Industrie

Sucre industriel : faut-il choisir entre la préservation de la santé des citoyens et la compétitivité des entreprises marocaines ?

Dans sa dynamique de développement planifié, le Maroc ces dernières années s’est fixé des objectifs clés. Souveraineté économique, souveraineté alimentaire, souveraineté sanitaire…

Ces différents niveaux de souveraineté mis en avant dans le rapport sur le nouveau modèle de développement esquissent l’image de ce nouveau Maroc en perspective. Cependant pour assurer cette transformation socio-économique, le capital humain est un élément indispensable. Car toutes les grandes politiques économiques opérées dans le monde se sont construites à partir des performances humaines. C’est ce que certains économistes qualifient « d’humanité efficace ». 

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C’est ce prélude contextuel qui fait de la santé, l’un des secteurs fondamentaux de développement et de croissance de toute économie. Selon une étude de l’OMS, un individu bien portant est économiquement plus productif et contribue ainsi à la croissance économique parce que le niveau de santé influence la productivité de chaque travailleur en affectant ainsi le progrès économique. Santé et alimentation étant liées, aujourd’hui à la lumière des ambitions du Maroc dans le sentier du développement, un mal pernicieux ronge silencieusement ces forces vives. Et remet en question, de facto, les enjeux de souveraineté alimentaire.

 36 kilos par personne et par an…

“Consommer trop de sucre rend diabétique”, c’est inexact, selon la dernière étude sur le sujet publiée par l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses). L’on se rappelle comment aux Etats-Unis pour des intérêts économiques et commerciaux, certains experts ont produit des études pour imposer la consommation d’avocat aux petits déjeuners en Amérique. Pareil pour les grandes campagnes publicitaires et études en faveur du petit déjeuner en lui-même et certains produits alimentaires spécifiques.

Même si l’on peut douter des vertus excellentes de l’avocat, l’on ne peut cependant pas nier le gros marché économique qui existe à travers ce fruit. Selon Statista, le marché mondial de l’avocat pourrait valoir 18 milliards USD d’ici 2025. Et selon l’expert Mordor Intelligence, la taille du marché des aliments pour petit-déjeuner devrait passer de 195,35 milliards USD en 2023 à 236,30 milliards USD d’ici 2028. Ces chiffres au-delà de ce qu’on peut penser révèle les vrais enjeux qui n’ont sans doute rien à voir avec les questions d’intérêt sanitaire publique que mettent en avant certaines études.

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Aujourd’hui au Maroc, on peut également apprécier les chiffres. « Durant les cinq dernières années, la consommation annuelle de sucre est de 1,2 million de tonnes, dont 25% sont destinés aux industries agroalimentaires », avait révélé en 2022 le ministre chargé du Budget, Fouzi Lekjaa. Ce dernier avait appelé à une convergence vers un consensus autour de solutions à même de garantir l’équilibre entre la préservation de la santé des citoyens et de la compétitivité des entreprises industrielles marocaines. Rappelons que selon l’enquête nationale Stepwise, menée en 2018 chez les personnes adultes, on estime que 2,7 millions sont diabétiques, dont 49% méconnaissent leur maladie et que 2,2 millions sont pré-diabétiques. Alors aujourd’hui, il y a donc une nécessité d’interrogations sérieuses des politiques alimentaires, notamment la question de la consommation de produits qui n’ont pas d’incidence négative sur le consommateur final (dégradation sanitaire).

 
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