Energie

La réouverture des vannes va-t-elle entraîner une chute du pétrole ?

En maintenant son calendrier de hausse progressive de production à partir du mois d’avril, l’Organisation des pays exportateurs et ses alliés (Opep+) a changé de stratégie et fait plonger les cours du pétrole, quelques semaines après un coup de pression de Donald Trump pour faire chuter les prix.

Invoquant notamment les « perspectives positives du marché », les membres de l’Opep+ « ont réaffirmé leur décision, convenue le 5 décembre 2024, de procéder à un retour progressif et flexible des ajustements volontaires de 2,2 millions de barils quotidiens à partir du 1er avril 2025 », selon un communiqué du cartel lundi soir.

Mais la réintroduction de barils sur le marché « marque un changement dans le comportement » de l’organisation, qui avait jusqu’alors repoussé à trois reprises l’échéance « dès que le Brent s’affichait sous la barre des 75 dollars », expliquent Helge André Martinsen et Tobias Ingebrigtsen de DNB.

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L’annonce de l’Opep+ a fait plonger les cours de l’or noir, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, la référence de prix pour le pétrole d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient, passant brièvement sous les 70 dollars, à 69,75 dollars, son plus bas depuis septembre dernier.

Si l’Opep+ applique son plan de retour de 120.000 barils quotidiens supplémentaires par mois pendant 18 mois, « nous nous attendons à ce que le Brent plonge dans une fourchette entre 60-70 dollars » et « l’offre excédentaire augmentera progressivement », affirment les analystes de DNB.

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La réintroduction de barils sur le marché concerne précisément huit membres au sein du groupe: Arabie saoudite, Russie, Irak, Emirats arabes unis, Koweït, Kazakhstan, Algérie et Oman.

« La Russie a probablement joué un rôle clé dans cette augmentation de la production », souligne Arne Lohmann Rasmussen, analyste chez Global Risk Management.

Pour Vladimir Poutine, la signature d’un accord qui lui est « favorable en Ukraine » est la priorité, soutient Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB, favorisant l’alignement russe avec la volonté de Donald Trump de faire baisser le prix du pétrole.

Donald Trump qui veut « forer à tout-va » pour faire chuter le prix de l’énergie, avec l’objectif affiché de lutter contre l’inflation, avait invité le cartel à augmenter sa production en déclarant à l’occasion du forum de Davos le 23 janvier dernier: « Je vais demander à l’Arabie saoudite et à l’Opep de baisser le coût du pétrole. »

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Des négociations sur l’Ukraine entre la Russie et les Etats-Unis se sont d’ailleurs déroulées à Riyad, réunissant les trois plus grands producteurs de pétrole, où ils ont sans doute « discuté de politique et d’énergie et de ce qui est le plus important pour chacun d’entre eux », suggère M. Schieldrop.

L’analyste avait précédemment signalé que pour faire accepter un prix inférieur de l’or noir à l’Opep+, il fallait que l’Arabie saoudite et la Russie puissent « exporter davantage de pétrole et de gaz » pour compenser par les volumes.

Jeudi dernier, l’administration Trump a annulé la licence d’exploitation de pétrole de Chevron au Venezuela, ce qui devrait « réduire la production pétrolière de 100.000 barils par jour », chiffre Arne Lohmann Rasmussen.

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Et la « pression maximale sur l’Iran » promise par Donald Trump « pourrait libérer de l’espace pour une hausse de la production de l’Opep+ » sans trop impacter les prix, suggère Jorge Leon de Rystad Energy.

Pour l’analyste, la décision du cartel n’est toutefois pas intégralement liée à Donald Trump, car certains membres de l’Opep+ souhaitaient déjà augmenter la production en décembre au détriment des prix, et « des pays comme le Kazakhztan et l’Irak ont régulièrement produit plus que leurs quotas » ces derniers mois, posant le problème de la conformité au sein du groupe.

Par ailleurs, « en dessous des 60 dollars les producteurs américains souffriraient » à cause d’une rentabilité trop faible, prévient M. Leon, il s’agit donc de maintenir un « équilibre délicat » pour contenter l’ensemble des acteurs pétroliers.

Challenge (Avec AFP)

 
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