Sécurité alimentaire

The Voice of Africa. La sécurité alimentaire au coeur de la discussion à l’UM6P Benguerir

L’Université Polytechnique Mohamed VI (UM6P) de Benguerir s’est lancée dans une initiative novatrice en accueillant un véritable carrefour scientifique et culturel intitulé « The Voice of Africa » et ce du 10 au 14 octobre. Cet événement vise à répondre aux défis économiques et environnementaux pressants auxquels est confronté le continent africain.

En parallèle avec les réunions annuelles de Marrakech, qui rassemblent le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, l’UM6P a saisi l’occasion de représenter le point de vue africain sur les questions essentielles au développement du continent.

Le président de l’UM6P, Hicham El Habti, a souligné l’importance de « The Voice of Africa », qui constitue un moment charnière dans la poursuite de l’excellence académique, la promotion de la recherche et l’engagement de l’UM6P pour l’avenir du continent. Dans son discours d’ouverture, il a insisté sur leur objectif de créer une plateforme où les voix de l’Afrique peuvent résonner fortement et clairement, permettant une exploration complète des défis et des opportunités auxquels le continent est confronté. Cette initiative vise à harmoniser les perspectives africaines avec celles de chercheurs, d’experts et d’entrepreneurs de renommée mondiale.

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Jacques Attali, économiste et auteur de renom, participant au panel également, a souligné la nature immense et décourageante des défis agricoles de l’Afrique. Il a souligné que ces défis semblent presque insurmontables.

M. Attali a souligné la nécessité urgente de faire face à la croissance démographique mondiale, qui devrait atteindre le chiffre stupéfiant de 9,5 milliards de personnes d’ici à 2050. Cette augmentation implique que la population africaine, en particulier, pourrait atteindre environ 2,5 milliards de personnes, dépassant même celle des États-Unis. Pour faire face à cette expansion démographique, l’Afrique doit doubler sa production agricole, car la production actuelle ne suffit pas à assurer la subsistance des habitants du continent.

Abordant la question urgente du réchauffement climatique, Daniel Nahon, fondateur du Centre de recherche et d’enseignement en géosciences de l’environnement (CEREGE), a plaidé en faveur d’une approche multidimensionnelle pour comprendre et combattre cette crise environnementale. Il a insisté sur le fait que le réchauffement climatique nécessitait un examen approfondi faisant appel à diverses méthodologies.

M. Nahon a mis en évidence le lien inextricable entre les questions sociales urgentes telles que la sécurité alimentaire, le changement climatique, la perte de biodiversité, la fourniture de services écosystémiques et l’énergie verte. Il a également souligné que tant que ces questions resteront interdépendantes, elles ne seront pas résolues. Pour transmettre efficacement les innovations multidisciplinaires aux petits agriculteurs et aux praticiens, il a également soutenu que les universités devraient être restructurées en tant que phares de la connaissance et de l’innovation, décrits à juste titre comme des « phares africains ».

En conclusion de son discours, M. Nahon a reconnu que la stabilisation du réchauffement climatique serait une entreprise de longue haleine et que le monde devrait s’adapter à un environnement plus chaud pendant plusieurs décennies.

Dans le domaine de la lutte contre le changement climatique par l’agriculture, Terry Roberts, ancien président et fondateur de l’International Plant Nutrition Institute, a mis en évidence le rôle essentiel d’une gestion précise des fourrages dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. M. Roberts a souligné la corrélation entre l’augmentation du rendement des cultures et la production de racines, de biomasse et de résidus, qui capturent efficacement du carbone supplémentaire. Il a mis en évidence l’interconnexion du carbone et de l’azote dans le sol, soulignant leur importance.

Dimitris Bertismas, professeur de recherche opérationnelle chez Boeing, a salué les progrès remarquables réalisés par l’UM6P au cours de la dernière décennie. Fort d’une expérience de plusieurs décennies dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), Bertismas a observé que les avancées technologiques, y compris l’IA et la télédétection, offrent des outils précieux pour améliorer la sécurité alimentaire – une perspective qui n’était pas facilement accessible dans le passé.

Ilias El Fali, responsable de la stratégie d’entreprise, de la durabilité et de l’innovation à l’OCP, a attiré l’attention sur la vulnérabilité accrue de l’industrie agricole face aux dangers du réchauffement climatique. Selon lui, la solution réside dans la fertilisation adaptée et l’amélioration de la santé des sols, qui permettent d’équilibrer les niveaux de nutriments dans le sol. Ce n’est que grâce à ces mesures, a-t-il soutenu, que des pratiques durables peuvent être mises en œuvre pour stimuler efficacement le stockage du carbone dans le sol.

 
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