Industrie

Quand le Maroc prend le Gaming au sérieux

Longtemps minimisé, le gaming est devenu de nos jours, partout dans le monde, une industrie à part entière. Au Maroc, cette discipline attire de plus en plus toutes les tranches d’âge et affiche de véritables ambitions.

Selon Statista, « les recettes du secteur du jeu vidéo s’élevaient à plus de 155 milliards de dollars américains dans le monde en 2021. Ce développement du secteur s’explique par l’augmentation du nombre de plateformes mais également des types de jeux proposés aux consommateurs. Ainsi, les jeux vidéo attiraient en 2022, un peu moins d’1,8 milliard de joueurs à travers le monde ». L’augmentation du nombre de gamers a permis aux jeux vidéo de gagner une dimension sociale et a par ailleurs permis l’émergence de nouveaux secteurs tels que le streaming gaming ou l’e-sport. De nos jours, avec l’omniprésence des smartphones, des tablettes, des PC et consoles, cette industrie est en plein essor dans de nombreux pays.

Lire aussi | C’est parti pour le 1er salon du gaming au Maroc

Devenir un pro-gamer et gagner sa vie avec cette passion, comme d’autres le font avec le football ou le tennis, séduit des milliers d’e-sportifs. Depuis quelques années, le gaming gagne de plus en plus d’espace et se répand à un rythme très accéléré au Maroc, ce qui a engendré la création de l’E-sport Academy et de la Inwi e-league. Pionnière sur le continent, la ville de Rabat a récemment accueilli la première édition du Morocco Gaming Expo, une initiative visant à promouvoir l’industrie nationale du gaming. Dans les détails, l’occasion était de mettre en exergue les diverses composantes techniques, artistiques, créatives, éducatives et financières de ce secteur, dont le marché mondial est estimé à plus de 270 milliards USD et devrait atteindre plus de 610 milliards USD à l’horizon 2032. Et si ce secteur affiche une croissance exponentielle, le Maroc souhaite en tirer profit.

Lire aussi | Gaming au Maroc. Le marché de 207,80 millions d’euros profite-t-il aux acteurs locaux ?

« Le Maroc semble confronté à un certain paradoxe. Le Maroc est un pays jeune, en tout cas comparativement aux pays occidentaux, avec des habitudes digitales en forte croissance, mais le taux d’intégration de l’industrie du gaming dans l’économie marocaine semble encore très perfectible. A fortiori que la compétence de nos ingénieurs et de nos techniciens est éprouvée, ce qui ouvre le champ des possibles en termes de coding et de programmation. Lorsque l’on parle d’un chiffre d’affaires de 6 milliards d’euros pour l’industrie du gaming en France par exemple, à iso-PIB, ce chiffre d’affaires devrait être de l’ordre des 3, voire 4 milliards de dirhams chez nous. Tout chiffre inférieur semble révélateur d’un gain potentiel de productivité, à aller chercher au plus vite », prévient Hicham Alaoui, CEO d’Alliance Trade.

Une véritable volonté politique

« Le ministère de la Culture ces dernières années a fait de ce secteur une priorité. On le voit au travers du projet Game City à Rabat et son expansion très prochainement à Casablanca », nous confie Mehdi Alaoui, CEO de StartupNation. Selon notre interlocuteur, ce secteur est très prometteur à la lumière des chiffres. « Aujourd’hui, il y a une véritable nécessité de se doter d’un écosystème de codeurs de jeux si le Maroc veut atteindre ses ambitions dans ce secteur. Sans oublier bien entendu la dimension investissement car c’est un secteur budgétivore. La production d’un jeu peut dépasser les 100 millions de dollars », précise Mehdi Alaoui. « À l’image d’autres grands secteurs, le Maroc doit attirer de grands noms tels qu’Ubisoft. »

Lire aussi | L’UM6P et l’OCP soutiennent le projet «Climate Impulse»

Il faut d’ailleurs noter que le ministère de la Culture a fait de ce secteur une priorité. « Sur le plan national, le gaming est une filière émergente et offre d’énormes opportunités d’emplois et d’investissement pour le Maroc. Dans ce cadre, le Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication a lancé en 2022 la stratégie du gaming autour de quatre axes :

  • La mise en place des infrastructures technologiques et d’accueil dont Rabat Gaming City.
  • Le développement des initiatives liées à la formation dans le secteur du gaming : couverture de l’ensemble des besoins et renforcement de l’existant.
  • La structuration des incubateurs et le soutien aux investisseurs locaux et internationaux par des dispositifs attractifs.
  • La promotion nationale et internationale du secteur : communication, présence dans les salons à l’étranger, Salon du gaming à Rabat « Morocco Gaming Expo ».

Lire aussi | Trois startups marocaines prêtes à s’illustrer à l’international

Contactée par Challenge, une de nos sources au ministère nous confie que l’enjeu de ce secteur réside aujourd’hui au niveau de la dimension technologique et surtout juridique. « Le secteur des jeux nécessite une véritable technologie. Il y a lieu aujourd’hui de penser à un gaming qui repose sur la culture marocaine », explique notre source. Et d’ajouter : « Il faut également se pencher sur la dimension juridique. Le jeu est un outil social, et au sujet des jeux violents, il y a nécessité d’avoir une véritable réglementation. »

Le plan Gaming

Le ministère, lors du salon, a levé le voile sur les ambitions du Maroc dans ce secteur, notamment avec la création d’une ville dédiée à l’industrie des jeux électroniques qui regroupera des entreprises nationales et internationales, ainsi que des entreprises émergentes dans ce domaine. Dans les détails, le ministère envisage d’impulser une zone industrielle spécialement conçue pour stimuler le développement de l’industrie des jeux électroniques au Maroc. L’objectif principal de ce projet novateur est d’attirer des investissements internationaux dans ce secteur en plein essor et de positionner le Maroc comme une plateforme leader dans l’industrie des jeux électroniques, aussi bien à l’échelle africaine qu’internationale, créant ainsi un système économique capable de générer 5 000 nouvelles opportunités d’emploi aux jeunes Marocains, dont 3 300 offres d’emploi directes.

 
Article précédent

Le journaliste Abdessadaq Benissa n’est plus

Article suivant

Vague de chaleur de mardi à jeudi au Maroc