Viandes rouges et lait : un appui à l’offre pour éviter la hausse des prix
En cet été, viandes rouges et lait sont de plus en plus menacés de pénurie. Leurs prix n’on pas cessé d’augmenter. Le ministre de l’agriculture a réuni ses équipes avec les organisations professionnelles concernées pour aboutir à des mesures à même de pallier la situation actuelle de crise.
La sécheresse est-elle la seule cause de la situation actuelle de crise que connaissent des deux filières de viandes rouges et de lait, fondamentales en matière de souveraineté alimentaire ? Bien sûr que non. Les politiques publiques agricoles suivies depuis plusieurs années ont certainement aussi leur part de responsabilité. D’autant plus que la sécheresse ne date pas d’aujourd’hui. Elle dure depuis plusieurs années et est appelée à s’installer encore plus. Le rôle de l’ « intelligence politique » est justement de savoir remédier aux impacts des « facteurs naturels » tels que la sécheresse. Que propose le ministre de l’agriculture ? Celui-ci s’est réuni avec les organisations interprofessionnelles concernées pour discuter des mesures possibles à mettre en œuvre pour faire face aux difficultés rencontrées.
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Les discussions ont porté sur la situation actuelle du cheptel national, les prix des animaux (bovins et ovins) et des viandes rouges, ainsi que les divers aspects relatifs aux modalités d’importation, en vue d’aboutir à des mesures d’appui susceptibles de sauvegarder le cheptel et les activités qui dépendent de ces deux filières, sans oublier l’approvisionnement régulier du marché national en viandes rouges et en lait. Pour rappel, avant la dernière « fête du mouton » ou Aïd El Kabir, une subvention a été accordée aux importateurs d’ovins agréés, à raison de 500 DH par tête. Selon quels critères ? Des listes d’importateurs ont été publiées. Par contre, les procédures administratives d’octroi de cet agrément ne sont pas accessibles. Quel est l’impact de cette mesure sur les éleveurs locaux, fortement impactés par la sécheresse ? Beaucoup de brouillard qui reste à dissiper à travers une bonne communication par le ministère concerné. Car il en va de la transparence et de la sécurité alimentaire du Maroc. En tout cas, il y a lieu de souligner, dans ces rencontres, l’absence, voire l’ignorance des associations des consommateurs qui, pourtant, ont aussi leur mot à dire.
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Lors de la rencontre du 6 août, entre le ministre de l’agriculture et les dites organisations interprofessionnelles, un certain nombre de mesures ont été prises au profit des deux filières citées. Ainsi, il est notamment question de :
– Poursuivre l’appui à l’aliment de bétail au profit des éleveurs de bovins et ovins, ainsi que des aliments composés d’engraissement ;
– Appuyer l’importation des aliments destinés à l’alimentation animale ;
– Encadrer juridiquement l’insémination artificielle, ainsi que l’importation et la vente de semences ;
– Développer les cultures fourragères résilientes telles que le sorgho ;
– Développer la protection des races mixtes plus résilientes et plus productives ;
– Mettre en place un cadre réglementaire pour encadrer les unités d’engraissement des bovins et ovins ;
– Assurer la protection de femelles bovines et ovines pour garantir la reproduction locale ;
– Préparer une loi sur l’élevage.
Des contrats programmes sont prévus pour la mise en œuvre de ces mesures.
Ainsi, les mesures indiquées concernent quasi exclusivement à l’offre. A l’instar d’autres secteurs, le secteur agricole demeure régi par une « approche en silo », principale insuffisance soulignée notamment dans le nouveau modèle de développement. Pourtant, qui dit agriculture, dit industrie agroalimentaire, ressources hydriques, recherche agronomique, santé animale et humaine, hygiène alimentaire, commerce/distribution (…). Par ailleurs, la variation actuelle des prix des produits agricoles ne dépend pas exclusivement des intrants et des producteurs. La chaine toute entière, de la production à la consommation finale, concentre une multitude d’acteurs intermédiaires qui échappent aux radars. Une partie importante de la hausse des prix provient de ces activités économiques parasitaires d’intermédiation, sans aucune valeur ajoutée économique. D’où l’importance d’envisager une autre approche, globale et multisectorielle, dans le processus des décisions publiques, pour aboutir à de vraies solutions impactant aussi bien l’offre que la demande, c’est-à-dire l’ensemble de la chaîne/du circuit, du producteur/éleveur jusqu’à l’assiette du consommateur final.