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Trump ou Harris? Quoi qu’il arrive, la Chine restera la cible des Etats-Unis

Si l’issue de l’élection présidentielle américaine est incertaine, les conséquences seront les mêmes pour la Chine selon des analystes: davantage de droits de douane, de tensions et une guerre commerciale qui ne montre aucun signe d’apaisement.

Les Américains votent le 5 novembre pour départager la vice-présidente Kamala Harris et l’ex-président Donald Trump, au coude-à-coude dans les sondages.

Si nombre de capitales étrangères espèrent éviter un retour au tumulte et à l’imprévisibilité qui ont caractérisé le mandat de M. Trump, Pékin semble se résigner à la poursuite des différends commerciaux avec Washington. Quel que soit le vainqueur.

Car les deux candidats, surfant sur le sentiment anti-chinois dans la classe politique américaine, ont promis de durcir le ton à l’égard de la Chine, deuxième économie mondiale et important partenaire commercial des Etats-Unis.

Objectif pour eux: que l’Amérique « gagne » ce qu’ils présentent comme une compétition entre grandes puissances.

« Une administration Harris emploierait un scalpel, une administration Trump un marteau », métaphorise Thibault Denamiel, chercheur au groupe de réflexion américain Center for strategic and international studies (CSIS).

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La Chine ne commente jamais les campagnes électorales d’autres pays, disant ne pas vouloir s’immiscer dans leurs affaires intérieures. Mais elle s’oppose au fait d’être désignée comme adversaire dans les thèmes de campagne.

Durant son mandat (2017-2021), Donald Trump avait déclenché une virulente guerre commerciale avec Pékin.

Il avait imposé de colossaux droits de douane sur les produits chinois, au nom de la lutte contre de prétendues pratiques chinoises déloyales, comme le vol de technologies américaines ou encore la manipulation de sa monnaie.

Les tensions ont continué avec Joe Biden et les relations sont au plus bas depuis des décennies.

L’imposition par Washington de nouveaux droits de douane très élevés sur les voitures électriques, les batteries de ces véhicules et les cellules photovoltaïques chinoises n’arrange rien.

Ni Trump ni Harris ne devrait inverser cette tendance.

« Les Etats-Unis étaient autrefois les champions du libre-échange » mais l’ont « jeté à la poubelle », déclare à l’AFP Wang Dong, professeur à l’Ecole d’études internationales de l’université de Pékin.

L’équipe de campagne de Kamala Harris a affirmé qu’elle « veillera à ce que ce soit l’Amérique, et non la Chine, qui remporte la compétition pour le XXIe siècle », arguant que la candidate démocrate s’est toujours « opposée aux pratiques économiques déloyales de la Chine ».

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Donald Trump, lui, a construit sa popularité sur l’affirmation selon laquelle les pays étrangers, Chine comprise, profitent des Etats-Unis.

L’ex-président propose désormais des droits de douane de 10 à 20% sur l’ensemble des importations – et de 60% sur les produits chinois.

« Un renforcement du protectionnisme après les élections américaines pourrait entraîner une réorganisation majeure du commerce mondial », a écrit dans une note Adam Slater, économiste chez Oxford Economics.

Cette politique douanière de Donald Trump « pourrait réduire le commerce sino-américain de 70% et entraîner la disparition ou la réorientation de centaines de milliards de dollars d’échanges commerciaux », souligne-t-il.

En revanche, une administration Harris pourrait adopter une « approche plus stratégique et sélective » en matière de droits de douane, déclare à l’AFP Wendy Cutler, vice-présidente de l’Asia Society Policy Institute, cercle de réflexion américain.

La proposition de Donald Trump pourrait frapper pour 500 milliards de dollars de produits chinois importés, a calculé la société PineBridge Investments, selon qui le candidat pourrait utiliser ces droits de douane comme un « outil de négociation ».

Le magnat se présente régulièrement comme un négociateur hors pair ayant noué des relations personnelles avec certains dirigeants étrangers de pays autoritaires.

En Chine, certains internautes pensent ainsi que Donald Trump pourrait être désireux d’améliorer les relations.

« Ce sera intéressant à voir », écrit un utilisateur du réseau social Weibo, selon qui le candidat républicain viendra à la table des négociations lorsqu’il aura constaté que ses droits de douane auront provoqué une « crise économique » aux Etats-Unis.

A l’inverse, lors d’une récente conférence à l’université Tsinghua de Pékin, Yan Xuetong, politologue spécialiste des relations internationales, a déclaré s’attendre, si Kamala Harris était élue, à une détérioration des relations.

« Harris est davantage désireuse de maintenir la domination américaine que Trump », a-t-il souligné.

« Si Harris remporte l’élection, les tensions politiques sino-américaines (…) vont s’aggraver », selon lui.

Challenge (avec AFP)

 
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