Interview

Mohamed Sadiki : «Les subventions aux agriculteurs sont censés garantir l’approvisionnement du marché national»

Dans cette grande interview, le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Mohammed Sadiki, fait le point sur le lancement de la campagne agricole 2023-2024. Intrants agricoles, gestion de l’eau, subventions, filières agricoles, investissements…il détaille les diverses initiatives en cours visant à renforcer un secteur d’une importance capitale pour l’économie nationale.

Challenge : Votre Département vient de lancer la campagne agricole 2023-2024. Dans quelle circonstance cette dernière a-t-elle été lancée ?  

Mohamed Sadiki : Le lancement de la campagne agricole actuelle intervient dans une conjoncture très difficile, caractérisée par la campagne agricole précédente 2022/23 qui a été marquée, notamment par un déficit pluviométrique, une répartition temporelle irrégulière des précipitations. Cette nouvelle campagne fait également suite à une situation aggravée par la succession des années de sécheresse durant ces cinq dernières campagnes sans compter les faibles taux de remplissage des barrages, une conjoncture caractérisée par un renchérissement des coûts des intrants suite à la pandémie de Covid-19 et à la guerre Russo-Ukrainienne, et le tremblement de terre du 8 septembre 2023 qui a frappé Al Haouz. 

Challenge : Quelles sont les mesures et dispositions phares prises par votre ministère pour le bon déroulement de la campagne agricole actuelle ?

M.S. : Face à des défis liés notamment à la rareté de l’eau et la cherté des intrants agricoles et dans le cadre des efforts déployés pour la mise en œuvre de la stratégie Génération Green 2020-2030, le Ministère a pris une série de mesures et dispositions, en matière notamment, d’approvisionnement en facteurs de production (semences et engrais), de développement des filières agricoles, de gestion de l’eau d’irrigation, d’assurance agricole, de financement et d’accompagnement des agriculteurs afin de réussir l’actuelle campagne agricole. Ces dispositions sont renforcées par un programme exceptionnel de gestion de la conjoncture, mis en œuvre sur Hautes Orientations de Sa Majesté Le Roi Que Dieu L’assiste et qui cible les aides directes aux agriculteurs et éleveurs, notamment l’appui aux intrants pour réduire le coût de production des principales filières végétales et animales.

Concernant les semences, l’Etat poursuivra au titre de la campagne agricole 2023-2024, le soutien aux semences céréalières certifiées pour garantir la pérennité de l’écosystème de semences sélectionnées et protéger le rendement de l’ensemble des intervenants (multiplicateurs, agriculteurs et semenciers). Ainsi, le Ministère mobilise environ 1,1 million de quintaux de semences sélectionnées des céréales à des prix incitatifs, à travers la commercialisation des semences céréalières à des prix de vente subventionnés à hauteur de 210 DH/quintal pour le blé tendre et l’orge et 290 DH/quintal pour le blé dur. Le prix de vente subventionné des semences céréalières est de 400 DH/quintal pour le Blé tendre et l’orge et 620 DH/quintal pour le blé dur. L’acquisition des semences et des plants de tomate ronde et d’oignon et de semences de pomme de terre est subventionnée pour la première fois à hauteur de 50% pour réduire le coût de production et assurer la production de ces produits maraichers pour l’approvisionnement du marché national.  La politique de proximité est renforcée à travers la rationalisation du réseau de distribution et le suivi quotidien des ventes.

Pour les engrais, le marché sera approvisionné à hauteur de 600.000 tonnes d’engrais phosphatés, au même prix de la campagne précédente. Pour les engrais azotés, qui sont totalement importés, l’approvisionnement du marché national en quantités suffisantes pour environ 500.000 tonnes à des prix subventionnés de 240 DH/Ql pour l’Ammonitrate d’azote 33%, de 330 DH/Ql pour l’Urée 46% et 150 DH/Ql pour le sulfate d’ammonium 21% à travers des centres de ventes, à un prix également subventionné et ce, pour maintenir les prix à des niveaux accessibles pour les agriculteurs sur tout le territoire national. Par ailleurs, l’octroi d’aides aux analyses de laboratoire (sol, eaux et plantes) est maintenu. En matière d’assurance agricole, l’assurance agricole multirisque climatique pour les céréales, les légumineuses et les cultures oléagineuses devrait couvrir une superficie d’environ 1,25 million d’ha et la poursuite du programme d’assurance multirisques pour les arbres fruitiers devrait permettre d’assurer près de 50 000 ha.

Le programme national de semis direct des céréales sera également poursuivi sur une superficie de 200.000 ha, avec l’objectif d’atteindre 1 million d’ha à horizon 2030. Dans ce cadre, le Ministère prévoit l’acquisition et la distribution de 130 semoirs de semis direct au profit des coopératives agricoles et le renforcement de la sensibilisation et de l’accompagnement des agriculteurs pour adopter cette technique. Un programme national d’irrigation de complément des céréales est lancé dans l’objectif de contribuer à assurer et à stabiliser la production des céréales. A terme, l’objectif est d’atteindre une superficie de 1 million d’hectares avec l’allocation à terme de 1,5 milliard de m3 des ressources en eau à l’irrigation de complément des céréales. De plus, pour atténuer les effets du déficit pluviométrique important enregistré durant la campagne agricole en cours, le programme mis en place par le Gouvernement pour venir en aide aux agriculteurs et aux éleveurs, prévoit dans la composante appui aux filières animales, la distribution de l’orge subventionné et de l’aliment composé subventionné au profit des éleveurs de bovins à un prix de 2 DH/Kg et 2,5 DH/kg respectivement, à hauteur de 18 millions de Qx d’orge et 6 millions de Qx d’aliments composés.

Parallèlement à ces mesures conjoncturelles, le Ministère s’activera sur le moyen terme à rétablir progressivement les équilibres des différentes filières et à restaurer la dynamique de tous les secteurs productifs affectés par la crise, tout en poursuivant les investissements structurants visant à renforcer la résilience de l’agriculture nationale, en prenant en considération les différentes mutations, notamment celles climatiques. Pour le bon déroulement de l’actuelle campagne agricole, les services du Ministère restent mobilisés pour un suivi continu de l’évolution de la campagne agricole en coordination avec l’ensemble des parties concernées avec l’accompagnement des agriculteurs, notamment à travers les actions de proximité de conseil agricole.

Par ailleurs, il est prévu la poursuite de l’encouragement de l’investissement dans le secteur agricole en octroyant des incitations dans le cadre du Fonds de Développement Agricole (FDA) avec le maintien des incitations en vigueur et la mise en place de nouvelles aides pour la mise en œuvre de la stratégie Génération Green. Dans le cadre de la mise en œuvre de l’axe relatif à la consolidation des filières agricoles de la stratégie Génération Green, des contrats-programmes de nouvelle génération pour les 15 filières végétales et 5 filières animales ont été élaborés en étroite collaboration avec les fédérations interprofessionnelles et signés entre le Gouvernement et les fédérations interprofessionnelles des filières de production le 4 mai 2023.

Challenge : Pourquoi avez-vous décidé de subventionner la production de tomates, de pommes de terre et d’oignons, une première dans le secteur horticole ?

M.S. : Les filières maraîchères sont les activités les plus dynamiques du secteur agricole. Elles répondent aux besoins du marché national. Toutefois, ces dernières années, ces filières connaissent des difficultés liées à la sécheresse et au déficit hydrique au niveau national en plus d’une conjoncture internationale contraignante marquée par la flambée des prix des intrants, notamment les semences, les engrais azotés, le gasoil, les produits phytosanitaires etc. Ces difficultés ont impacté négativement à la fois le producteur et le consommateur comme conséquence de la baisse de la marge pour les producteurs et la flambée des prix pour le consommateur. 

Pour pallier ces difficultés, le Gouvernement, dans le cadre de la mise en œuvre des Hautes Directives Royales pour la mise en place d’un programme de soutien aux profits des agriculteurs a procédé à la signature d’une convention cadre avec les principales interprofessions concernées, et ce le 13 juin 2023. L’objectif est de réduire les effets de la sécheresse et de la conjoncture internationale sur le secteur agricole ainsi que la restauration, en général, de l’équilibre de la chaine de production agricole. Le Programme global est doté d’une enveloppe de 10 milliards de DH et concerne 3 composantes dont la protection du capital végétal et le soutien aux filières.

La mesure phare de ce programme porte sur le soutien à l’approvisionnement en facteurs de production (semences et engrais) des cultures maraichères ayant connu une hausse importante des coûts de production. En effet, l’analyse des coûts de production des cultures maraichères réalisée par le Département, a montré que les charges des semences et des engrais notamment les engrais azotés constituent la part importante des coûts de production. Cette part varie de 40 à 60% selon les cultures et les zones de production. Afin de réduire cette hausse des coûts de production touchant les légumes de base, une enveloppe de 4 milliards de DH est mobilisée dans le cadre du programme précité de soutien aux filières agricoles. Pour les engrais azotés, la subvention est à hauteur de 50% par rapport au prix du marché, à savoir, l’ammonitrate 33% au prix de 240 dirhams le quintal, l’urée 46% au prix de 330 dirhams le quintal et le sulfate d’ammonium 21% au prix de 150 dirhams le quintal. 

Pour les semences, le programme permettra d’appuyer la production maraichère, en soutenant les semences de pomme de terre à hauteur de 15.000 dirhams l’hectare pour les semences sélectionnées et 8.000 dirhams dans le cas de semences communes.  Pour les oignons, le soutien aux semences et plants s’élève à 5.000 dirhams par hectare dans le cas des semences et plants sélectionnés et de 4.000 dirhams/hectare dans le cas des semences et plants communs. Aussi, les semences de tomates rondes seront également soutenues à hauteur de 70.000 dirhams par hectare, dans le cas des semences agréées et des plants plantés sous serres et de 40.000 dirhams par hectare dans le cas des semences et plants agréés cultivés en plein champ. La finalité de toutes ces subventions accordées aux agriculteurs est d’améliorer la production et de garantir l’approvisionnement du marché national en légumes de base en quantités suffisantes et à des prix abordables pour les consommateurs.

Challenge : Au sortir de deux années de deux saisons marquées par la sécheresse, que peut-on dire des précipitations pour la campagne agricole actuelle ?

M.S. : Le début de la campagne agricole 2023/2024 a été caractérisée par des pluies précoces ayant donné l’espoir aux agriculteurs, d’autant plus que la campagne précédente s’inscrit par ailleurs dans une séquence climatique de 5 années difficiles marquées par la succession des années sèches (4 sur les 5 dernières années). Le régime pluviométrique ayant prévalu jusqu’à présent a été globalement favorable pour le développement normal des cultures d’automne. Il est particulièrement marqué d’une part, par des pluies modérées au début de la campagne. Ainsi, le cumul pluviométrique moyen national, au 20 septembre 2023, n’a pas dépassé 9 mm, et d’autre part, une absence de pluies s’étalant du 20 septembre au 20 octobre 2023, conjuguée à une forte amplitude thermique.

Il faut noter, que la 3ème décade d’Octobre 2023 a connu un retour des précipitations importantes et généralisées (avec une moyenne de 41 mm et un maximum d’environ 176 mm à Tanger) ayant permis de réduire le déficit pluviométrique et pourraient impacter positivement le secteur agricole, notamment en matière d’amélioration des niveaux de retenues des barrages et des nappes phréatiques, de développement de la végétation naturelle des parcours, d’amélioration de la situation de l’arboriculture fruitière, l’accélération du rythme des ventes des intrants agricoles et l’installation des cultures d’automne. Ainsi, le Cumul pluviométrique moyen national au 10 novembre 2023 est de 51,3 mm, soit une baisse de 10% par rapport à la moyenne des 30 dernières années (57 mm) et une hausse de 134% par rapport à la campagne précédente (22 mm) à la même date.

S’agissant de la situation des barrages, il y a lieu de signaler que la Réserve globale des barrages à usage agricole au 10 novembre 2023 s’élève à près de 3,26 Milliards m3 contre 3,05 milliards m3 la campagne précédente à la même date, soit un taux de remplissage de 24% contre 22% la campagne précédente à la même date. Compte tenu du déficit en eau, le Ministère a mis en place un suivi rapproché pour rationaliser les disponibilités en eau au niveau des périmètres irrigués en donnant la priorité à l’arboriculture et aux cultures pérennes en plus de la limitation des superficies des cultures consommatrices d’eau.    

Challenge : Le phénomène de pénurie d’eau que vit le Maroc a généré sur les réseaux sociaux un discours qui pointe du doigt des cultures agricoles dites « très consommatrices  d’eau ». Qu’est-ce que votre ministère a fait par rapport à cette problématique ?

M.S. : A l’égard de la situation hydrique que connait notre pays à la suite des années successives de la sécheresse et la forte diminution des précipitations, une décision a été prise conjointement entre le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime , du Développement rural, des Eaux et Forêts et le ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances chargé du budget, stipulant l’exclusion des cultures consommatrices d’eau de l’appui financier alloué aux projets d’irrigation, à savoir l’avocatier, la pastèque et les nouveaux vergers d’agrumes.

En outre, un ensemble de mesures nécessaires et urgentes ont été prises et mises en œuvre pour gérer rationnellement les ressources en eau dans certaines régions les plus touchées par la pénurie d’eau. Parmi ces mesures, je peux citer le fait d’empêcher la production de certaines cultures consommatrices d’eau telles que la pastèque et le melon dans les provinces de Tata, Guelmim et Beni Mellal. Au niveau de Zagora, la cultivation de la pastèque et du melon a été réglementée, de manière à ce que la superficie cultivée soit fixée entre un demi-hectare et un hectare comme un maximum à ne pas être dépassé.

Autres dispositions prises pour gérer rationnellement les ressources en eau : remplacer les cultures consommatrices d’eau par des cultures résistantes à la sécheresse, comme l’olivier, le palmier dattier, l’arganier, l’amandier, le figuier et le caroubier ; créer et commercialiser des variétés résistantes à la sécheresse ; encadrer les organisations agricoles et inciter aux investissements privés, notamment en ce qui concerne les équipements dotés de technologies économes en eau ; ou encore maintenir l’assurance agricole des céréales, des légumineuses, des oléagineux et des arbres fruitiers contre les risques climatiques. Ainsi, dans le cadre de la Stratégie de Génération Green 2020-2030 et du Programme National d’Approvisionnement en Eau Potable et en Eau d’Irrigation 2020-2027, le ministère poursuit ses efforts pour valoriser l’utilisation des ressources en eau, assurer la durabilité des infrastructures d’irrigation, à travers la modernisation et la réhabilitation des réseaux d’irrigation, l’appui au partenariat entre les secteurs publics et privés et l’encadrement des organisations agricoles.

Challenge :  Le tout premier tronçon opérationnel de ce méga chantier d’interconnexion entre bassins hydrauliques, prévu dans le Plan national de l’eau lancé en 2020, a été inauguré le 28 août. Son ambition : améliorer la gestion des ressources en eau. Quelles pourraient être les retombées de ce grand projet pour le secteur agricole ?

M.S. : L’interconnexion des bassins Sebou, Bouregreg, Oum Rbia est un projet d’une portée stratégique nationale. Il constitue une composante dans le programme national de l’eau potable et de l’irrigation, lancé par Sa Majesté Le Roi. Il permettra de capter un volume d’eau global variant entre 500 et 800 millions m3 par an, et ce dans le cadre d’une gestion solidaire et optimisée des ressources en eau entre trois grands bassins hydrauliques qui concentrent une part importante de la demande en eau du pays. Il s’agit du premier projet de la sorte historiquement au Royaume, qui va surtout permettre de capter un volume important d’eau qui est habituellement perdue en mer. 

Le projet est prévu sur deux phases : Une première étape avec l’interconnexion du barrage de garde sur Sebou et le barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah sur Bouregreg, avec un débit de 15 m3/s et sur une longueur de 70 km pour mobiliser un volume annuel moyen de 350 à 400 millions de m3 et une deuxième étape qui consiste en l’interconnexion du barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah et le barrage Massira sur Oum Rbia. La réalisation de la première tranche urgente de ce mégaprojet, a été confiée au Ministre de l’Agriculture de la Pêche Maritime, de Développement Rural et des Eaux et Forêts à travers l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole du Gharb (ORMVAG) comme maître-d’ouvrage délégué, en raison de l’expérience et de l’expertise accumulées par ses structures en matière de réalisation des grands adducteurs d’eau. Cette grande infrastructure, réalisée dans des délais records de 10 mois, est actuellement mise en eau pour sa capacité totale.

Ce projet permettra, en plus de la sécurisation de l’approvisionnement en eau potable des villes de Rabat et de Casablanca à partir du barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah, de dégager de nouvelles ressources en eau pour le développement et la sécurisation de l’irrigation dans les périmètres irrigués existants, notamment dans les Doukkalas qui souffrent de pénurie d’eau structurelle et de rupture d’approvisionnement en situation de fortes pénuries d’eau comme c’est le cas ces dernières années. En plus de la diversification des ressources en eau pour améliorer la résilience des systèmes d’approvisionnement en eau, le projet permettra d’envisager le développement d’un programme d’irrigation de complément des céréales – légumineuses – cultures oléagineuses sur de nouvelles superficies, notamment dans les bassins agricoles céréaliers de Zaer et de la Chaouia.

Challenge : Le secteur agricole marocain est-il actuellement attractif pour les investisseurs ?

M.S. : Le secteur agricole au Maroc offre des opportunités d’investissement attrayantes, faisant du pays l’un des plus attractifs dans ce domaine. Plusieurs leviers stratégiques sont disponibles pour les investisseurs, notamment la mobilisation du foncier agricole via un partenariat public-privé, consolidé par la stratégie « Génération Green 2020-2030 ». Cette stratégie vise à valoriser un million d’hectares de terres collectives pour le bénéfice des investisseurs, des jeunes et des collectivités ethniques. L’agrégation agricole, un modèle novateur, permet d’organiser les agriculteurs autour d’acteurs privés ou d’organisations professionnelles. Cela surmonte les contraintes liées à la fragmentation des structures foncières et favorise l’accès aux techniques modernes, au financement et aux marchés intérieur et extérieur, grâce à des contrats clairs.

Un autre levier consiste à installer des unités de valorisation dans le cadre d’appels d’offres de location de terrains, promouvant ainsi la production agricole. Les investisseurs peuvent également implanter ces unités au niveau des agropoles déjà présents dans les principaux bassins de production, offrant des opportunités pour les investisseurs étrangers dans l’Agribusiness. Des efforts considérables ont été déployés pour créer un environnement favorable à l’investissement, avec un climat d’affaires stable et prometteur, soutenu par le Fonds de Développement Agricole. Des produits d’assurance spécifiques à l’agriculture sont disponibles, et un cadre juridique propice à l’investissement a été mis en place via des lois régissant l’interprofession et l’agrégation agricole.

Sur le plan institutionnel, des organismes dédiés accompagnent l’ensemble du processus d’investissement, depuis la production jusqu’à l’exportation. Notamment, l’Agence pour le Développement Agricole, l’Office National du Conseil Agricole, l’Office National de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires, Morocco Foodex, et l’Agence Nationale pour le Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganier. Face au changement climatique et au stress hydrique, la stratégie « Génération Green 2020-2030 » se concentre sur l’amélioration de l’efficacité hydrique. L’irrigation efficiente et la promotion de l’irrigation par dessalement de l’eau de mer sont envisagées pour réduire la pression sur les ressources en eau conventionnelles. Des projets concrets, comme celui de Chtouka, préservent le bassin de production des primeurs, et le projet Dakhla est en cours sur 5000 hectares. Ces initiatives renforcent l’attractivité du secteur agricole au Maroc.

Challenge : Vous avez dernièrement multiplié les visites de terrain dans le cadre du lancement du programme d’urgence de reconstruction et de mise à niveau agricole dans les zones touchées par le séisme. Qu’est-ce que ce programme va-t-il apporter concrètement aux agriculteurs de ces zones-là ?

S.M : Tout d’abord, je saisis cette occasion pour renouveler mes plus sincères condoléances aux familles des victimes du tragique séisme. Comme vous le savez, cette épouvantable catastrophe naturelle a causé d’énormes dégâts en infrastructures et des pertes de biens, touchant 2 930 douars habités par 2,8 millions de personnes dans 19 cercles et 169 communes territoriales. Le secteur agricole, étant le principal moteur économique des zones rurales et montagneuses sinistrées, est l’un des secteurs les plus touchés par le séisme. Ainsi, les dégâts sur le secteur agricole ont concerné l’infrastructure agricole, notamment les aménagements hydro-agricoles dans les périmètres de la petite et moyenne hydraulique, les pistes agricoles et rurales et les unités de valorisation et de commercialisation des produits agricoles. Ont été également concernés la stabilité des sols impactée par les mouvements séismiques, l’infrastructure économique tels que les marchés hebdomadaires, abattoirs, étables et abris anti neige pour les animaux mais aussi le capital agricole, notamment les troupeaux de bétail.

Ainsi, et en exécution des hautes instructions de S.M. Le Roi Mohammed VI, que Dieu le glorifie, lors de la séance de travail présidée par Sa Majesté, le 20 septembre 2023, un programme intégré et multisectoriel couvrant les provinces sinistrées a été élaboré avec un budget prévisionnel global estimé à 120 milliards de DH, sur cinq ans.

 
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