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Éducation : L’IA posera-t-elle problème ?

L’usage du robot d’OpenAI inquiète les enseignants, en particulier ceux des sciences humaines, l’outil étant particulièrement performant dans ces domaines. Faut-il réguler son utilisation ?

En quelques mois, ChatGPT s’est imposé comme un outil incontournable pour bon nombre de personnes. Aujourd’hui, dans presque tous les secteurs, cette technologie, au nom de la rapidité et d’une certaine paresse intellectuelle, fait le bonheur de millions d’utilisateurs dans le monde.

Dans le secteur de l’éducation, les étudiants, en particulier dans les sciences humaines, là où il excelle à structurer des arguments, rédiger des dissertations et analyser des concepts complexes, s’en emparent massivement. Cette efficacité suscite cependant une vive inquiétude chez les enseignants, qui voient émerger un nouveau type de triche scolaire, plus insidieux et difficile à détecter.

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Contrairement au simple copier-coller d’Internet, l’IA générative produit des contenus originaux et bien rédigés, rendant la fraude plus subtile. Certains professeurs constatent une uniformisation des copies, des arguments trop bien construits pour être spontanés, ou encore des références mal maîtrisées, signes d’un recours excessif à ces outils.

Face à ce phénomène grandissant, les établissements scolaires sont confrontés à un dilemme : faut-il interdire ChatGPT à l’école ? Aujourd’hui, la régulation de ces technologies soulève un enjeu plus large : celui de l’évaluation des connaissances à l’ère de l’intelligence artificielle.

Les méthodes traditionnelles — dissertations à domicile, travaux de recherche — sont de plus en plus remises en question, incitant certaines institutions à privilégier des examens surveillés ou des oraux pour garantir l’authenticité du travail. D’autres explorent des solutions technologiques, comme des logiciels de détection d’IA, dont l’efficacité reste limitée. Rappelons d’ailleurs que l’UNESCO s’était penchée sur la question dans un guide publié, alertant sur les avantages mais surtout les risques de l’IA dans le secteur de l’éducation.

Faut-il faire une pause dans certains secteurs ?

Aujourd’hui, dans nos sociétés, l’IA est perçue comme l’avenir. Sauf que cette technologie, bien qu’utile, présente certaines limites qui doivent faire l’objet d’une réflexion sérieuse.

Étant à ses débuts, il faut bien admettre que certains esprits brillants ont appelé à adopter une approche vigilante face à cette technologie, notamment parce que son ampleur reste en partie inconnue. Dans le secteur scolaire, le débat est lancé : que faire face à cette transmutation qui met à mal le mécanisme de l’apprentissage ?

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« L’essor des IA génératives comme ChatGPT pose inévitablement des questions sur l’intégrité académique, notamment dans les sciences humaines où l’expression et l’analyse critique sont au cœur de l’évaluation. Toutefois, considérer cet outil uniquement sous l’angle de la ‘triche’ est réducteur. ChatGPT, comme toute technologie, est un amplificateur de capacités : il peut être utilisé pour approfondir des réflexions, structurer des idées et même aider à l’apprentissage, à condition d’être encadré », confie Youssef Maddarsi, CEO de Naoris.

Et d’ajouter : « L’enjeu majeur réside dans l’éducation à son bon usage. Il ne s’agit pas de bannir l’IA des écoles, mais plutôt d’enseigner aux étudiants comment l’utiliser de manière éthique et critique. Cela passe par des formations spécifiques, une adaptation des méthodes d’évaluation (plus d’oraux, d’exercices in situ) et la mise en place d’outils de détection des abus. Enfin, il ne faut pas oublier que l’intelligence artificielle elle-même peut être une solution contre la triche. Des technologies de vérification, d’analyse de style ou encore d’authentification biométrique peuvent être intégrées dans les plateformes éducatives pour garantir l’originalité des travaux. L’avenir n’est pas dans la censure, mais dans la régulation intelligente et la responsabilisation des utilisateurs ».

De son côté, le président de l’Apebi, Redouane Elhaloui, explique : « L’arrivée de ChatGPT dans les écoles inquiète effectivement, mais l’histoire est claire : chaque nouvelle technologie bouscule nos habitudes. Avant les smartphones, nous connaissions des dizaines de numéros de téléphone par cœur. Aujourd’hui ? À peine deux. Avons-nous perdu nos capacités ? Non, nous les avons déplacées. L’IA doit suivre le même chemin. Au lieu de l’interdire, utilisons-la pour développer l’esprit critique : confronter des idées, analyser des textes, pousser à la réflexion. Mais pour cela, il faut adapter l’évaluation : plus d’oraux, plus de travaux en classe, plus d’analyses de contenus générés par l’IA. Réguler, oui, mais avec bon sens : apprendre à l’utiliser, exiger la transparence sur son usage, et surtout, former les enseignants. ChatGPT ne change pas la triche, il révèle les limites d’un système basé sur la restitution plutôt que sur la réflexion. À nous de faire évoluer l’éducation ».

 
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