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Retrait du président Biden : balle au centre

Le président des États-Unis a annoncé dimanche 21 juillet qu’il cessait sa campagne pour briguer un nouveau mandat face à Donald Trump. Diminué par son âge, le chef de l’État souhaite passer la main à Kamala Harris, sa vice-présidente. Mais rien n’est joué.

C’est la grande nouvelle de ces derniers jours de juillet. Bien que pressenti, le retrait de Joe Biden a néanmoins surpris l’opinion internationale. Le président démocrate de 81 ans cède ainsi sous la pression de son propre camp, inquiet de ses chances de victoire face à un Donald Trump rayonnant. Même si dans le gotha démocrate le visage de la vice-présidente Kamala Harris se démarque, le processus pour formellement remplacer Joe Biden risque d’être un peu technique. « Dans les prochains jours, le parti va entreprendre un processus transparent et discipliné pour aller de l’avant, en tant que Parti démocrate uni, avec un candidat qui peut battre Donald Trump en novembre », a assuré dimanche le chef du Parti démocrate Jaime Harrison sur X (anciennement Twitter).

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Rappelons que le président a été désigné comme le candidat des démocrates à la présidentielle lors d’une série de primaires, qui se sont tenues de janvier à juin. Il devait donc, en théorie, être intronisé lors de la convention du parti, à Chicago mi-août. Mais avec ce retrait, les délégués du parti, 3 900 personnes au profil très varié, sont désormais libres de choisir leur candidat. « Nos délégués sont prêts à prendre leur responsabilité de manière sérieuse pour présenter rapidement un candidat au peuple américain », a ajouté Jaime Harrison. Pour la petite histoire, un scénario à peu près comparable s’était présenté pour les démocrates le 31 mars 1968, quand le président Lyndon B. Johnson avait publiquement annoncé qu’il ne briguerait pas de second mandat, en pleine guerre du Vietnam. Le candidat choisi pour le remplacer in extremis, Hubert Humphrey, avait perdu. « La démission du Président Biden de sa course à la présidentielle américaine 2024 est un événement de grande importance pour les USA. Les péripéties de l’actuel Président Biden ont défrayé toutes les chroniques. Tous les observateurs ont pu se rendre compte de l’incapacité de Joe Biden à suivre le rythme imposé par Donald Trump. Les journalistes, les universitaires, les politiques et les simples citoyens américains ont appelé à mettre un terme au gâchis provoqué par le candidat Biden », nous confie l’expert en géopolitique Dirss Aissoui.

L’option de la vice-présidente ?

Joe Biden a, dès l’annonce de son retrait dimanche, dit soutenir sa vice-présidente Kamala Harris. Cependant, il faut noter qu’aucune règle ne prévoit que le colistier ou la colistière remplace automatiquement le candidat en titre. En attendant, Kamala Harris représente une adversaire sérieuse face au camp républicain. La vice-présidente américaine a déclaré dimanche compter « remporter l’investiture » démocrate pour la présidentielle de novembre en vue de « battre Donald Trump ». Elle a salué « l’acte désintéressé et patriotique » du président démocrate de 81 ans, qui a annoncé la soutenir comme candidate. « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour unifier le Parti démocrate – et unir notre nation – pour battre Donald Trump », a-t-elle écrit. « Le fait que Biden ait désigné Kamala Harris pour assurer la suite de son initiative ouvre grandes les portes aux supputations sur l’avenir incertain des démocrates aux USA. La vice-présidente de Biden n’a pas la même force que son colistier. De toutes les manières, Trump a d’ores et déjà annoncé que le match sera plus aisé avec Madame Harris. Actuellement, le jeu électoral est bien lancé et dans les six prochains mois, les électeurs américains se feront un réel plaisir de porter au pouvoir Trump et son colistier, encore jeune et porteur d’espoir », explique l’expert. Et d’ajouter : « Si Trump arrive au pouvoir comme il le souhaite, un certain nombre de dossiers seront traités avec célérité. Je signale ici la fin de la guerre avec l’Ukraine, la fin de l’aide apportée par les USA à Israël pour la guerre de Gaza. Le partenariat avec la Corée du Nord s’ouvrira de nouveau et, certainement, Trump apportera une nouvelle aide au Royaume du Maroc, identique à celle accordée au Maroc avec le Millenium Account. »

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En tant que première femme et première femme d’origine afro-américaine au poste de vice-présidente, Kamala Harris pourrait aussi être concurrencée par d’autres membres de la jeune garde du parti comme le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, la gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, ou encore le gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro.

Les cartes sont rebattues…

Attaqué sur son âge, le retrait de Biden laissant place à Harris chamboule l’argumentaire du camp Trump. Aux antennes de France Info, Amy Porter, porte-parole des démocrates en France, explique que jusqu’à présent, le camp des républicains menait une campagne « sur une seule chose, le fait que Joe Biden était trop vieux », sauf que désormais, ce sont les républicains « qui se retrouvent avec le candidat le plus vieux de l’histoire des États-Unis ». Cependant, certains défis demeurent : réaliser une campagne express de trois mois pour se faire connaître des plus de 250 millions d’Américains en âge de voter. Autre préoccupation, les fonds déjà levés par la campagne de Joe Biden ne seront pas facilement transférables à tout autre candidat d’un point de vue légal. Le nom de Kamala Harris étant déjà présent sur les documents officiels de la campagne de Joe Biden, certains experts arguent cependant que le contrôle des millions de dollars déjà récoltés pourrait lui être attribué plus facilement.

 
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