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Moudawana : L’hystérie des islamistes ou la dernière parade du coq égorgé

Sentant le vent tourner en leur défaveur, des personnalités du courant islamo-conservateur tentent par tous les moyens de faire dérailler le processus de réforme de la Moudawana. Comment comprendre leurs réactions, dont certaines vont jusqu’à l’appel au meurtre ? Eléments de réponse.

L’annonce imminente de la nouvelle mouture de la Moudawana, Code de la famille marocain, suscite une agitation sans précédent au sein des cercles islamistes. Des féministes, ONG et personnalités progressistes sont violemment attaqués par la mouvance, qui n’hésite pas à proférer des menaces de mort à leur encontre. Mohamed Abdelouahab Rafiki, spécialiste des courants islamistes, décrypte cette frénésie en soulignant les craintes de cette mouvance face à l’évolution du processus de réforme.

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« Les islamistes perçoivent que la réforme de la Moudawana est en train de leur échapper, principalement en raison de l’approche méthodologique adoptée. L’absence de consultation de personnalités religieuses indépendantes et la participation de diverses institutions, y compris le Conseil des Ouléma, sans recourir aux références traditionnelles, ont alimenté leur sentiment de perte de contrôle », estime notre expert, qui souligne que « cette situation les a poussés à réagir de manière véhémente, considérant chaque protestation comme une tentative désespérée de sauver leur influence ».

« C’est la dernière parade du coq égorgé », explique Rafiki, insistant sur le caractère désespéré de leurs actions. « Ils tentent de stopper l’élan de la réforme en faisant le maximum de bruit et en proférant des menaces pour intimider et faire pression. »

Surenchère politique

Pourtant, Rafiki insiste sur le fatit que le processus de réforme s’est déroulé dans le calme, avec une écoute attentive de toutes les voix de la société. « Avec plus de 1500 heures d’auditions, une approche participative et inclusive a été privilégiée, laissant peu de marge de manœuvre aux islamistes pour faire dérailler le processus », estime-t-il.

Rafiki, qui connait personnellement certains pontes de cette mouvance puisqu’il a lui-même été un des leaders salafistes avant son arrestation après les attentats terroristes du 16 mai 2003, voit dans l’agitation islamiste un jeu politique visant à regagner du terrain après leurs revers électoraux récents. « C’est une surenchère politique pour marquer leur présence sur la scène publique, sous prétexte de défendre la famille et ses valeurs », souligne-t-il.

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« La Moudawana actuelle, qu’ils souhaitent maintenir coute que coute, ne leur plaisait pas il y vingt lorsqu’elle avait été réformée en 2004. Les lois qu’ils défendent aujourd’hui sont celles qu’ils combattaient en 2004. Ils considéraient à l’époque que ces lois étaient contraires à la religion, à la charia, et qu’elles constituaient des lignes rouges auxquelles il ne faut pas toucher. Ce qui est absurde c’est qu’aujourd’hui les islamistes défendent des lois contre lesquelles ils luttaient il y a à peine deux décennies », relève Rafiki, mettant ainsi le doigt sur le paradoxe de l’argumentaire utilisé par le courant islamo-conservateur.

« Le match est plié »

Quant aux motivations profondes des islamistes, Rafiki évoque une idéologie conservatrice opposée à tout changement et à toute ouverture sur la modernité. Pour eux, la Moudawana représente le dernier rempart contre la modernisation des lois, symbolisant leur lutte pour un État califal régi par leur propre interprétation de la charia.

Malgré la campagne de dénigrement et de menaces, Mohamed Abdelouahab Rafiki reste confiant dans l’issue du processus de réforme. « Le match est plié », conclut-il, soulignant que les islamistes ne pourront pas entraver la marche vers une Moudawana plus moderne et inclusive.

Mohamed Abdelouahab Rafiki. Crédit: DR.

 
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