Nasser Bourita éteint les spéculations sur l’avenir de Guergarat
Le lancement de la liaison maritime Agadir-Dakar laisse libre cours aux spéculations sur l’avenir de Guergarat, passage névralgique pour les échanges commerciaux entre le Maroc, la Mauritanie et le reste de l’Afrique. Devant une commission parlementaire, Nasser Bourita va, tout simplement, éteindre tout ce vacarme.
Depuis que les Forces armées royales ont réussi, en novembre 2020, à sécuriser définitivement cette zone en mettant fin aux blocages de la libre circulation, le poste-frontière est entré dans une dynamique soutenue, en continuation de l’augmentation substantielle des exportations de marchandises marocaines vers les pays de la région.
En début 2024, les autorités mauritaniennes décident, à la surprise générale, une hausse de 171 % des droits de douane au passage de Guerguerat, affectant directement le commerce entre le Royaume et l’espace de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
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A cette époque, les échanges entre les deux parties, qui transitent quasi exclusivement par Guergarat, explosent tous les records, atteignant la valeur de 64,43 milliards de dirhams, soit un bond de 39,9 % en glissement annuel.
L’Atlantique en alternative
Cette décision unilatérale plonge les exportateurs et les transporteurs marocains dans le désarroi, déclenchant moults interrogations sur le devenir des échanges terrestres. Les responsables marocains ne font aucune déclaration publique sur le sujet, du moment que les tarifs douaniers relèvent de la souveraineté des Etats.
Quelques mois plus tard, la Mauritanie revoit sa copie et révoque la décision. La flambée des produits dans le pays, particulièrement les fruits et légumes, explique en grande partie ce rétropédalage.
La volatilité de la situation pousse les exportateurs à penser à des alternatives. C’est dans ce contexte qu’intervient la nouvelle liaison maritime Agadir-Agadir, officialisée en décembre 2024 et bénéficiant du soutien de la CGEM Souss-Massa et d’autres acteurs majeurs, qui veulent en faire un symbole concret du partenariat Sud-Sud.
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Cette ligne, opérée par la compagnie Atlas Marine via des navires RoRo – Passagers (ROPAX), permettra le transport de camions, de leurs marchandises et de leurs chauffeurs, offrant ainsi une alternative au transport terrestre. Elle vise à contourner les défis relatifs aux coûts élevés des hydrocarbures, à la sécurité, à l’usure des camions et à l’empreinte carbone.
Des lendemains meilleurs
Cette nouvelle orientation et les perspectives de son expansion éveillent des doutes légitimes sur l’avenir de la zone d’El Guergarat, où sont programmés des investissements publics et privés afin d’en faire une véritable plateforme de transport terrestre entre le Royaume et le reste du continent, dont les relations devront se raffermir avec l’Initiative Atlantique destinée aux pays enclavés du Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger et Tchad).
En se présentant, mercredi 29 janvier 2024, devant la Commission des affaires étrangères, des affaires islamiques et des MRE à la Chambre des représentants, Nasser Bourita va balayer d’un revers de main toutes ces supputations, attisées par les pseudo-experts des réseaux sociaux.
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Le ministre des Affaires étrangères assure, lors de sa présentation, que le Maroc cherche à conclure des accords internationaux dans le but de faire du poste-frontière un « corridor stratégique » pour le transport terrestre. « Nous voulons que le passage de Guergarat devienne un nœud routier essentiel, d’autant que les accords de transport terrestre sont d’une grande importance », insiste-t-il.
Le Royaume s’emploie à signer plus d’accords de ce genre pour renforcer le rôle du passage en tant que corridor stratégique, poursuit le ministre, qui fait état d’une dizaine d’accords bilatéraux signés avec des pays amis.
La sortie de Bourita recadre le débat et rassure sur l’état des liens entre le Maroc et la Mauritanie. Depuis la rencontre fructueuse entre Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le 20 décembre 2024 à Casablanca, on assiste à de féroces tentatives de sabotage de cette relation. Sauf que les deux voisins semblent résolus à ne pas se retourner en arrière, comme le prouve la récente conclusion d’un accord d’interconnexion électrique.