Nation

Révolution du Roi et du Peuple : 70 ans déjà, et un contrat social toujours d’actualité

L’Histoire authentique reste à écrire. La mémoire collective est source d’unité et de dynamisme permanent. Le 20 août 1953 est un moment exceptionnel de sursaut nationaliste, fondateur d’un nouveau contrat social.

Si l’Algérie voisine a été conquise et soumise par les armes dès 1830, il a fallu beaucoup plus de force et de ruse pour occuper le Maroc, avec un habillage juridique plus adapté au début du 20ème siècle. France et Espagne se partagèrent le territoire d’une nation dotée d’une histoire ancienne, mondialement reconnue. Tanger a reçu un « statut international ». Malgré le « Protectorat », mis en place en 1912, la résistance a continué. L’un des moments ultimes et hautement symboliques a été la « guerre du Rif » où l’armée d’une ancienne puissance coloniale, bien que conquérante d’une grande partie du continent dit américain, et ayant exterminé massivement les populations autochtones de ce continent, a été vaincue. Fait inacceptable à cette époque non seulement pour l’Espagne, mais aussi pour l’ensemble des forces coloniales dans le monde. La victoire d’Anoual, menée par Abdelkrim El Khattabi, en 1921, risquait de devenir un exemple pour les autres peuples.

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Après le désastre d’Anoual et l’humiliation infligée à l’armée coloniale espagnole, la résistance armée du Rif fut encerclée par une coalition armée regroupant les principales puissances coloniales, notamment l’Angleterre, la France et l’Espagne qui n’hésita pas à recourir à des armes chimiques. La défaite rifaine a profondément marqué l’histoire du Maroc. Malgré cette défaite, la résistance armée ne s’est jamais éteinte au Maroc. Au niveau mondial, Anoual devint un symbole et une référence pour les mouvements de libération nationale (MLN), notamment dans les méthodes de guérilla.

Dans les villes, continuait à émerger un mouvement nationaliste urbain, d’abord réformiste, et ensuite ouvertement indépendantiste. Le point culminant de cette évolution sera atteint le 20 août 1953, avec l’arrogance des forces coloniales françaises qui osèrent déposer Feu le Roi Mohamed V, pour le remplacer par une marionnette. Cet acte fit du Souverain Mohamed V un grand symbole de la nation marocaine et une source d’unification et de renforcement du mouvement national. Le contexte international était très favorable. Le vent de la décolonisation soufflait fort sur l’ensemble des continents. Les colonies elles-mêmes avaient consenti beaucoup de sacrifices pour mettre fin à la barbarie nazie et au fascisme en Italie (mais pas en Espagne, au Portugal et en Grèce où des régimes dictatoriaux vont survivre en Europe jusqu’aux années 1970). Les peuples colonisés luttaient pour leur émancipation du joug colonial.

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La radicalisation du mouvement national au Maroc, renforcée par la création de l’armée de libération nationale, poussa la France coloniale à négocier et à accepter le retour du Souverain Marocain.  Cette victoire fut l’occasion de sceller une union profonde entre le Trône et le MLN. Ainsi, un nouveau contrat social qui puise sa source dans la lutte anticoloniale était en gestation. Ce contrat social bien enraciné dans l’histoire nationale devait permettre au Maroc non seulement d’accéder à l’indépendance politique, mais aussi et surtout d’entamer la construction d’une économie souveraine et développée, et d’un Etat de droit démocratique, un Etat moderne respectueux des droits humains dans leur universalité, un Etat où les nouvelles générations marocaines, fières des luttes et des sacrifices des générations précédentes, prennent la relève pour assurer la permanence d’une dynamique innovatrice du Royaume, au sein de l’ensemble des nations du monde.

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Les générations actuelles ont besoin de cette mémoire authentique. C’est le rôle des historiens indépendants et des témoins encore vivants de cette époque pour réhabiliter cette mémoire, sans « tatouage », pour reprendre un concept clé du sociologue Abdelkebir Khattibi (la mémoire tatouée), non pas pour en faire une simple source de nostalgie, mais pour éclairer le présent et armer les jeunes d’un réel sentiment patriotique, tout en les immunisant contre le chauvinisme.  

 
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