Parlement : Le secteur minier sous la loupe
Les députés de la commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement ont inscrit le dossier épineux du secteur minier à l’agenda de leur séance du 10 juillet 2024.
Un tour de table des thèmes relatifs au secteur pour dénicher les facteurs de blocage qui empêchent un secteur clé de l’économie nationale de jouer pleinement son rôle.
Mohamed Malal (président) et ses coéquipiers de la commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement savent très bien que la problématique des minerais est actuellement au cœur des enjeux économiques et géopolitiques internationaux et que le royaume, comme beaucoup d’états, doit faire face aux défis de la sécurisation de son approvisionnement et du renforcement de sa position dans les chaînes de valeur mondiales relatives à ces ressources. Mais est-ce que le Maroc a vraiment les moyens de ses ambitions pour maximiser son potentiel économique tout en explorant de nouvelles perspectives de développement et ce, en tenant compte notamment d’une approche inclusive et durable ?
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S’il est vrai que l’activité minière au Maroc fait partie des secteurs les plus dynamiques de l’économie nationale avec sa géologie particulièrement riche en substances minérales, avec phosphates, or, cobalt… ce potentiel des minerais les plus demandés dans le monde reste malgré tout en deçà de ce qu’on peut en attendre.
En effet, en plus des défis que connaît le secteur minier, de nouveaux challenges relatifs aux exigences sociales et environnementales se posent. C’est dans ce sens d’ailleurs que la ministre de la transition énergétique et du développement durable avait été invitée par ladite commission en février dernier pour s’expliquer devant les parlementaires qui ont écouté attentivement les promesses que caresse Leila Benali pour le secteur minier.
Benali, qui avait à cœur de décortiquer le dernier rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) intitulé « Les minerais stratégiques et critiques contributeurs à la souveraineté industrielle du Maroc », a détaillé les mesures que le rapport a contribué à mettre en lumière et la disponibilité de son département à les mettre en pratique. Notamment les propositions du CESE qui sont de nature à sécuriser les chaînes d’approvisionnement de ce type de ressources et à renforcer leur valorisation, « précisant qu’elles font partie des piliers fondamentaux de la vision stratégique de son ministère en matière de développement du secteur minier en général et des minerais stratégiques en particulier ».
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Il faut dire que les défis qui attendent l’activité minière aujourd’hui au Maroc sont sans commune mesure avec les besoins en substances d’origine minérale que nécessite une économie en plein essor.
Il y a d’abord les besoins classiques en entrants dont raffole l’agrobusiness (comme les engrais issus de la transformation du phosphate) et ensuite les besoins plus spécifiques en matières premières nécessaires aux industries de transitions (comme le lithium pour la mobilité électrique).
Comme beaucoup d’autres pays africains, la stratégie du royaume est marquée à l’échelle internationale par la confrontation entre les tensions géopolitiques et l’impératif de souveraineté en matière de ressources naturelles. Au-delà de la transparence dans les volumes de l’extraction, l’action publique minière doit donc être envisagée en cohérence avec un programme économique plus large, avec une approche inversée pour casser un processus davantage marqué, à l’échelle nationale, par les acteurs de l’aval (transformation) que par ceux de l’amont (extraction).
Ce défi de vision stratégique nécessite pour les autorités de tutelle de formuler une vision claire, globale et cohérente du sens et de la place de l’industrie des mines, afin de pouvoir appréhender les interdépendances réciproques entre industrie, territoires et environnement, les interactions entre territoires et industries, ou encore les bénéfices économiques en termes d’emplois.