Digital

Startup nation. L’autre casse-tête du Maroc digital…

Même si les grandes stratégies digitales sont là, le Maroc peine encore à se doter d’un écosystème startup dynamique. Catalyseurs d’innovation, ces entreprises Tech sont également de grands créateurs de richesse économique. Dans le récent classement du Times, les 5 plus grandes entreprises mondiales sont des entreprises Tech. Au Maroc, entre problématique de financement, cadre réglementaire et également de mindset, la performance de la startup n’est pas reluisante…

Le classement des 500 plus grandes entreprises publiées par le Times en novembre de l’an dernier, est très révélateur sur le poids des entreprises Tech au sein des économies. Microsoft, Apple, Alphabet (la société propriétaire de Google) et Meta Platforms (anciennement Facebook) étaient les quatre premières entreprises du nouveau classement statistique des 500 meilleures entreprises au monde, réalisé par Statista et TIME. Dans le classement on observe que Microsoft, par exemple est la première entreprise du classement mondial, a gagné 72 milliards de dollars au cours de son dernier exercice financier, soit une augmentation de 63 % par rapport à 2022.

Lire aussi | Industrie du loisir. La startup marocaine Wanaut lève 2 millions de DH

Le classement montre également qui domine l’ordre économique mondial, les entreprises de technologie et de services aux entreprises en évolution rapide renversant les fabricants et les entreprises de biens de consommation qui étaient autrefois le moteur de l’économie mondiale. Les plus grandes entreprises technologiques du monde sont aussi celles qui réussissent le mieux pour les investisseurs, les employés et la planète. Ces entreprises, la plupart américaines, qui sont aujourd’hui des licornes ont été des startups. L’on se rappelle de la fameuse histoire du groupe Microsoft qui a fait ses débuts dans un garage. Aujourd’hui, c’est une firme internationale qui compte dans l’économie américaine, voire mondiale. Des pays comme la France, depuis l’avènement du Président Macron, ont décidé de s’inspirer du modèle américain. A l’image de la Silicon Valley, la France depuis quelques années a lancé Station F, l’un des plus grands incubateur de startups au monde. Ainsi, l’enjeu était d’attirer les talents du monde entier dans le domaine de la Tech, de sorte à créer un réel mécanisme, une émulation et faire de la France une Startup Nation.

Des licornes comme Meero, Deezer, ou Dataiku font la fierté de la frenchTech aujourd’hui. A titre d’exemple, Ecovadis, devenue une licorne en juin 2022, lors d’une levée de fonds de 500 millions de dollars… La licorne française EcoVadis est devenue une entreprise à mission internationale, et revendique 95.000 entreprises clientes dans 175 pays, ainsi que plus de 1.300 salariés dans le monde. Au Maroc, même si des actions ont été entreprises, le sort des startups demeure complexe.

Des contraintes à la pelle
Bis repetita…Le classement 2023 de la plateforme africa : «the big deal», des startups ayant levé le plus de fonds par pays d’origine, montre que le Kenya occupe le premier rang avec (800 millions de dollars), l’Egypte (640 millions de dollars), l’Afrique du Sud (600 millions de dollars) et le Nigeria (410 millions de dollars). Outre ces Big Four qui continuent d’accaparer la très grande majorité des financements, d’autres pays comme le Bénin (71 millions de dollars), la RD Congo (62 millions), le Ghana (57 millions), le Sénégal (44 millions), ou encore le Rwanda (44 millions), devancent le Maroc qui n’a levé que 17 millions de dollars.

Lire aussi | Levées de fonds en Afrique. Les startups marocaines à la traîne

«La dynamique de ces pays anglophones est due à leurs visions pragmatique et opérationnelle». De plus, au-delà du «mindset», cette dynamique est également due à l’implication de la forte diaspora. «Dans ces pays, la diaspora est très bien installée. Elle crée de la valeur ajoutée pour son pays d’origine. La diaspora marocaine, quant à elle, réussit très bien à l’étranger mais ne parvient pas encore à faire des choses pour le pays», explique Mehdi Alaoui CEO de la Factory. Il faut aussi souligner que le startupper marocain est confronté à plusieurs barrières qui sont d’ordre administratif et économique. De plus, faire du BtoC aujourd’hui au Maroc est très compliqué et très coûteux. Il n’y a que du BtoB. Les entreprises, les PME collaborent avec les startups pour qu’elles puissent faire du chiffre d’affaires et déployer leurs solutions afin de s’internationaliser.

Là encore, il y a un frein puisqu’une collaboration prend 2 à 3 ans, ce qui n’est pas normal. Dans les pays anglophones, une startup arrive au sommet en moins de 2 ou 3 ans. Ce sont des choses qui sont au niveau du «mindset», au niveau de la volonté», souligne Mehdi Alaoui. Par ailleurs, au niveau de l’État, il faut dire que l’enjeu se trouve au niveau de la célérité de mise en place des actions permettant la croissance de l’écosystème des startups. C’est en cela que le DG de la Factory déclare : «Quand il y a une fenêtre de tir, il faut foncer. Lorsqu’on est en retard dans la mise en place des actions, on risque de voir le leadership pris par d’autres pays».

Lire aussi | L’UM6P ouvre sa première antenne internationale à Paris

De son coté, Marwa Cheikh Youssef, Présidente du Mouvement Tech Innovant Hack&pitch met le curseur sur la question du manque de licorne. «Cela fait maintenant 4 ans jour pour jour qu’on s’attendait au lancement de la première licorne marocaine, mais toujours rien. L’un des premiers problèmes est celui du mindset. Aujourd’hui, le Maroc est en train de changer peu à peu de logiciel. Le logiciel anglo- saxon fait ses preuves, quand vous voyez des pays comme le Nigéria, le Kenya, ou encore récemment le Rwanda». Et de poursuivre : «Par ailleurs on ne peut pas faire émerger des licornes sans des lois fortes en faveur des startups et surtout les levées de fonds qui vont avec».

Quand un autre rapport tirait la sonnette d’alarme
Selon une étude publiée par StartupBlink, qui a pour mission d’étudier les différents changements et développements qui impactent les écosystèmes de startups dans le monde, le Maroc est arrivé en retard dans l’indice de l’écosystème des startups, après s’être classé 95e au niveau mondial sur 100 pays, atteignant un point total de 0,220.

Le rapport indiquait que le Maroc a perdu 12 places, en atteignant la 95ème place par rapport à la 83ème en 2020. Casablanca, la ville la mieux classée du Royaume, a atteint la 364ème place au niveau mondial. Dans ce contexte, les auteurs de l’indice saluaient cependant les prix que le Maroc propose aux entrepreneurs et start-up cherchant à investir dans la région de l’Afrique du Nord. Les observations du rapport ont souligné l’accent mis par le Maroc sur les jeunes talents dans le domaine de la technologie, une opportunité pour le Royaume pour créer un centre fort et promoteur d’innovation dans la région.

 
Article précédent

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger quittent la Cédéao

Article suivant

CAN 2023: La Guinée assomme la Guinée équatoriale et va en quart [Vidéo]