Mobilité urbaine : les VTC gagnent en popularité
Sur les panneaux publicitaires, parmi les commerciaux de terrain… les VTC ont aujourd’hui carte blanche. Leur service en ville, et même entre les villes, semble être en train de façonner les modes de déplacement. Décryptage !
« Malheureusement, depuis notre lancement au Maroc il y a bientôt trois ans, nous n’avons pas eu de clarté sur l’intégration des applications comme Uber au modèle de transport existant. C’est pour cela que nous prenons la décision difficile de suspendre notre activité au Maroc », c’est sur cette note qu’un des acteurs clés des VTC, notamment Uber, mettait la clé sous la porte au Maroc il y a quelques années. Aujourd’hui, il faut croire que les opérateurs VTC au Maroc ont pu trouver leur équilibre, même si un groupe comme Yango a lui aussi failli plier bagage.
« Nous allons bouleverser le paysage au Maroc en offrant des normes de confort, de sécurité et d’accessibilité financière exceptionnelles pour répondre à la demande locale », promettait, en avril 2023, Adeniyi Adebayo, le directeur de Yango Africa, lors du lancement du service dans le royaume. Après quelques tracas avec les autorités de la ville, l’opérateur russe a pu, comme d’autres acteurs, trouver la bonne formule. In Drive, Yango, Kareem… les opérateurs de VTC ont le vent en poupe dans les grandes villes du Maroc. Sur les grandes artères de Casablanca, il est impossible de ne pas apercevoir une publicité de Yango ou In Drive. Le concurrent Yango, comme Orange Maroc, a quant à lui mobilisé une armée de jeunes commerciaux qui, sur le terrain, partagent les messages clés de la marque.
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Pas seulement dans la rue : même sur YouTube, Challenge a pu constater que les opérateurs ont acheté un espace publicitaire important en display, qui s’affiche sur chaque vidéo. Une fonctionnalité qui interrompt les vidéos pour proposer du contenu In Drive ou Yango aux internautes.
Il faut dire que cette campagne agressive des VTC fonctionne bien, puisque dans les grandes villes, l’offre de transport en taxi s’est fortement détériorée au fil des années. Par exemple, dans une grande ville comme Casablanca, aux heures de pointe, les longues files d’attente de citadins attendant les taxis pour se rendre au travail ou chez eux ne passent pas inaperçues.
Le matin, sur les grandes artères de Casablanca, les citadins sont dans une véritable course, chaque jour, au grand dam des taxis qui, eux, se frottent les mains. Aujourd’hui, le constat est amer : le client final semble pris au piège. Dans notre enquête de terrain, nous avons constaté que les citadins qui optent pour les taxis sont contraints de subir quotidiennement la loi des chauffeurs. Entre autres, les refus de destination, les croisements de trajets qui augmentent parfois le prix et le temps de la course, sans oublier les grands détours injustifiés. Dans ce chaos ambiant, l’offre des VTC semble se positionner comme une lueur d’espoir, apportant sérénité dans une société avancée où la mobilité est devenue une nécessité.
Une offre qui séduit ?
Ils sont nombreux, ces citadins qui préfèrent les VTC aux taxis. Là où, par exemple, les taximen ont une tarification à respecter et ne peuvent dépasser les limites géographiques imposées, les chauffeurs de VTC sont libres de se déplacer hors du périmètre urbain et d’effectuer des trajets inter-villes. « Je pense qu’il devient impérieux de trancher la question du secteur des taxis dans notre pays. Ces derniers ont historiquement bénéficié d’un monopole de fait pour le transport urbain et péri-urbain des voyageurs, mais le secteur a été révolutionné à travers le monde par diverses applications, qui proposent des avantages non négligeables, comme la possibilité de réserver son trajet en ligne et de bénéficier d’une certaine qualité de service », explique Hicham Alaoui, CEO d’Allianz Trade.
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Il ajoute que « ces opérateurs offrent aujourd’hui un service de mobilité qui diffère des modes de transport classiques ». Yassir, un opérateur VTC marocain, se distingue en proposant des réductions aux usagers pouvant atteindre 50 % sur la première course. Nous avons observé que, dans la plupart des cas, ces chauffeurs fidélisent leur clientèle en contournant parfois l’application. En effet, ils se proposent de réaliser diverses courses urbaines ou péri-urbaines.
Les défis… on en parle !
Toutefois, il est nécessaire de souligner que, malgré cet engouement, le secteur connaît plusieurs freins à son développement. Une étude de Sunergia, publiée en 2023, a relevé un manque de notoriété des applications auprès de la clientèle ainsi que l’absence de couverture dans certaines zones. Pour l’instant, la plupart des entreprises de transport ne sont actives qu’à Rabat, Casablanca, Marrakech et Tanger. Selon les chiffres de l’étude menée par ce spécialiste en marketing, le taux de pénétration reste très faible : seulement 4,5 % des Marocains utilisent ces services. Pour les non-motorisés, ce taux monte à 10 %. Par ailleurs, bien que le secteur soit présenté comme une alternative, il a besoin d’un cadre réglementaire clair pour encadrer ses services.
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Dans cette niche des VTC, certains opérateurs deviennent un fardeau pour les citoyens. En effet, certains conducteurs indépendants, aux heures de pointe, pratiquent une spéculation sans limite, faisant flamber les tarifs sous prétexte de la rareté des taxis rouges. Pour une course moyenne de 40 DH par jour, certains clients peuvent se retrouver à payer deux fois, voire trois fois le prix habituel. Avec In Drive, certains chauffeurs pratiquent des prix abusifs aux heures de pointe, en multipliant les tarifs par deux ou trois. De plus, certains conducteurs n’hésitent pas à faire de fausses annonces sur le type de véhicule en fonction du tarif de la course. Par exemple, pour une course « confort » censée être réalisée avec un véhicule de haute gamme, il peut arriver qu’un conducteur arrive avec un véhicule standard. Bien que l’émergence de ces acteurs facilite aujourd’hui la mobilité, il est important, comme pour les taxis, de définir un cadre réglementaire adéquat pour réguler ce secteur en plein développement.