Open Banking : zoom sur le Buy Now, Pay Later
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Cette technologie est ancrée dans les habitudes en Europe. Au Maroc, une étude de Mastercard révélait que seulement 10 % des Marocains utilisent ce dispositif de paiement.
Avec la montée en puissance des fintechs et l’essor de la digitalisation des services bancaires, l’Open Banking s’impose aujourd’hui comme un levier stratégique pour moderniser les systèmes financiers.
Et parmi les innovations les plus marquantes, le “Buy Now, Pay Later” (BNPL) redéfinit les modes de consommation en offrant aux clients la possibilité d’échelonner leurs paiements sans passer par les circuits de crédit traditionnels.
En Europe, cette technologie s’est rapidement intégrée aux habitudes des consommateurs, portée par des acteurs comme Klarna ou Afterpay. Son adoption repose sur une réglementation plus souple, une confiance accrue dans les solutions numériques et un écosystème bancaire ouvert, favorisant l’échange sécurisé de données entre les institutions financières et les fournisseurs de services de paiement.
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Cette fluidité permet aux commerçants d’optimiser leur taux de conversion et aux consommateurs d’accéder à une flexibilité financière accrue.
Au Maroc, le constat est que le BNPL reste encore marginal. Une étude menée par Mastercard en 2022 révélait que seulement 10 % des Marocains utilisent ce mode de paiement, un chiffre qui traduit la prudence des consommateurs et des institutions face à cette technologie.
Plusieurs facteurs expliquent cette adoption limitée : une régulation encore balbutiante sur l’Open Banking, une culture bancaire encore très ancrée dans les paiements classiques et un accès au crédit structuré par des mécanismes plus traditionnels.
Pourtant, le potentiel est réel. Avec un taux de bancarisation en progression et une jeunesse de plus en plus connectée, le marché marocain pourrait voir le BNPL s’imposer comme une alternative attractive aux crédits à la consommation.
Mais pour y parvenir, il faudra lever plusieurs freins, notamment en matière de confiance numérique, de gestion des risques et d’intégration avec les acteurs bancaires locaux.
Une option de crédit
Le rapport du Consumer Financial Protection Bureau (CFPB) de janvier 2025 a examiné de façon large l’utilisation des services “Achetez maintenant, payez plus tard” (Buy Now, Pay Later – BNPL) sur le marché américain.
« Ces prêts, généralement sans intérêt et remboursés en quatre versements ou moins, ont connu une croissance rapide depuis 2019. Les données, issues de six grandes entreprises BNPL (Affirm, Afterpay, Klarna, PayPal, Sezzle et Zip), révèlent qu’en 2022, 21 % des consommateurs disposant d’un dossier de crédit ont utilisé au moins une fois un service BNPL. Parmi eux, environ 20 % sont des utilisateurs fréquents, contractant en moyenne plus d’un prêt BNPL par mois », explique le rapport.
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Selon ce même rapport, l’année 2022 a vu une augmentation du nombre moyen de prêts BNPL par consommateur, passant de 8,5 en 2021 à 9,5 en 2022. La majorité de ces emprunteurs avaient plusieurs prêts BNPL simultanés : 63 % d’entre eux avaient plusieurs prêts en cours au cours de l’année, dont 33 % auprès de plusieurs fournisseurs.
Il est important de noter que la plupart de ces prêts n’apparaissent pas dans les dossiers de crédit traditionnels.
Le rapport souligne également que les taux d’approbation des crédits BNPL ont augmenté entre 2020 et 2022, en partie grâce à l’utilisation accrue de contre-offres par les prêteurs.
Par exemple, au lieu de refuser une demande, un prêteur peut proposer un acompte plus élevé ou un montant de crédit réduit. En 2022, les prêteurs BNPL ont approuvé 79 % des demandes, y compris les contre-offres, contre 67 % en 2020.
Entre 2021 et 2022, les emprunteurs avec des scores de crédit très risqués ont représenté 45 % des origines BNPL, tandis que ceux avec des scores subprime en ont représenté 16 %.
Aujourd’hui, au Maroc, certains experts estiment que ce dispositif pourrait être utilisé par les emprunteurs à risque, souvent exclus du crédit traditionnel.
« Le BNPL est le pendant de l’explosion du e-commerce, c’est-à-dire que lorsque le paiement digital se banalise, les opérateurs financiers s’associent avec les opérateurs industriels pour proposer de nouvelles solutions qui permettent de fidéliser le client et de faire de la finance embarquée.
L’enjeu est de taille au Maroc, parce que le BNPL, c’est le crédit pour payer les besoins du quotidien (courses, mobylettes, voyages…) », nous confie Andrea Bises, experte en services financiers digitaux au Fonds Monétaire Arabe.
Et de poursuivre : « Aujourd’hui, le potentiel marché est là au Maroc. Nous avons des plateformes de e-commerce qui décollent comme Marjane ou Glovo. Nous avons des plateformes qui proposent des services de paiement en marque blanche comme M2T. Maintenant, à part Alya, les candidats au BNPL font face à plusieurs défis : L’approbation par le régulateur, ainsi qu’une capacité de l’écosystème à unir ses forces pour proposer un produit qui relève plus de la consommation et du commerce que du financier. »