Population marocaine : début d’une chute démographique
La récente publication du Haut Commissariat au Plan (HCP) sur les indicateurs sociaux permet de percevoir le début d’une « rupture démographique ». En 2023, l’indice synthétique de fécondité (ISF), soit 2,05% par femme, est descendu en deçà du seuil de remplacement (2,1%).
Au 1er juillet 2023, la population du Royaume est estimée à 37,2 millions d’habitants, avec un taux de féminisation de 50,2%. Le taux d’accroissement global de la population est inférieur à 1%. Le taux d’urbanisation a atteint 64,8%, soit une croissance de 0,5% par rapport à 2022. Dans la structure par âge, la part des enfants poursuit sa baisse, à l’inverse de la part des personnes âgées, soit respectivement 24,9% et 12,7%. Quant à la part des personnes en âge actif, elle a représenté 62,4%. Le taux de dépendance démographique est de 60% et concerne surtout les seniors, en particulier les femmes et les ruraux, dont la dépendance s’est accrue de 7 points.
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Sur le plan spatial, la population demeure concentrée dans les principales régions que sont le Grand Casablanca-Settat, avec 20,8%, Rabat-Salé-Kénitra, avec 13,5%, Marrakech-Safi, avec 13,2%, Fès-Meknès, avec 12,1%, et Tanger-Tétouan-Al Hoceima, avec 10,7%. À elles seules, ces 5 régions concentrent 70,3% du total de la population.
Par ailleurs, les indicateurs sociaux laissent apparaître une tendance à la baisse continue des actes de mariage, soit 251 800 actes établis en 2022, contre 307 500 actes en 2008. À l’inverse, les actes de divorce sont en hausse continue, soit 27 530 en 2022, contre 26 900 en 2021. À ces actes de divorce, s’ajoutent les divorces judiciaires, beaucoup plus nombreux, soit 61 100 prononcés en 2022, contre 27 400 en 2008. Pour l’année 2023, le pourcentage des divorces a représenté 35,19% du total des actes de mariage.
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Au moins trois observations peuvent être tirées de ces chiffres : le vieillissement de la population impose une accélération de la mise en œuvre du chantier de la généralisation de la protection sociale, surtout au niveau de la couverture médicale et des pensions de retraite, avec la perspective d’un élargissement sous forme de « revenu minimum de dignité » au profit des personnes âgées sans aucun revenu, compte tenu de la disparition progressive des anciennes structures familiales communautaires; la concentration de la population dans certaines régions impose une accélération du développement territorial, sur la base de nouvelles politiques publiques privilégiant le désenclavement des régions qui demeurent économiquement faibles et isolées, ainsi que la priorité de l’investissement public et privé dans ces régions; et la prise en compte des chiffres relatifs notamment à la baisse des actes de mariage et à la hausse des divorces, dans le cadre de la réforme en cours du Code de la famille.