Tourisme. Plus de 27 milliards de DH à investir d’ici 2026
Le Maroc, à travers sa nouvelle feuille de route du tourisme, ambitionne, à l’horizon 2026, d’attirer 17,5 millions de touristes, d’atteindre 120 milliards de recettes en devises, de créer 80.000 emplois directs et 120.000 indirects. Si l’Exécutif s’est engagé à mobiliser 6,1 milliards de DH pour le déploiement de la feuille de route 2023-2026, un effort en investissement dans la création de nouvelles capacités hôtelières est requis pour atteindre les objectifs escomptés.
Au sortir de deux années de crise où les investissements touristiques ont beaucoup chuté, les investisseurs n’ont pas lésiné sur les moyens en injectant plus de 8 milliards de DH en 2022. Cette dynamique va-t-elle se poursuivre ? Est-elle suffisante pour faire passer la capacité litière actuelle de 285.000 lits à la taille critique nécessaire ? Les chaines hôtelières internationales joueront-elles le jeu, sachant qu’elles sont peu enclines à investir dans les murs, préférant se concentrer sur la gestion et laisser cette tâche aux investisseurs locaux ?
A travers sa vision du tourisme, lancée en 2001, le Maroc s’était fixé comme objectif d’accueillir 10 millions de visiteurs en 2010. A l’heure du bilan, le Royaume s’en était plutôt bien sorti puisque l’objectif très médiatisé d’atteindre 10 millions de touristes était presque atteint à la fin de l’année 2010. Le nombre d’arrivées avait atteint 9,29 millions, soit 93 % de l’objectif fixé. Ce chiffre avait pris toute son importance quand on sait qu’en 2001, année de lancement de cette vision, le Maroc n’avait pas réussi à attirer plus de 4,4 millions de touristes.
Scrutés à la loupe à chaque parution, les chiffres relatifs à l’activité touristique au Maroc sont une donnée sensible. Et pour cause, le tourisme reste l’un des principaux secteurs pourvoyeurs de devises du pays : le tourisme contribue à hauteur de 7 % du produit intérieur brut (PIB) du Maroc.
Vision 2020 : un bilan mitigé
Voulant surfer sur la dynamique la Vision 2010, le gouvernement de l’époque, lance une Vision 2020 encore plus ambitieuse et qui se fixe comme objectif de doubler la taille du secteur touristique, hissant ainsi le Maroc parmi les 20 premières destinations touristiques mondiales. En termes chiffrés, les objectifs retenus à l’horizon 2020 étaient de construire 200 000 nouveaux lits touristiques à travers le pays, accueillir 20 millions de touristes internationaux, réaliser des recettes touristiques de 140 milliards de DH en 2020, soit une somme cumulée sur la décennie proche de 1 000 milliards de DH, faire croitre le PIB touristique de 2 points, pour atteindre près de 150 milliards de DH contre environ 60 en 2010, former 130 000 jeunes dans l’hôtellerie, créer plus de 470 000 emplois touristiques directs sur la période 2011-2020, pour employer au terme de la décennie près d’un million de Marocains. Mais, cette «Vision 2020» lancée en 2010 à Marrakech qui a fixé l’objectif de multiplier par deux la taille du secteur, soit 20 millions d’arrivées, était loin d’être atteint.
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En effet, durant l’année 2019 (dernière année avant la pandémie, soit un an avant l’échéance fixée par la vision 2020), le volume des arrivées aux postes frontières n’avait atteint qu’environ 13 millions de touristes, soit moins de 7 millions au compteur. «En 2010, le déploiement de la vision Tourisme 2020 devait permettre d’atteindre un nouveau palier de croissance, avec l’ambition d’accueillir 20 millions de touristes. Le bilan est cependant mitigé, en raison de plusieurs facteurs, notamment un problème de gouvernance, résultant d’un manque de coordination entre les départements ministériels concernés, ainsi qu’entre les niveaux central et régional, un déficit de synchronisation entre l’offre et la demande, une dispersion des efforts et des ressources, et la non-mobilisation d’une part du budget prévu pour la promotion et le soutien », a expliqué Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, dans son discours de cadrage du 21 mars dernier, lors du débat organisé par La Vie Eco, notant qu’à l’arrivée du nouveau gouvernement, en octobre 2021, la situation du tourisme au Maroc était des plus précaires. «Deux années de Covid, des frontières fermées, des professionnels désarmés, et une incertitude totale quant à l’avenir du secteur. Face à cette situation critique, notre département s’est immédiatement lancé dans un dialogue constructif avec les professionnels du secteur privé, dans le but de bâtir ensemble un plan d’actions ambitieux pour résister, relancer et réinventer notre industrie touristique», dit-elle.
L’année dernière, les arrivées de touristes ont atteint environ 10,9 millions en forte hausse de +192% par rapport à la même période de 2021. Ainsi, le taux de récupération par rapport à la même période de 2019 a atteint 84% (contre 63% pour la moyenne mondiale) en termes des arrivées de touristes (99% pour les MRE et 72% pour les touristes étrangers). Les recettes en devises ont également atteint un record de 91 milliards de DH, soit une augmentation de 16% par rapport à 2019.
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Othman Cherif Alami, président du Conseil régional du tourisme (CRT) de Casablanca-Settat : « 19 unités hôtelières sont en cours de construction dans la région »
La région Casablanca-Settat devrait générer en 2026 au moins 3 millions de visiteurs, en touristes étrangers d’affaires (2 millions de touristes nationaux, 700 000 touristes étrangers et 300 000 en croisières) et ainsi espérer générer 3 nuitées pour chaque visiteur (hors croisières) pour une dépense journalière de 450 euros + 100 euros pour les croisières. Donc, au moins 8 millions de nuitées contre approximativement 4 millions en 2023. Ceci devrait générer pour la région au moins 4 à 5 milliards de DH d’investissements plus 2 à 3 milliards de DH en Palais des Congrès et autres infrastructures liées directement au secteur. Le Plan de développement régional de Casablanca-Settat (PDR) et Le Plan d’action communal (PAC) de Casablanca devraient également augmenter ces investissements. De plus, la nouvelle charte des investissements devrait permettre une prise en charge d’au moins 20% à 30% et ainsi contribuer à augmenter la dynamique. Le fameux projet programme du 3ème Terminal à l’architecture futuriste pour l’aéroport international Mohammed V serait également nécessaire pour assurer un lourd investissement pour toute la région. Le TGV Kénitra via Casablanca, est également prévu dans un investissement colossal. L’extension urbaine, la mobilité améliorée, la prise en charge des rénovations d’infrastructures, usine de déchets, développement durable des territoires ruraux comme Benslimane devraient permettre un véritable développement économique.Actuellement, 19 unités sont en cours de construction et je pense qu’il serait possible de réaliser encore une dizaine d’unités de 100 à 150 lits en moyenne pour toute la région d’ici 2027 à 1 million de DH TTC la chambre, foncier inclus ! Je pense que 50% de ces investissements pourraient être bénéficiaires du bonus de la charte actuelle des investissements.