Zelensky prêt à échanger des territoires, Washington et Moscou se rabibochent
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est dit prêt mardi à « un échange » de territoires avec la Russie, dans le cadre d’éventuelles négociations de paix sous l’égide des Etats-Unis, qui ont vu un bon augure dans la libération d’un Américain par Moscou.
Si le président américain Donald Trump parvient à amener l’Ukraine et la Russie à la table des négociations, « nous échangerons un territoire contre un autre », a affirmé M. Zelensky au quotidien britannique The Guardian, tout en ajoutant qu’il ne savait pas quel territoire Kiev demanderait en retour.
Le président ukrainien a estimé que l’Europe seule ne pourrait pas garantir la sécurité de son pays. « Les garanties de sécurité sans l’Amérique ne sont pas de vraies garanties de sécurité », a-t-il affirmé.
M. Zelensky doit rencontrer vendredi le vice-président américain J.D. Vance à la conférence sur la sécurité de Munich, en Allemagne, où sont également annoncés l’émissaire spécial américain sur l’Ukraine, Keith Kellogg, et le secrétaire d’Etat Marco Rubio.
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Donald Trump s’est engagé à mettre rapidement fin au « carnage » de la guerre en Ukraine, y compris en faisant pression sur Kiev, qui a reçu des milliards de dollars d’aide militaire de Washington sous son prédécesseur démocrate Joe Biden.
Le président américain a dit mardi espérer que la libération par la Russie d’un Américain condamné à 14 ans de prison pour possession de drogue marque le « début d’une relation » pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
« La Russie nous a très bien traités » dans ce dossier, s’est-il félicité.
Marc Fogel, 63 ans, qui était détenu en Russie depuis 2021, a été libéré mardi et est rentré aux Etats-Unis en début de soirée, ramené par l’émissaire spécial de Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff.
Dès son retour, il a été reçu par le président américain à la Maison Blanche. Revêtu d’un drapeau américain, l’enseignant de 63 ans, visiblement ému, a dit se sentir comme « l’homme le plus chanceux sur terre », en remerciant Donald Trump et son équipe.
Interrogé sur les termes de l’échange qui a permis cette libération par la Russie, M. Trump s’est borné à dire que celui-ci était « très équitable, très raisonnable ».
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« Quelqu’un d’autre sera libéré mercredi », a-t-il assuré, assurant que ce sera quelqu’un de « très spécial ».
L’échange « montre la bonne volonté des Russes » et « signale que nous allons dans la bonne direction pour mettre fin à la guerre terrible et violente en Ukraine », a par ailleurs déclaré l’exécutif américain dans un communiqué.
Marc Fogel, qui travaillait comme enseignant dans une école américaine à Moscou, avait été condamné en juin 2022 à quatorze ans de prison pour avoir importé du cannabis délivré sur ordonnance. Il avait assuré ignorer que la loi russe n’en reconnaissait pas l’usage à des fins médicales.
Donald Trump a également annoncé la prochaine visite en Ukraine de son secrétaire au Trésor Scott Bessent pour y rencontrer le président Zelensky.
La veille, il avait évoqué dans une interview l’hypothèse que l’Ukraine devienne « russe un jour », exigeant au passage une compensation financière pour l’aide américaine apportée à Kiev jusqu’à présent.
« Je veux récupérer » cet argent, a dit M. Trump, ajoutant avoir réclamé à Kiev l’équivalent de 500 milliards de dollars de minerais de métaux notamment utilisés dans l’électronique.
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Réagissant à ces déclarations qui brouillent encore plus les cartes quant à la position de la nouvelle administration, le Kremlin a salué cette reconnaissance d’une « réalité ».
« Le fait qu’une part significative de l’Ukraine veuille devenir la Russie et soit déjà devenue la Russie, c’est une réalité », a affirmé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, en référence aux annexions de quatre régions ukrainiennes revendiquées — mais non intégralement contrôlées — par Moscou à l’automne 2022.
Kiev redoute tout règlement du conflit qui ne comprendrait pas d’engagements militaires fermes — comme une adhésion à l’Otan ou le déploiement de troupes de maintien de la paix –, estimant qu’il ne ferait que permettre au Kremlin de préparer sa prochaine attaque.
Le président russe Vladimir Poutine considère que des pourparlers ne pourront avoir lieu que si l’Ukraine dépose les armes, cède les territoires revendiqués par Moscou et renonce à rejoindre l’Otan. Kiev rejette ces conditions, qui constituent de facto une reddition.
Sans certitude sur la pérennité de l’aide américaine, l’Ukraine voit depuis un an l’armée russe progresser sur son territoire, malgré de lourdes pertes, face à des troupes ukrainiennes moins nombreuses et manquant d’armements.
L’Ukraine fait par ailleurs face à des frappes quotidiennes russes. Celles-ci ont encore fait un mort et trois blessés, dont une enfant de neuf ans, à Kiev dans la nuit de mardi à mercredi.
Challenge (avec AFP)