Ce sont là des réformes appelées à hisser le Maroc parmi les nations modernes où l’application du droit pénal se veut respectueuse de la dignité humaine et constructive en termes de réinsertion sociale. Jamal Berraoui a raison, au cours de l’émission, de rappeler le principe constitutionnel fondamental de la présomption d’innocence qui est en contradiction avec la pratique actuellement excessive de la détention préventive, synonyme de « présomption de culpabilité ». Le pouvoir discrétionnaire du juge pénal est aussi un facteur de risques méritant un renforcement de l’encadrement procédural, avec une motivation obligatoire des décisions prises, notamment en matière de détention préventive. Dans un Etat moderne, la sanction pénale n’est plus synonyme de punition/souffrance/vengeance collective, comme l’a si bien souligné Khomsi, dans son intervention.
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Après ce thème principal, actuellement fortement médiatisé, l’équipe de Décryptage a décortiqué l’actualité. Ainsi, la tendance inflationniste ne semble pas se calmer. Avec la prochaine rentrée scolaire, les prix des fournitures scolaires ne devraient pas y échapper. Le « gouvernement social » devrait être vigilant et préparer des mesures urgentes en faveur des ménages modestes, mais aussi des classes moyennes, de plus en plus appauvries. Khomsi rappelle, de sa part, que la réhabilitation de l’école publique devrait être une priorité urgente. Une école publique de qualité, en tant qu’ascenseur social, est le seul garant de l’espoir et de la justice sociale. C’est le meilleur moyen de lutte contre la pauvreté et contre les inégalités structurelles. Mehdi Fakir envoie un signal à travers sa lecture de la note d’orientation du projet de loi de finances de l’année 2024. Le gouvernement dit social semble préoccupé uniquement par les équilibres macroéconomiques.
La réforme fiscale, entamée en 2023, a profité principalement à l’entreprise. Cette réforme semble ignorer l’axe afférent à l’équité fiscale, principe consacré par la Constitution dans l’article 39. D’après les déclarations officielles de Fouzi Lakjaâ, qui garde un pied sur le ballon rond et l’autre sur le budget de l’Etat, les prochaines réformes fiscales vont concerner principalement la TVA. Or cet impôt est bien connu pour son caractère injuste et aveugle. Réduire le nombre de taux en haussant le taux de 7% à 10%, et le taux de 14% à 20%, pour ne garder que deux taux (10% et 20%), c’est tout simplement affaiblir encore plus le pouvoir d’achat et aller ouvertement à l’encontre de l’Etat social. Par contre, la baisse des taux en matière d’IS, au profit des entreprises, n’a guère favorisé l’investissement privé qui demeure faible. C’est que, généralement, le secteur privé au Maroc est gangrené par la rente et les activités spéculatives. De son côté Jamal Berraoui rappelle que malgré la décision d’augmentation officielle du SMIG, les salariés concernés, aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public, n’ont encore rien vu. Alors comment lutter contre le chômage ? Comment réduire la pauvreté ? Avec quelles ressources financer les grands chantiers de la généralisation de la protection sociale et de la réforme des systèmes de santé et d‘éducation ? Que faire pour que les régions puissent devenir de véritables acteurs de développement ? (…).
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Autant de questions qui se bousculent dans la tête des citoyens, appelées à être exprimées à haute voix, au Parlement, dans les médias, mais aussi dans l’espace public. Décryptage continue son travail honnêtement, courageusement, en décryptant, mais aussi en informant et en transmettant des messages qui devraient trouver des oreilles audibles.