Sahara. L’économie: Arme secrète
Le feu vert donné par le Souverain à l’essor économique du Sahara a musclé les opportunités d’investissements dans la région. Les Canadiens emboitent désormais le pas aux Américains pour se positionner dans la région.
Au-delà de la ruée des investisseurs du golfe dans la région du Sahara, on avait pris l’habitude d’une réserve de façade des Canadiens. Désormais, cette « timidité » annoncée d’Ottawa est en train de fondre comme neige avec les multiples initiatives des acteurs économiques canadiens à investir au Sahara Marocain. Dernier opérateur en date, Metalex Ventures, une junior canadienne, déjà présente dans l’exploitation de l’or et le lithium près de la frontière mauritanienne, vient de manifester son intention d’étendre ses activités d’exploration au Sahara et à cet effet, Metalex a lancé une joint-venture avec l’Ohnym pour explorer une zone de 4 021 km2 au sud de Dakhla, une région qui dispose d’un sous-sol potentiellement riche (or, lithium, uranium, argent et cuivre) mais très peu explorée.
Les Canadiens qui sont déjà bien présents dans le royaume, notamment dans le secteur de l’aéronautique où Bombardier qui avait quitté le pays en 2020 et cédé l’activité de l’usine de Nouaceur à l’Américain Spirit AeroSystems, est en train de s’activer pour revenir au Maroc et être partie prenante de la fabrication d’un avion 100 % marocain prévue pour 2030 et annoncée en février 2024 par Ryad Mezzour, ne cachent plus leur souhait d’être présents sur tout le territoire Marocain.
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En réalité, Ottawa, qui autorise désormais les acteurs économiques canadiens à investir au Sahara ne fait qu’emboiter le pas aux Américains qui avaient lancé il y a quelques mois de cela une initiative pour la création de projets au Sahara marocain. En avril dernier, l’ambassade des États-Unis au Maroc, avait relayé la décision du Département d’État de soutenir des projets visant «à favoriser une croissance économique inclusive à Dakhla et Laâyoune».
«Les candidats éligibles incluent les organisations américaines ou étrangères : les organisations à but non lucratif ; organisations à but lucratif ; établissements privés d’enseignement supérieur ; organisations internationales publiques ; et/ou petites entreprises ayant une fonction et une expérience régionale dans les domaines de l’éducation et du développement humain dans la région MENA», avait expliqué le département d’Etat. Fortement intéressés par les opportunités de l’annonce fin 2023 par S.M. le Roi Mohammed VI de développer la façade atlantique, les acteurs économiques internationaux se bousculent désormais autour des projets localisés dans le Sahara. Cela va de la construction du port de Dakhla-Atlantique aux usines de dessalement, en passant par la production d’hydrogène vert, ou encore l’autoroute électrique Dakhla-Casablanca.
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Et si le dossier du Sahara allait connaître son dénouement par le biais de l’économie ? C’est enfin, l’option économique qui aura posé les bases du renouveau de la région. De fait, la liste est longue des projets ou des impulsions lancées à l’époque par le royaume et qui aujourd’hui encore, structurent l’économie du Sahara. Déploiement de projets programmés par le gouvernement visant à encourager une dynamique économique et sociale réelle dans ces régions ainsi que la création des opportunités d’emploi, modernisation de l’agriculture locale, redressement de l’industrie piscicole, coup d’envoi des grands travaux comme le port de Dakhla Atlantique.
De quoi suggérer l’idée que cette vision séduisante remet en perspective les succès dus à des choix stratégiques du royaume. Si, le coup de pouce providentiel des États-Unis censé rendre possible le décollage économique de la région, les Canadiens ou les Français qui s’apprêtent à injecter dans l’économie sahraouie des milliards dans le cadre des relations bilatérales apportent quant à eux, une bouffée d’oxygène décisive pour faire sauter les derniers goulots d’étranglement qui bridaient la régularisation définitive d’un conflit artificiel désormais anachronique.