Royaume-Uni: le Premier ministre promet de faire « regretter » leurs actes aux auteurs de violences anti-migrants
Les émeutes d’une violence inédite depuis plus de dix ans ont continué dimanche au Royaume-Uni, où un hôtel hébergeant des demandeurs d’asile a été pris pour cible à Rotherham (nord de l’Angleterre), le Premier ministre Keir Starmer promettant que les casseurs anti-migrants et islamophobes regretteraient leurs actes.
Les émeutes ont commencé après que trois fillettes ont été tuées dans une attaque au couteau lundi à Southport (nord-ouest de l’Angleterre), un drame qui a donné lieu à une flambée de rumeurs et de désinformation sur les réseaux sociaux sur la religion et l’origine de l’agresseur présumé.
« Je vous garantis que vous regretterez d’avoir participé à ces désordres » que ce soit directement ou « en ayant provoqué ces actions en ligne », a affirmé le chef du gouvernement travailliste arrivé il y a tout juste un mois au pouvoir, lors d’une courte déclaration filmée depuis Downing Street.
Il a promis que son gouvernement ferait « tout ce qu’il faut pour traduire ces voyous en justice aussi vite que possible ».
Keir Starmer s’exprimait après que de nouveaux rassemblements ont eu lieu dimanche sous le mot d’ordre « Enough is enough (Trop c’est trop), en référence à l’arrivée au Royaume-Uni de migrants traversant la Manche sur des canots pneumatiques.
A Rotherham, des centaines de personnes se sont rassemblées devant un hôtel hébergeant des demandeurs d’asile et des affrontements ont éclaté avec les forces de l’ordre.
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Certains participants ont brisé des vitres de l’établissement, ont déclenché un feu, jeté des projectiles sur les policiers, quand d’autres ont crié des slogans comme « Mettez les dehors ». Certains sont parvenus à entrer dans l’hôtel, sans qu’il soit clair si des demandeurs d’asile étaient à l’intérieur ce jour.
La ministre de l’Intérieur Yvette Cooper a qualifié sur X ces violences de « tout à fait effroyables ». « Il s’agit d’un incendie délibéré d’un bâtiment dans lequel se trouvaient des personnes », a-t-elle dit.
A Middlesbrough (nord-est), des débordements ont également eu lieu lors dans le centre-ville. Une équipe de l’AFP sur place a eu sa caméra cassée par des manifestants.
A Aldershot (sud-ouest), des dizaines de personnes arborant des pancartes avec des inscriptions hostiles aux demandeurs d’asile se sont rassemblées dans le calme, a constaté un photographe de l’AFP.
Il s’agit du quatrième jour de violences que connait le Royaume-Uni. Des émeutes et affrontements entre police, manifestants, et parfois contre-manifestants anti-racistes, ont eu lieu dans une dizaine de villes — dont Liverpool (nord-ouest), Hull (nord-est), Belfast (Irlande du Nord), Leeds (nord), ou encore à Southport mardi contre une mosquée.
Le suspect des trois meurtres, un adolescent de 17 ans, a été inculpé et placé en détention.
Dimanche, des responsables religieux de toutes confessions de Liverpool ont publié un communiqué appelant à l’unité et au « calme ».
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Les forces de l’ordre ont indiqué avoir arrêté une centaine de personnes après les violences de samedi.
Le pays n’avait pas connu une telle flambée depuis 2011, après la mort d’un jeune homme métis, Mark Duggan, tué par la police au nord de Londres.
Depuis lundi, Keir Starmer multiplie les messages de fermeté et son soutien aux forces de l’ordre contre ce qu’il a de nouveau décrit dimanche comme « des violences d’extrême droite ».
« Si vous ciblez des gens à cause de la couleur de leur peau ou de leur religion, c’est de l’extrême droite », a-t-il insisté.
Le gouvernement a annoncé renforcer la protection policière des mosquées.
L’ambassade d’Indonésie à Londres a appelé sur X ses ressortissants à la « vigilance ».
Certains commentateurs et responsables politiques ont estimé que la montée d’un discours anti-immigration dans la classe politique a légitimé les manifestants.
Lors des dernières législatives le parti anti-immigration Reform UK, a engrangé plus de 14% des voix.
Karina, une mère de famille de 41 ans a participé au rassemblement samedi à Nottingham. « J’en ai marre que des gens (…) nous disent que les blancs de la classe ouvrière sont fascistes parce que nous ne voulons plus voir de personnes venir illégalement », a-t-elle affirmé à l’AFP.
Pour la co-présidente du parti Vert, Carla Denyer, ces violences doivent servir « de signal d’alarme pour tous les responsables politiques » ayant utilisé une rhétorique anti-immigration.
Challenge (avec AFP)