Pourquoi Fitch a dégradé la note de Société Générale Maroc
À peine rachetée par Moulay Hafid Elalamy, Société Générale Maroc voit sa note revue. Voici les explications.
« Fitch Ratings a abaissé la note nationale à long terme de la Société Générale Marocaine de Banques (SGMB), basée au Maroc, de ‘AAA(mar)’ à ‘AA(mar)’. La perspective est stable. La note nationale à court terme a été confirmée à ‘F1+(mar)’. Les notes ont également été retirées de la liste de surveillance négative.
Cette dégradation de la note nationale à long terme reflète le changement de propriété après la vente par Société Générale S.A. (SG) de sa participation dans SGMB au Groupe Saham », explique le cabinet international de notation dans une note que nous avons consultée.
Cette nouvelle est perçue comme une douche froide après cette grande opération. Deux mois après son rachat par MHE, Société Générale Maroc voit donc sa note nationale dégradée par Fitch Ratings, passant de AAA à AA.
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« Les notations de la SGMB reposent sur un soutien potentiel de l’État, reflétant l’importance systémique de la banque au Maroc. Les notations nationales ne sont plus basées sur un soutien potentiel de la Société Générale (SG).
Selon Fitch, le soutien potentiel du nouvel actionnaire national de la SGMB, bien que possible, est moins fort que celui des autorités marocaines. Les notes nationales de la SGMB sont inférieures à celles de la Banque Marocaine pour le Commerce et l’Industrie (BMCI), dont les notations sont motivées par le soutien potentiel de son actionnaire étranger, ainsi qu’à celles d’Attijariwafa Bank, la principale banque du Maroc. Elles sont toutefois alignées sur celles de Bank of Africa et supérieures à celles du Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH) », martèle Fitch dans sa note.
Performance financière de la SGM
« Société Générale Maroc démontre sa capacité à maintenir un équilibre entre ses initiatives d’investissement et sa discipline financière, et affiche à ce titre une progression limitée de 1,32 % des frais généraux en social. Les frais généraux en consolidé sont en baisse de 3,22 % », révélait la banque dans sa dernière communication financière.
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Rappelons d’ailleurs que la SGM est la cinquième banque du royaume, avec 6 à 7 % de parts de marché des prêts et des dépôts. Société Générale Maroc était également la filiale africaine la plus rentable de la banque française, comme en témoigne son produit net bancaire, qui a enregistré une hausse de 4,36 % au troisième trimestre de 2024 (à 4,3 milliards de dirhams).
Quelles conséquences ?
Selon une source proche du secteur financier, « la dégradation de la note nationale à long terme de la Société Générale Marocaine de Banques (SGMB) de AAA(mar) à AA(mar) par Fitch Ratings peut avoir plusieurs conséquences importantes. Tout d’abord, cette dégradation pourrait entraîner une augmentation des coûts de financement pour SGMB. Une note plus basse reflète un risque de crédit perçu comme plus élevé, ce qui incitera les investisseurs à exiger des rendements plus importants, rendant l’accès aux marchés financiers plus coûteux.
Ensuite, cela peut affecter la confiance des clients et des partenaires. Les grandes entreprises multinationales, qui représentent une part importante de la clientèle de SGMB, pourraient remettre en question la solidité de la banque ».
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Un économiste, Mehdi Fakkir, estime pour sa part que cette décision manque de justesse : « Nous ne comprenons pas les arguments avancés par le cabinet, surtout que la transaction a été réalisée sous l’œil vigilant du régulateur », souligne-t-il. Selon lui, tout a été fait dans les règles de l’art.
Une autre source interne à la banque se veut rassurante : « Depuis un moment, le cabinet nous avait notifié que la note de la banque était sous surveillance. Dans l’ensemble, cela n’impacte pas le groupe. Sur la note à long terme à l’international, nous sommes les mieux classés, tout comme sur la note à court terme domestique. C’est uniquement sur la note à long terme locale que nous avons perdu un A. Cela s’explique par la perte de notre actionnariat international, qui pouvait offrir un soutien économique en cas de difficulté. »
Les trois grands de la notation
Les trois principales agences de notation, Moody’s, Standard and Poor’s (S&P) et Fitch Ratings, appelées le Big Three, contrôlent environ 95 % des notations sur les marchés financiers.
D’autres agences, telles que Dunn and Bradstreet, DBRS et Bureau van Dijk, sont également des acteurs, bien que moins connus. Les agences de notation sont régulées par différentes organisations selon la zone géographique.
Par exemple, la Securities and Exchange Commission (SEC) régule les agences basées aux États-Unis. En Europe, c’est l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA) qui supervise ces acteurs. Au Royaume-Uni, cette responsabilité sera assurée par la Financial Conduct Authority (FCA) après le Brexit.