Polémique: Faut-il en finir avec l’heure d’été ?

L’heure d’été n’a plus bonne presse. Faut-il l’abolir ? La question revient régulièrement et continue d’occuper aussi bien les politiques, la société civile que les scientifiques. Les arguments pour, sont limités et ceux contre le changement d’heure d’été sont beaucoup plus nombreux, même s’ils font l’objets d’âpres débats.
C’est le marronnier qui revient après chaque fin de ramadan, le retour à l’heure d’été a des détracteurs farouches dans les rangs des représentants de la nation. Cette fois-ci, c’est Fatima Tamni, membre de la Fédération de la gauche démocratique qui monte au front pour expliquer que de nombreuses études ont conclu que ce changement d’horaire peut causer des troubles psychologiques et sociaux, en particulier chez les enfants. Dans une question écrite adressée au Chef du gouvernement, la Députée a précisé que le retour définitif à l’heure «normale» une fois pour toutes, était devenu nécessaire, face aux effets négatifs constatés sur la productivité et la santé mentale, assurant ainsi que l’heure d’été épuise fortement les citoyens. «N’est-il pas contradictoire de justifier cette décision par des économies d’énergie, tout en refusant de publier l’étude complète sur laquelle vous vous êtes basés ?», se scandalise Tamni en prenant soin de demander à l’exécutif ce qu’il compte bien faire «pour répondre aux revendications des Marocains face à ces changements d’horaire qui les épuisent et nuisent à leur quotidien».
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Pour rappel, c’est le gouvernement de Saadeddine El Othmani qui avait décidé du maintien de l’heure légale en vigueur actuellement au Maroc (GMT+1) de façon permanente, justifiant cette décision par des impératifs liés à la consommation d’énergi » et à «la sécurité énergétique ». Or, la polémique sur l’heure d’été enfle un peu partout dans le monde au point où l’honorable The Economist vient d’y consacrer un long dossier dans lequel on apprend que l’heure d’été dont l’objectif est d’économiser de l’énergie est contredite par les études qui suggèrent plutôt que «les coûts sont étonnamment élevés, non seulement à cause des perturbations immédiates dans la vie quotidienne, mais aussi en raison des conséquences biologiques à long terme d’un décalage avec le cycle solaire». L’hebdomadaire qui est convaincu que l’heure d’été doit disparaître, rappelle que les perturbations causées par ce changement sont tellement graves que juste après le changement d’heure, les perturbations du sommeil qui s’ensuivent provoquent une augmentation des crises cardiaques, des AVC et des accidents de la route mortels. Sans oublier les overdoses et les erreurs médicales qui augmentent également et il en serait aussi de même pour la performance des marchés financiers en chute notable le lundi suivant l’introduction de l’heure d’été. Selon une étude rendue publique en 2024 de l’Académie américaine de médecine du sommeil, l’imposition d’une heure d’été qui n’est pas naturelle crée un décalage entre le rythme circadien humain et la lumière naturelle.
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L’explication donnée est logique : comme c’est la lumière qui régule nos rythmes biologiques, notre horloge biologique interne dépend d’une lumière intense le matin, et de son absence le soir. L’heure d’été, en prolongeant les soirées lumineuses, impose aux personnes un cycle qui est loin d’être naturel puisque le changement d’heure les prive de la lumière bleue intense du matin, essentielle pour la “réinitialisation” de l’horloge biologique, qui déclenche à son tour la régulation de fonctions telles que la température corporelle, le rythme cardiaque ou encore le taux de cortisol, une hormone qui aide à rester vigilant. Le journal précise ainsi, que «l’heure de lumière supplémentaire en soirée ne compense pas cette perte matinale, elle aggrave même le problème. Une plus grande exposition à la lumière du soir perturbe davantage l’endormissement ». En conséquence, il reste à notre exécutif de s’inspirer de nombreux pays comme le Mexique ou la Russie qui ont déjà abandonné l’heure d’été, alors que Donald Trump a promis de le faire.