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Pourquoi la 5G tarde à voir le jour au Maroc ?

Annoncée chaque année, la 5G joue décidément l’Arlésienne. Aux Technology Days, même si les opérateurs continuent de louer ses avantages, son arrivée semble incertaine.

Le Maroc, depuis quelques années, a décidé de faire de la digitalisation un des piliers centraux de son développement et un atout majeur dans l’amélioration de sa gouvernance. À seulement quelques années du Mondial 2030, où tous les yeux du monde seront rivés sur le Maroc, le pays a pour ambition de faire un saut qualitatif à tous les niveaux : stades, hôtellerie, sécurité, transport et… télécommunications.

En ce qui concerne ce dernier point, l’Organisation internationale exige que le pays hôte se dote des meilleures infrastructures et des technologies de pointe pour le réseau de téléphonie mobile et d’Internet. Il y a lieu de noter qu’en 2022, le Qatar avait déployé un important réseau 5G couvrant tous les stades ainsi que d’autres zones, telles que les aéroports, les métros et les fanzones.

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Selon une étude de l’équipementier Ericsson, parue en 2022, le Maroc figure parmi les 15 marchés émergents ayant des avantages économiques, sociaux et environnementaux liés à la connectivité 5G. Le Royaume fait également partie des pays africains qui sont appelés à émerger dans ce domaine, avec un effet de levier de 15 milliards de dirhams sur l’industrie et l’agriculture. Plus loin, Ericsson affirme que les abonnements 5G dans la région MENA devraient atteindre 270 millions d’ici la fin de 2028.

En attendant, le lancement de la 5G au Maroc, à la veille du Mondial, n’est pas encore une réalité. Qu’est-ce qui bloque ? Selon une de nos sources proches du dossier, l’un des enjeux est aujourd’hui la question de la mutualisation des efforts à la lumière des véritables coûts d’investissement. « Dans certains pays, on a une mutualisation d’équipements et une entité tierce qui joue le rôle de régulateur », précise l’expert. « Aujourd’hui, il y a une pression sur l’ANRT pour lancer l’appel d’offres de la 5G. Plusieurs réunions ont eu lieu avec les principaux fournisseurs, Huawei, Nokia et Ericsson, ainsi qu’avec les opérateurs concernés. »

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De son côté, l’expert en télécoms Khalid Ziani est revenu sur les enjeux télécoms qu’implique l’organisation du prochain Mondial par le Maroc (dans le cadre du trio avec l’Espagne et le Portugal). « Il y a un secteur qui doit servir de carburant et de vecteur de connectivité mondiale à cette grosse machine : c’est bel et bien celui des télécoms. En effet, les télécoms en particulier, et l’IT en général, devraient bénéficier de retombées directes et indirectes illimitées. Sauf que les prérequis techniques de l’organisation d’un tel événement, d’envergure internationale, supposent l’accélération dès cette année d’une série de chantiers structurants », confie Ziani.

Et d’ajouter : « Parmi ces chantiers, l’attribution aux opérateurs des licences 5G. » Notons d’ailleurs que le Mondial du Qatar, qui a connu un franc succès, avait consacré pas moins de 20 milliards de dollars pour mettre en place les infrastructures télécoms. « Les télécoms sont un maillon fort. Pour relever le défi du Mondial, le Maroc n’a pas d’autre choix que d’accélérer le chantier de la 5G et des infrastructures télécoms », alerte Ziani.

Dans le même sens, le président de l’AUSIM, Hicham Chiguer, nous confie que la 5G fera ses premières apparitions au Maroc courant 2025. Et de préciser : « Vu l’officialisation de la Coupe du monde, les choses vont s’accélérer. »

Quel enjeu ?

Pour le président de l’AUSIM, la 5G aura un véritable effet levier sur l’émergence de l’industrie 4.0. Pour Chakib Achour, directeur de la stratégie commerciale marketing de Huawei, « le Maroc pourrait être le premier à lancer cette technologie sur le continent ». Et d’ajouter : « La 5G est la base de l’industrie 4.0. »

Selon une étude du groupe français Orange, la 5G va offrir un débit jusqu’à 10 fois plus rapide que la 4G, en faisant passer le temps de téléchargement d’un film en haute définition de 1 h 40 à 20 minutes. Pour l’internaute, cela signifie un accès plus rapide à des contenus audiovisuels en haute définition, ainsi qu’aux jeux en streaming, un marché en pleine explosion. Mais plus que la vitesse, c’est la possibilité de faire circuler en masse des milliards de données, sans engorgement, qui fait la différence majeure avec les réseaux mobiles précédents. La 5G est fréquemment présentée comme la technologie de « l’Internet des objets », un monde dans lequel des équipements connectés à Internet pourront dialoguer entre eux, sans intervention humaine.

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Côté économique, les enjeux ne semblent pas trop bling-bling. C’est du moins ce que nous a confié un acteur de l’écosystème télécoms, qui a voulu rester sous le couvert de l’anonymat. « Nous avons à faire, dans ce chantier, à des investissements colossaux pour une rentabilité hypothétique, du fait de la faible valeur ajoutée », explique notre source. Et d’ajouter : « Il n’y a pas, pour le moment, d’applications qui justifient l’utilisation de la 5G pour la grande masse des usagers. »

S’inspirer du modèle finlandais ?

Depuis quelque temps, l’expert Khalid Ziani prêche pour que le Maroc s’inspire du modèle de développement de la 5G en Finlande. Dans ce pays nordique, le taux de connexion à la 5G est en augmentation depuis 2020. La couverture des ménages urbains est passée de 12,4 % à près de 95 % en 2023, selon la plateforme mondiale spécialisée dans les données statistiques, Statista. Selon l’expert, le Royaume devrait s’inspirer de l’expérience finlandaise, surtout si l’on sait que le processus d’implémentation de la technologie 5G dure environ six à sept ans, entre la date d’attribution des fréquences et le déploiement sur tout le territoire.

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Pour l’expert, l’adoption de cette technologie de haut débit nécessite, au préalable, la généralisation de la fibre optique sur l’ensemble du territoire marocain. Au Maroc, même si cette technologie est présente, son spectre demeure assez faible. Seuls 336 000 clients en ont bénéficié en 2021, soit un taux de pénétration du haut débit de 3,9 %, selon l’ANRT (comparativement : Tunisie 7 %, Algérie 7,7 % et Égypte 5,4 %). Les raisons de ce retard tirent leur substrat des problématiques d’un cadre réglementaire très rigide. La loi télécoms n’a pas prévu le chaînon manquant des « opérateurs d’infrastructures télécoms », nous confie une autre source. « Ce cadre rigide ne permet pas le partage et la mutualisation de ces infrastructures. Des acteurs publics qui détiennent des réseaux de fibres excédentaires (l’ONCF, l’ONEE et ADM) ne peuvent pas les commercialiser à d’autres opérateurs, très exigeants en connectivité télécoms, hormis les opérateurs télécoms. Par exemple, l’ONCF dispose d’un réseau de fibre de 2 700 km dont 70 % ne sont pas utilisés. »

Notons que les deux autres co-organisateurs, l’Espagne et le Portugal, ont déjà respectivement déployé 85 % et 90 % du réseau FTTH sur leur territoire. Pour relever ce challenge, il faudra impérativement que les trois opérateurs télécoms mutualisent leurs infrastructures, ce qui n’est toujours pas le cas, prévient l’expert Ziani.

 
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