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Qui est l’ambassadeur Abdellah Ben Aicha cité par Macron lors de son discours devant le Parlement marocain ?

Lors de sa récente visite d’État au Maroc, le président français Emmanuel Macron a prononcé un discours devant le Parlement marocain où il a évoqué Abdellah Ben Aicha, un personnage historique ayant joué un rôle unique dans les relations entre le Maroc et la France au XVIIe siècle.

Corsaire de Salé, ville portuaire réputée pour ses marins et corsaires, Ben Aicha a été envoyé en mission diplomatique en France sous le règne de Louis XIV. Cette mention par Macron fait écho aux relations historiques entre les deux pays et met en lumière l’histoire méconnue de ce personnage fascinant.

Corsaire et diplomate

Né vers la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle, Abdellah Ben Aicha est originaire de Salé, alors un port dynamique connu pour sa communauté de corsaires. À l’époque, ces derniers jouaient un rôle important dans la protection des intérêts maritimes du Maroc en Méditerranée et au-delà. Ben Aicha, en plus de son rôle de corsaire, a rapidement gagné la confiance du sultan Alaouite Moulay Ismaïl, qui régnait alors sur le Maroc.

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Connu pour son charisme et son intelligence, Ben Aicha s’est vu confier des missions diplomatiques de haute importance. En 1682, il est envoyé par Moulay Ismaïl en France avec une mission singulière : négocier des accords commerciaux et sécuritaires avec Louis XIV, le Roi Soleil. Ce voyage diplomatique visait non seulement à renforcer la protection des navires marocains dans les eaux internationales, mais également à établir une alliance contre les puissances rivales, telles que les puissances chrétiennes qui dominaient alors les mers.

Une mission hors du commun

La mission de Ben Aicha à la cour de Versailles marque l’histoire des relations diplomatiques marocaines. En arrivant en France, il impressionne la cour par son assurance et son éloquence. Selon certains récits historiques, il aurait été chargé de demander la main d’une des filles de Louis XIV, en vue de renforcer les liens diplomatiques. Bien que cette demande ait été symbolique, elle témoignait de l’ambition du Maroc de se rapprocher de la France et de créer des alliances stratégiques.

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Les négociations portaient principalement sur des accords de commerce maritime et de protection des navires marocains en Méditerranée. À l’époque, les corsaires de Salé entretenaient des relations ambivalentes avec les puissances européennes, menant parfois des raids mais aussi concluant des accords commerciaux. En 1682, les pourparlers de Ben Aicha à Versailles se concentrèrent sur la sécurité des mers et la libre circulation des navires marocains en Méditerranée, qui étaient souvent pris pour cibles par les flottes européennes.

L’héritage diplomatique de Ben Aicha

Si l’alliance matrimoniale n’a jamais vu le jour, la mission de Ben Aicha a néanmoins contribué à renforcer les liens entre la France et le Maroc. Son passage à Versailles a laissé une impression durable à la cour française, et Louis XIV a même mentionné le caractère remarquable de cet ambassadeur marocain dans ses lettres. Les échanges diplomatiques de l’époque ont permis de poser les bases des relations franco-marocaines, avec un respect mutuel qui, malgré les différences culturelles, a perduré au fil des siècles.

Abdellah Ben Aicha représente ainsi une figure de diplomate avant-gardiste, qui a su adapter son rôle de corsaire aux exigences de la diplomatie internationale. En exploitant son statut et ses compétences de marin, il a su naviguer entre deux mondes : celui des corsaires de l’Atlantique et celui des diplomates des grandes cours européennes. Cette capacité à endosser plusieurs rôles a permis à Ben Aicha d’être un pionnier dans les relations diplomatiques marocaines, mettant en avant la force et la souveraineté du Maroc face aux puissances européennes de l’époque.

L’hommage de Macron à l’héritage des relations franco-marocaines

En citant Abdellah Ben Aicha dans son discours, Emmanuel Macron a voulu rappeler la profondeur historique des relations entre le Maroc et la France, ancrées dans des siècles de diplomatie, d’échanges culturels et de respect mutuel.

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L’histoire d’Abdellah Ben Aicha, bien que peu connue du grand public, témoigne des premiers efforts du Maroc pour établir un dialogue avec les puissances européennes, à une époque où le monde se divisait autour de rivalités maritimes et commerciales. En évoquant Ben Aicha, Macron souligne l’importance de ce passé partagé, affirmant que les relations entre la France et le Maroc reposent sur un socle solide de coopération et de respect qui continue d’inspirer les générations actuelles.

Une histoire commune illuminée par des figures d’exception

Dans son discours, Emmanuel Macron a également cité d’autres figures symboliques, comme le lettré Idriss Al Amraoui, qui fit le voyage en France en 1860, rapportant son témoignage au sultan Mohammed IV. Le président français a également évoqué les nombreux artistes français, tels que Delacroix, Matisse, et Majorelle, qui ont été inspirés par le Maroc, voyant dans ce pays une source inépuisable de beauté et d’admiration. L’hommage à ces figures souligne la richesse de cette mémoire partagée, faite de moments de collaboration, mais aussi de défis diplomatiques.

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Ainsi, à travers Abdellah Ben Aicha, Macron célèbre l’héritage des relations franco-marocaines, soulignant que, malgré les époques et les différences culturelles, la France et le Maroc ont su entretenir un dialogue qui transcende le temps et qui continue d’inspirer les liens entre les deux nations.

 
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