Ville Verte de Benguérir. Un modèle marocain de durabilité
Douze ans après la pose de la première pierre, les images en trois dimensions prennent vie. À l’inverse des nouvelles villes censées remplacer les bidonvilles, la Ville verte de Benguérir répond à de nombreux critères de durabilité. Ce pôle urbain est pensé comme un laboratoire vivant, expérimentant de nouvelles approches d’urbanisme qui placent la nature et le savoir au centre de sa planification.
Lancée en novembre 2012 par le Roi Mohammed VI dans le cadre des initiatives de développement durable au Maroc, la ville verte Mohammed VI de Benguérir vise à créer de nouvelles villes où l’écologie et l’environnement jouent un rôle central, en mettant l’accent sur la durabilité, le savoir et l’innovation, tout en assurant un cadre de vie de qualité. Ce projet ambitieux, développé par le Groupe OCP, aspire à devenir un véritable pôle universitaire de renommée mondiale grâce à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) et son écosystème intégré.
Première du genre au Maroc, cette cité se distingue par ses dimensions locales et nationales, s’inscrivant dans un renouveau économique et social pour la région de Rhamna. En cours de développement sur plus de 1 000 hectares pour accueillir environ 100 000 habitants, la ville comprend une Coulée verte de 80 hectares, plus de 50 hectares dédiés aux activités tertiaires et environ 25 000 unités résidentielles. La Société d’Aménagement et Développement Vert (SADV), en charge du projet, souligne que le ratio d’espaces verts par habitant atteindra 20 m². D’ailleurs, tous l’appellent la « ville verte », parce qu’elle affiche cet objectif, bien plus que les autres métropoles marocaines (1 m2/habitant pour Casablanca actuellement).
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Il faut dire que la Ville Verte de Benguérir répond à plusieurs critères de durabilité urbaine. Les déchets y sont soigneusement triés, réutilisés et recyclés. Une station d’épuration gère les eaux usées, tandis qu’une centrale solaire fournit 30 % des besoins énergétiques de l’université pendant la journée. De plus, les pistes cyclables aménagées sur les avenues sont désormais fréquentées par des vélos et trottinettes électriques en libre-service, grâce à une application conçue par des étudiants de l’université.
La coulée verte qui s’étend du nord au sud de la ville sur près de 4 km forme la structure centrale de la Ville verte Mohammed VI. Elle abrite un ensemble unique de cinq oasis, aménagées pour créer des microclimats propices à des activités culturelles et récréatives. Ce parcours relie également la ville verte à Benguérir, tout en jouant un rôle clé dans l’aménagement des voies douces. Au sein de cet espace, se trouvent des infrastructures majeures, notamment une partie de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), véritable pilier du projet.
En termes d’aménagement, la ville comprend 15 hectares d’espaces agricoles, 30 hectares de Talwegs, et 50 000 arbres, dont 28 000 plantés lors du pré-verdissement. La Ville verte Mohammed VI, qui a une portée nationale et internationale grâce à l’UM6P, est également un «laboratoire d’architecture» en plein air, respectant des normes rigoureuses en matière de conception durable.
Les bâtiments sont orientés pour maximiser la ventilation naturelle, et les rues sont conçues en fonction des vents dominants. Un accent particulier est mis sur les énergies renouvelables, avec une part de 30 % d’électricité verte et des chauffe-eaux solaires. La gestion innovante de l’eau, la récupération des eaux de pluie, ainsi qu’un réseau de fibre optique pour des services urbains intelligents, sont également des caractéristiques essentielles de cette cité. Les axes stratégiques de développement reposent sur l’excellence académique et la recherche appliquée, soutenus par des équipements modernes et des laboratoires dynamiques.
Le deuxième axe porte sur «le développement économique», à travers une zone d’activité spécialement conçue pour les acteurs de l’innovation. Le Techpark constitue un quartier dédié aux jeunes entreprises désireuses de développer et tester leurs solutions novatrices, ainsi qu’à celles cherchant à installer leurs activités de production ou leurs bureaux.
Enfin, l’axe «attractivité urbaine, durabilité et intelligence» vise à fournir des aménagements urbains et des espaces de vie de haute qualité, durables et intelligents, accompagnés d’une offre immobilière et de services visant à renforcer l’attractivité. «Le Maroc est à l’avant-garde de la création de nouvelles villes pour éradiquer les bidonvilles, mais de nombreux projets se sont soldés par des échecs. Aujourd’hui, la Ville verte de Benguérir est un modèle pour changer la donne», Abdellatif El Ghali, Expert en design durable et urbanisme.
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Dans la Ville Verte de Benguérir, l’expérimentation est au cœur de l’évolution urbaine, même pour les futurs quartiers résidentiels à venir. Initialement centrée sur les activités de l’université et la création d’entreprises, la ville développe désormais une offre qui répond à une demande croissante.
Après l’ouverture du Lycée Mohammed VI d’Excellence et d’une école américaine, le groupe scolaire Jacques-Majorelle a récemment rejoint l’offre éducative, renforçant ainsi l’attractivité de Benguérir. Cette ville intermédiaire, en plein essor grâce à l’UM6P, continue de se développer avec l’ouverture d’un hôtel de luxe DoubleTree by Hilton et l’implantation du Centre International d’Oncologie par le groupe Akdital. Ce dernier représentera le 23ème établissement de santé du leader privé au Maroc, situé dans la future « Health Care City », au cœur de Benguérir et à proximité de l’UM6P.
D’autres infrastructures, comme des restaurants et un club de tir sportif, ont également vu le jour. Selon le plan de développement de la ville, davantage de logements, de commerces et d’espaces de divertissement sont prévus. Toutefois, un défi majeur demeure selon Abdellatif El Ghali. « Il reste à créer des connexions entre l’ancien et le nouveau Benguérir afin de former un tissu urbain cohérent et harmonieux».