Géopolitique

Pourquoi le Maroc a pu libérer des agents français de la DGSE détenus au Burkina Faso [Vidéo]

L’arrestation et l’incarcération de quatre agents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) au Burkina Faso en 2023 ont marqué un tournant dans les relations diplomatiques entre Paris et Ouagadougou. Ces agents, en mission officielle, ont été libérés après près d’un an de détention grâce à une médiation menée en coulisses par le Maroc.

Cet épisode souligne non seulement les compétences diplomatiques du Royaume, mais aussi son rôle de puissance régionale incontournable et de partenaire fiable pour la résolution des crises africaines.

Une arrestation sur fond de tensions diplomatiques

Fin novembre 2023, quatre agents de la DGSE arrivent au Burkina Faso pour une mission discrète. Cependant, leur séjour tourne court : ils sont arrêtés moins de 48 heures après leur arrivée, accusés par les autorités burkinabè d’activités d’espionnage. Ce contexte tendu survient alors que les relations diplomatiques entre la France et le Burkina Faso se sont nettement dégradées. L’affaire est rendue publique par un journaliste, Benjamin Roger, qui émarge aujourd’hui au journal le Monde.

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Depuis la prise de pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, le Burkina Faso s’est éloigné de son ancien partenaire colonial pour se rapprocher de la Russie, favorisant l’implantation du groupe Wagner dans la région. Ce basculement géopolitique complique toute tentative de dialogue direct entre Paris et Ouagadougou. L’arrestation des agents s’inscrit également dans une dynamique où le Burkina Faso cherche à affirmer son indépendance en se montrant intransigeant face à toute ingérence extérieure.

Dans ce contexte explosif, le Royaume du Maroc, fort de sa réputation de médiateur neutre et bienveillant, émerge rapidement comme l’acteur clé pour résoudre cette impasse. Ce rôle découle de ses liens historiques et de sa politique de coopération avec plusieurs pays africains, y compris le Burkina Faso.

Une médiation complexe et des options limitées

Face à cette crise, les premières tentatives de médiation entreprises par la France échouent. Paris sollicite initialement le Togo et les Émirats arabes unis, habituels relais diplomatiques dans la région, mais ces efforts restent infructueux. L’hypothèse d’une intervention militaire pour extraire les agents est également envisagée, mais elle est rapidement abandonnée en raison des risques élevés pour les otages et pour les relations déjà dégradées avec Ouagadougou.

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C’est dans ce contexte que la France se tourne vers le Maroc au printemps 2024. Le Royaume, grâce à sa position stratégique en Afrique, jouit d’un statut de médiateur de confiance auprès de nombreux pays du continent. Ses liens solides avec le Burkina Faso, consolidés par des années de coopération bilatérale dans les domaines économique et sécuritaire, lui confèrent une légitimité unique pour intervenir.

Le Maroc agit discrètement, mobilisant ses réseaux diplomatiques et sécuritaires pour établir un canal de communication avec les autorités burkinabè. En parallèle, Rabat maintient une posture d’équilibre, évitant de s’impliquer directement dans les tensions entre Paris et Ouagadougou, tout en se positionnant comme un partenaire bienveillant.

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Entretemps, les relations passables entre Paris et Rabat connaissent une embellie remarquable à l’été 2024 lorsque le président Emmanuel Macron adresse une lettre officielle au Roi Mohammed VI, reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Ce geste historique, qui répond à une revendication centrale de la politique marocaine, renforce les liens entre Rabat et Paris. Il offre également une motivation supplémentaire pour le Maroc de jouer un rôle encore plus déterminant dans la libération des agents français.

La médiation marocaine s’accélère, et des négociations complexes se déroulent loin des regards du public. L’expertise diplomatique marocaine et son approche pragmatique s’avèrent décisives pour surmonter les obstacles.

Le Maroc, un acteur incontournable en Afrique

En décembre 2024, la médiation marocaine porte ses fruits. Les quatre agents de la DGSE sont enfin libérés. Pour le Maroc, cette réussite consolide son statut de puissance régionale influente et fiable. Le Royaume a démontré sa capacité à naviguer dans des situations complexes, mêlant intérêts sécuritaires, diplomatie et géopolitique. Sa médiation dans cette affaire illustre son rôle de pilier de la stabilité en Afrique.

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Au-delà de cet épisode, l’affaire des agents français au Burkina Faso reflète la stratégie diplomatique proactive du Maroc en Afrique. En tant que partenaire privilégié de nombreux pays du continent, le Royaume s’appuie sur sa stabilité politique, son expertise sécuritaire et ses liens historiques pour intervenir efficacement dans des crises complexes.

Interlocuteur crédible et bienveillant, le Maroc est capable de bâtir des ponts entre des acteurs aux intérêts divergents. Ce rôle est d’autant plus crucial dans un contexte où l’Afrique fait face à des défis croissants, allant de l’instabilité politique aux rivalités géopolitiques entre grandes puissances.

 
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