Gestion locale

Mohamed Mhidia, le Wali qui veut transformer Casablanca !

Non loin du rond-point d’Europe, un bureau de tabac d’une quarantaine d’années n’a pas échappé au plan de réaménagement de la ville. Pas plus que les devantures débordantes de certains cafés prestigieux. C’est clair, le ménage est en marche.

Le Maroc, fort de son ambition de devenir un acteur clé sur la scène internationale, s’engage dans une transformation profonde à l’horizon 2030. Ce dynamisme s’inscrit dans le cadre de la régionalisation avancée, un processus décentralisé qui met en avant le potentiel des territoires. Ainsi, des schémas régionaux d’aménagement du territoire et des programmes de développement régionaux (PDR) ont été préparés, et le Maroc s’inscrit aujourd’hui dans une continuité affirmée de ces initiatives.

« L’aménagement de la ville de Casablanca date depuis le temps du Wali Driss Benhima. Lorsqu’on observe les actions du nouveau Wali, on voit clairement qu’il est inscrit dans une continuité », nous confie une de nos sources.

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En effet, depuis quelques semaines, les grandes rues de la “ville blanche” ont subi un véritable relooking. Pendant presque un mois, sur les grands axes de la ville, les bulldozers étaient à l’œuvre. Piétons, automobilistes, chacun a été témoin du grand coup de balai du nouveau Wali qui s’est donné pour mission de transformer la ville de Casablanca.

En un seul mois, l’on a pu observer les faits : des voies renouvelées, des chemins pour piétons impeccables. Le fait le plus marquant, et qui bien entendu envoie le signal du changement en cours, est celui du réaménagement des devantures débordantes de certains cafés et même des anciens bureaux de tabac sur les grands boulevards, qui ont fait le bonheur des citadins fumeurs.

Contactée par Challenge pour analyser cette nouvelle dynamique d’aménagement territorial, Marwa Cheikh-Youssef, architecte urbaniste et chercheuse spécialisée en développement économique et social des territoires durables, déclare : « Cette dynamique dans l’exécution des projets est incroyable, il faut le reconnaître. Aujourd’hui, quand vous allez en plein centre-ville, on voit de visu la transformation d’un grand boulevard comme Zerktouni. Sans oublier cette nouvelle harmonisation qui a mis fin au débordement des devantures des cafés qui, à mon avis, impactaient le décor de ces espaces. »

Et de poursuivre : « Le Wali et ses équipes sont inscrits dans une vision de transformation de l’espace public. Et il faut dire que dans ce genre d’opérations, l’intérêt et le confort public priment sur les quelques intérêts particuliers. »

Depuis le 19 octobre 2023, Mohamed Mhidia, qui a déjà dirigé, depuis 2007, les wilayas de cinq des douze régions que compte le Royaume (Taza-Al Hoceima-Taounate, Marrakech-Tensift-Al Haouz, l’Oriental, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima), a pris à bras-le-corps les défis de la ville de Casablanca.

L’effet Mondial 2030

La Coupe du Monde de football approche, et le monde entier aura alors les yeux rivés sur la capitale économique du Royaume. Le moment est important, et s’il est une élite qui en est convaincue, c’est bien le Wali de la région de Casablanca-Settat, Mohamed Mhidia.

« Casablanca étant le moteur de l’économie marocaine, et en même temps la vitrine, à l’aune du rendez-vous du Mondial, il y a un grand effort à faire sur le plan de l’aménagement territorial », nous précise notre source.

Et d’ajouter : « Cependant, il y a lieu de préciser que toute cette dynamique qu’on voit est le fruit d’un effort d’ensemble, notamment celui du Wali, du maire de Casablanca et également du président de la région. »

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Il faut d’ailleurs rappeler que toute cette stratégie d’aménagement s’inscrit dans le grand champ du marketing territorial. Cette discipline s’intéresse au branding des territoires.

« Le marketing territorial, lorsqu’il est bien compris, bien exécuté et bien évalué, se révèle être un levier puissant pour valoriser l’ensemble des atouts d’un territoire, qu’ils soient humains, économiques, naturels ou culturels », nous confie Hicham Echattabi, expert en marketing territorial.

Mais encore faut-il faire preuve d’intelligence collective tout en mettant en commun des compétences, des connaissances, des réflexions et des innovations pour servir une cause commune.

« L’un des aspects essentiels de cette discipline réside dans la coordination des acteurs locaux et l’implication des citoyens. Elle réunit un groupe diversifié de parties prenantes, intéressées, mais autrement dissociées ou même concurrentes, en les informant des faiblesses et des forces de la ville ou de la région, et en les tenant au courant des actions des autres. Cette stimulation de la coopération multi-acteurs conduit probablement au développement de nouveaux projets et initiatives, ainsi qu’à l’élaboration de politiques bénéfiques pour l’ensemble du territoire », affirme ce spécialiste en marketing territorial.

Ce qu’il faut bien retenir des explications de notre interlocuteur, c’est que « le marketing territorial, ou plus précisément le branding territorial, ne se résume pas à la création d’un simple slogan ou logo pour une ville ou une région, ni à la participation à des événements ou salons. Il s’agit, au contraire, d’un travail de longue haleine. »

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Au sujet du Mondial, l’expert explique : « La Coupe du Monde 2030 représente pour le Maroc bien plus qu’un simple défi sportif. Elle constitue une opportunité exceptionnelle pour renforcer son image et son identité à l’échelle mondiale, tout en consolidant une offre territoriale attractive et durable, tant au niveau national que local. Cependant, pour maximiser l’impact de cet événement, il est indispensable d’accompagner cette promotion par des stratégies de nation branding et de marketing territorial solides, tant au niveau central que régional. Ces stratégies doivent aller au-delà de la simple préparation de l’événement et s’inscrire dans un processus continu, dépassant la seule période de la compétition. Cela permettra non seulement de capitaliser sur l’événement en tant que tel, mais aussi de pérenniser ses effets en termes d’attractivité et de compétitivité territoriales à long terme.

En effet, les méga-événements, en général, sont des vitrines mondiales, mais il serait une erreur de se reposer uniquement sur cet effet temporaire. Une stratégie pérenne doit être fondée sur des actions concrètes et durables. Les pays qui aspirent à renforcer leur attractivité, que ce soit pour attirer des talents, des investisseurs, des touristes ou pour améliorer la qualité de vie de leurs résidents, doivent élaborer une offre territoriale cohérente et engageante, reposant sur des initiatives concrètes avant et après ces événements.

Il est également essentiel de bien planifier les infrastructures, tant pour l’événement que pour l’après-événement, afin d’éviter de tomber dans le piège des “éléphants blancs”, comme cela a été le cas dans certains pays. Il est donc crucial de rappeler que l’implication reste un mot clé dans les stratégies de marketing territorial et de place branding. C’est pourquoi il est indispensable d’impliquer toutes les parties prenantes, en plaçant le citoyen au premier plan.

 
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