Ressources hydriques. La crise est toujours là
La question de l’eau a une dimension chronique et structurelle. Les dernières pluies et chutes de neige ne devraient surtout pas le faire oublier. Des changements radicaux sont incontournables dans la «politique de l’eau» pour éviter le pire.
D’après la dernière publication de la Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF), le taux de remplissage des barrages a atteint 34,8%, au 15 mars 2023, contre 32,8%, au 15 mars 2022. Cette amélioration concerne 40 barrages sur un total de 62. C’est dire que les dernières pluies et chutes de neige ont à peine permis le maintien d’un certain niveau et non pas une amélioration substantielle. Cette hausse est aussi à relativiser, compte tenu du niveau d’envasement des barrages. Dans l’absolu, la hausse est de 2%, en ce début d’année 2023, par rapport à la même période de l’année 2022. De manière plus détaillée, sur le plan géographique, la situation des barrages fait apparaitre que la majorité des régions ont bénéficié de cette hausse des réserves d’eau des barrages, entre mars 2022 et mars 2023. La première région est l’Oriental, avec une augmentation exceptionnelle de + 168,4%. C’est là une hausse bénéfique aussi bien pour l’eau potable que pour l’eau agricole, dans une région bien connue pour ses cultures destinées surtout à l’export. Pour Marrakech-Asfi, où prédominent les céréalicultures, la hausse a été de + 47,6% et de + 28,6%, pour Souss-Massa, où les cultures sont tournées principalement vers l’export. Pour la région Tanger-Tétouan-El Hoceima, la hausse a été de + 19%. Alors que pour Rabat-Salé-Kénitra, elle a été de + 1,9%. Le taux de remplissage a dépassé 50% dans certaines régions telles que Fès-Meknès (60,2%), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (59,6%) et Rabat-Salé-Kénitra (52,6%).
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Cette conjoncture pluviale favorable a permis d’atténuer le stress hydrique qui dépend de cycles plus longs. L’eau est devenue la première ressource stratégique. Outre le réchauffement climatique dont les causes et les solutions sont à la fois globales et locales, les politiques de l’eau sont appelées à connaitre des changements profonds pour favoriser un processus d’adaptation de tous les secteurs consommateurs des ressources hydriques. Et c’est en particulier le cas de l’agriculture dont l’adaptation est incontournable. Un travail intense de vulgarisation s’impose. La surexploitation actuelle des eaux souterraines pour compenser le déficit pluviométrique ne peut être que destructive, à moyen long terme, de l’ensemble des écosystèmes naturels. La priorité stratégique devrait être donnée aux cultures à faible consommation d’eau. La «matière grise marocaine» est indispensable à la réussite de ce processus. Le dessalement de l’eau de mer pourrait juste permettre une réponse aux besoins prioritaires des populations en eau potable. Le recyclage des eaux usées a, pour l’instant, un usage limité.
Ces plantes nobles qui consomment peu d’eau
Certaines plantes bien connues consomment peu d’eau et résistent à la chaleur. C’est notamment le cas de l’arganier, arbre typiquement marocain dont les fruits peuvent être transformés aussi bien en produits alimentaires qu’en produits cosmétiques, très appréciés aussi bien sur le marché local qu’au niveau international. L’olivier, aussi, a toute sa noblesse. Les Marocains ont dû, cette année, faire face à une hausse importante du prix de l’huile d’olive, consommée souvent dès le matin, au petit déjeuner. Et le cactus qui, malgré ses épines, a toutes les faveurs des marocains, et dont l’huile obtenue à partir de la pression des graines est vendue à prix d’or. Sans oublier le somptueux caroubier avec lequel on fabrique le meilleur chocolat et dont les rebus servent d’aliment de bétail (…). Les vrais agriculteurs marocains du terroir sont bien familiarisés avec la nature et savent comment rétablir l’équilibre et garantir la durabilité des ressources dont l’eau, sans laquelle aucune vie, végétale, animale ou humaine, n’est possible.