Un dirham pour la recherche scientifique contre 54 pour le foot
Vous avez sûrement remarqué que les universités marocaines sont absentes du classement « Shanghai » des 1000 meilleures universités du monde, alors que 42 universités du Golf et du Moyen-Orient se classent entre la 96 et la 143ème places.
Par Mohamed Cherkaoui, Professeur universitaire
L’explication ne peut être autre que les faibles moyens accordés à nos universités. A titre d’exemple, le budget dont disposent les universités turques est 10 fois plus que celui alloué aux marocaines.
Il faut savoir que le budget sectoriel de l’éducation pour l’année 2022 s’élève à 62,451 milliards de dirhams (6 milliards de dollars). Et que le Maroc ne consacre que 0,75% de son PIB à la recherche scientifique.
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A cet égard, il serait intéressant de faire des comparaisons objectives avec des pays qui donnent un intérêt particulier à la recherche scientifique, clé de leur développement : La République de Corée a alloué cette année 4,35% de son PIB (92,25 milliards de dollars) a l’enseignement supérieur et à la recherche ; Israël : 4,4% (15,19 milliards de dollars) ; la Finlande : 3,50% (9,51 milliards de dollars) ; les États-Unis : 2,84 % (609,69 milliards de dollars) ; le Qatar : 2,5% (9,23 milliards de dollars). Mais si l’Université Cadi Ayyad, qui est classée en tête des meilleures universités au Maroc et au Maghreb, 19ème en Afrique, 18ème dans le monde arabe, elle pointe tout de même à la 1.154ème place au monde. En revanche, pour les dépenses militaires, le Maroc peut se targuer de figurer au 26ème rang mondial en allouant 3,26% du revenu national brut au nouveau budget des Forces Armées Royales.
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L’universitaire marocain, le professeur Mohamed Charkaoui nous présente un paradoxe foudroyant qui explique tout : « Le budget mis à la disposition de Fouzi Lekjaa pour gérer le football, seul sans le reste des sports, dépasse de 54 fois le budget de la recherche scientifique dans toutes ses disciplines et branches.
Ce qui veut dire que, pour chaque dirham alloué au développement de la recherche en physique, chimie, ingénierie, sciences sociales, juridiques et humaines… et autres, 54 dirhams sont alloués à FRMF (Fédération royale marocaine de football) pour gérer le dossier du football marocain.” Il faut savoir qu’il y a une très grande différence entre ce que le Maroc dépense pour le football par rapport au reste des équipes africaines, cependant, c’est le Sénégal qui a remporté cette année la finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) avec un budget 20 fois inférieur à celui de Lekjaa.
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Bien sûr, il ne s’agit pas seulement de mauvaise gestion, mais plutôt d’un crime contre la patrie, car parier sur la recherche scientifique est un pari sur l’avenir du pays, alors que tout pari sur le football est un pari momentané pour saisir une victoire qui nourrit l’esprit d’un patriotisme inconscient. Par conséquent, ceux qui adoptent cette politique par leur vision étriquée commettent un crime contre la patrie parce qu’ils sont dénués du sens du vrai patriotisme qui dicte la planification de l’avenir «