Remboursement des frais de santé. Une question de numérisation avant tout
Nadia Fettah Alaoui est montée au front pour expliquer aux députés que le retard dans le remboursement des frais de santé et de médicaments est dû au retard pris par la numérisation des services et n’a rien à voir avec la politique monétaire et fiscale suivie par l’exécutif.
On peut avoir «économiquement raison», mais «politiquement tort» car après tout, c’est la minorité des citoyens les plus lésés qui est la plus visible : si la ministre de l’Économie et des Finances a bien expliqué que « les remboursements des frais de santé et de médicaments sont traités en moins de 60 jours dans 76 % des cas», il faudra bien tenir compte des revendications du quart des affiliés restants. Pourtant , on ne peut pas reprocher à Nadia Fettah Alaoui de ne pas avoir été explicite dans ses explications détaillées devant les honorables représentants du peuple de la Chambre des représentants qui s’inquiètent du retard pris dans le remboursement des dépenses de santé. Lundi dernier, la responsable a ainsi précisé que 76 % des demandes de remboursement des frais de soins et de médicaments sont actuellement traitées dans un délai de moins de 60 jours. Et pour les 24 % restants, la ministre , tout en regrettant que ces citoyens soient à la traîne, a souligné que la numérisation des administrations à l’instar de la Caisse nationale de la sécurité sociale, qui a investi dans un nouveau système informatique fournira davantage de services aux affiliés.
Lire aussi | Paris : des jeux olympiques sans leur sens originel
S’il y a bien des retards, il faut néanmoins reconnaître que le service fourni par les caisses de santé s’est quand même bien amélioré. Les retards ont diminué même si les problèmes persistent au niveau de la numérisation des factures, car une facture qui n’a pas été correctement remplie pose forcément problème. Sur le plan législatif, il faut rappeler que la loi 65-00 et la loi 55-19 ont précisé les délais de prise en charge, de forclusion (délai légal pour déposer le dossier de facturation) et de paiement. Quand le délai légal pour instruire une demande de prise en charge est de 48H ouvrables, le délai légal pour déposer un dossier de facturation est de 90 jours et le délai légal requis pour payer les producteurs de soins est de 60 jours.
D’une manière générale, le dossier de la généralisation de la couverture médicale est suivi de près par les citoyens car la protection sociale reste le seul moyen de faire face aux risques auxquels ces citoyens sont confrontés à différents moments de leur vie que ce soit la maladie, l’invalidité, ou la vieillesse, éléments inclus dans la protection sociale à travers l’Assurance maladie obligatoire de base.
Lire aussi | Un accord enfin scellé entre le ministère de la Santé et les syndicats
Ce projet royal qui trace les politiques publiques qui seront adoptées pour mettre en œuvre les contenus du modèle de développement nécessite la participation de tous les acteurs, l’État, les collectivités locales, les secteurs public et privé, se heurte à la question épineuse du financement. La couverture médicale, rempart incontournable contre les inégalités d’accès aux soins médicaux ne peut être pérenne en l’absence d’un financement constant, ce qui représente un défi considérable pour l’établissement de systèmes de santé résilients.
S’il est nécessaire de cibler et d’identifier les personnes pauvres et vulnérables qui nécessitent véritablement une prise en charge par l’État dans le cadre de la couverture sanitaire universelle (CSU), mission complexe dans un pays où le secteur informel occupe une place significative dans l’économie, il est aussi nécessaire de réfléchir à des mesures incontournables pour garantir la viabilité financière du système de santé marocain.