Plages au Maroc, est-ce un produit d’appel ?
Entre enjeu de santé publique et défi écologique, les espaces de loisirs au sein des biotopes marins posent en ces temps de vacances certaines interrogations. Décryptage.
MRE, citoyens locaux, touristes internationaux : les plages marocaines, en ces temps de vacances d’été qui approchent, sont exposées à de grands flux de personnes. Et au-delà de l’argument du droit au loisir après de longs mois de dur labeur, ces milieux naturels occupés par l’humain souffrent cependant de certaines problématiques liées à ces flux massifs. Depuis 1999, la Fondation Mohamed VI pour la protection de l’environnement, à travers son programme Plages Propres, a fait de ce sujet un enjeu majeur dans sa trame d’action. Étant au départ limité à des actions de nettoyage et de propreté des plages, cette initiative est aujourd’hui un programme environnemental complet, allant de la propreté à l’aménagement, en passant par la sécurité, l’animation, la sensibilisation et l’éducation au développement durable.
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Après presque deux décennies d’actions, le programme Plages Propres passe le cap des 100 plages. 27 entreprises publiques et privées soutiennent ainsi 61 communes. Le nombre des plages du programme s’est accru rapidement, passant de 12 plages en 1999 à 102 plages en 2020, du Nord au Sud, de Saïdia à Dakhla, avec un nombre de visiteurs qui a dépassé 100 millions.
Un défi de santé publique et économique
« Les plages marocaines ne sont plus un produit d’appel, » explique l’économiste Mehdi Lahlou. Selon lui, depuis maintenant une vingtaine d’années, les plages marocaines, en raison du chaos humain observé sur place, ont provoqué le retrait d’un grand nombre de Marocains et de touristes qui ne se baignent plus. « On se retrouve avec une démocratisation accrue de la plage, sans disposition réglementaire derrière.
On n’a aucun suivi sur les codes de tenue, sans oublier une absence de dispositif sanitaire, » martèle l’économiste. Pour l’expert en santé Al Mountacer Charif Chefchaouni, « les plages marocaines sont exposées à trois types de déchets qui diffèrent au niveau des impacts. Nous avons en premier lieu les déchets plastiques qui ont un impact de pollution visuelle en raison de leur durée de vie dans le temps (100 à 200 ans). Ces déchets plastiques peuvent exposer les animaux à certaines infections. » Et de poursuivre : « Par contre, les déchets organiques et chimiques peuvent exposer les humains à des infections et maladies plus graves. »
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Côté économique, selon Mehdi Lahlou, « cette décadence des plages a un impact sur l’économie. On a aujourd’hui une économie de subsistance au sein des plages. Et je me demande comment on atteindra les objectifs de 65 millions de touristes en 2035. »
À Agadir, les choses bougent
Récemment, à Agadir, le Conseil communal a approuvé un nouvel arrêté municipal concernant l’exploitation et la gestion de la plage d’Agadir, en plus de celle d’Anza. Cette décision a été actée lors de la première séance de la session ordinaire de mai 2024, tenue en début de semaine, au Complexe culturel Mohamed Khair-Eddine, à Agadir.
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Aujourd’hui, de grandes attentes sont placées dans cette décision, notamment les mesures réglementaires énumérées dans l’article n°12 et leur mise en œuvre, durant la saison estivale, avec le rush attendu des vacances durant ce mois d’août. Parmi ces mesures figure l’interdiction de l’utilisation des toiles à draps et des couvertures pour la protection solaire avec les parasols, ce qui porte atteinte au paysage balnéaire, en plus de l’interdiction de cuisiner ou d’utiliser des matériaux inflammables sur la plage. À cela s’ajoute l’interdiction de toute forme de commerce sur la plage et l’exercice des activités sportives en dehors des zones dédiées à cet effet.